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17 avril 2015 5 17 /04 /avril /2015 09:59

 

 

J’ai tant d'heures supps à rattraper que sur les 2-3 semaines à venir, je ne vais travailler que trois jours.

 

Déjà que ma hiérarchie m’avait laissée sans nouvelles d’une demande de vacances en continuité avec Pâques, et que j’étais à douze lieues de relancer ces dernières semaines vu mon état cotonneux puis mon absence-maladie avec antibios et cortisone … Ajoutons-y le délicat accueil à mon retour pour un seul jour avant le congé pascal (nature et déroulement de l’entrevue inattendus, aucun outil disponible, bonjour l’ambiance…) et une visite programmée de manière à ce que je déborde de l'horaire … tout ça m’avait mobilisée sur d’autres cibles !

Net besoin de repos et de prise de distance. Que l’on me signale tout-à-coup comme urgent, sous des airs de bon prince. Il est facile de se flatter l’ego, là.

 

Car notons au passage que l’on avait tout prévu pour me remplacer, sauf de me confirmer la chose, et de le poser clairement dans la planification. Notons également que lorsque l’on s’est rendu compte de son erreur, on me l’a reflété devant tout le monde comme m’appartenant, en me mettant en position d’écervelée qui oublie ses vacances… ma foi, j’étais assez bien dans mes pompes pour encaisser le truc sans broncher, rigolant in petto en me disant que l’on dégageait en corner comme on pouvait son propre manque de vigilance et ses retombées multiples : engager des remplaçants à occuper au débotté ensuite, refaire les comptes des vacances, congés et tutti quanti. Je n’aime pas avoir la joie mauvaise, pour moi c’est signe que les rapports se gâtent sournoisement ; mais là, je l‘ai sentie, la Schadenfreude ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Schadenfreude ). Ne pas perdre la face, c’est important pour les chefs. Même si ça signifie envoyer des vannes pour espérer la garder. Qui est dupe ? Le roi est nu, tous le savent.

 

Brèfle ; dans la foulée, mon mois d’avril se sera déroulé de manière, heuh, rafraîchissante, dirais-je. Pour une période signant le renouveau, la fécondité, les jeunes pousses, ça se pose un peu là !

 

Jugez plutôt : fâchée par l’entrevue, la pression mise pour qu'elle se déroule en un temps record alors qu'elle aurait dû durer 30’ de plus – l’on devait partir ensuite pour une réunion au sommet…,  je n’ai compris qu’en fin de journée pourquoi ma demande d’entretien qui restait pendante depuis 5 semaines devenait ce jour-là de première importance : ma cheffe directe a attendu la fin de la journée pour balancer par mail qu’elle partait en congé de protection de grossesse jusqu’en septembre. Chacun voit midi à sa porte… et en tant que sage-femme, je sais combien aucune priorité ne résiste devant une mère-avec-fœtus.

 

Le compte-rendu de l’entretien m’a été communiqué quelques jours plus tard, alors qu’il portait déjà la signature de ma cheffe directe – donc, ce papier était prêt le jour-même de son départ. Je l’ai embarqué sans le signer, j’ai laissé traîner quelques jours la relance sur son contenu, tout en l’étudiant soigneusement : je me suis rendue compte que son contenu était tendancieux, éludait des points gênants à poser par écrit pour ma hiérarchie – en clair, me désignait comme l’incapable de service à remplir son cahier des charges.

 

[Outre que je le trouve aberrant sur certains points, très mal outillé, irréaliste sur le temps à disposition pour le remplir tout en recevant l’injonction d’équilibrer les heures supps, je le considère comme paradoxal : notre job, c’est de stimuler les clients pour maintenir leur autonomie… par contre il faut littéralement torcher le cul aux membres de l’équipe qui participent à la prise en charge – cherchez l’erreur ! Les ongles cassés des co-équipiers, je ne devrais pas avoir à m'en occuper; mais non, c'est encore à moi de combler les gaps!]

 

Je continue sur le fameux document que j’étais censée signer.

Donc, estomaquée par son contenu à la fois enjolivé et elliptique, je prends conseil auprès d’une collègue qui m’indique une personne de ressource interne – je la contacte, elle me répond un premier jet par mail, qui va tout-à-fait dans le sens que je pressentais bon à suivre.

Après quelques jours de « sédimentation », l’on me redemande des nouvelles du document à signer, je propose d’en parler quelques jours plus tard lors d’un entretien prévu, dit « d’atteinte des objectifs ». Lors de cette rencontre, les objectifs en question sont constatés comme largement atteints. Ils l’étaient déjà lors de l’entretien tartignolle, en fait ; je prends ça comme le besoin de faire acte de puissance, en ne donnant aucun ordre, mais en utilisant les circonstances pour démontrer sa position – les chefs autoritaires ont besoin de ça, en signalant par exemple que je suis fliquée, ma position approximative dans l'espace et le temps pouvant se vérifier grâce à ce "merveilleux" outil mobile sur lequel je pitonne à journée longue, en moyenne toutes les 20 minutes lors d'une journée de boulot. Pas grave, là-dessus je suis irréprochable.

 

Je demande et j’obtiens quelques reformulations dans le document, une chronologie différente dans la relation des événements ; histoire de poser quelque chose plus près de la réalité. Cet entretien-là se déroule calmement, moi j’avais besoin de rester dans la ligne claire de la loyauté et du fair-play, de clarifier mes intentions – aucun chantage, juste poser les faits et les ressentis, et les départager. L'on me signale sa bienveillance en posant d'ores et déjà que l'on sera indulgent lors du deuxième rendez-vous pour mesurer l'atteinte de l'objectif suivant, vu que mes congés à venir raccourcissent d'autant les possibilités de l'atteindre - mais je suis tranquille, le jour et demi prévu suffira pour que j'apporte les corrections nécessaires, c'est-à-dire des détails de formulation visant à satisfaire au lexique des assurances, pour qu'elles paient les soins!

 

A noter au passage que la cadence s'est allégée - quant à savoir si c'est seulement parce que sur certains points, mes remarques ont fait mouche... ou si je dois ces bouffées d'air frais aux 4 hospitalisations et aux 2 décès parmi ma clientèle, impossible de le dire avec certitude. Je dirais que c'est 10 contre 90.

 

Et juste avant que je parte hier en congé-rattrapage, l’on trouve moyen de me retenir encore au-delà de l’heure que je ne suis pas censée dépasser, pour me montrer ce document révisé– je suis d’accord de le signer, bien qu’il comporte quelques coquilles à mon sens – mais il faut que tous lâchent du lest pour retrouver la justesse de ton. En effet, depuis deux semaines, le contact était refroidi…

 

Entretemps, en début d’après-midi, j’avais enfin rencontré la personne de ressource interne : besoin de vérifier ma compréhension du style de management de ma hiérarchie directe, histoire de passer mes derniers mois là-bas tranquille. Elle a corroboré ce que j’avais senti, et m’a raconté quelques épisodes significatifs. Au passage, elle m'a relaté, anecdotes à l'appui, combien le bourrin dont j'ai déjà parlé s'est amélioré:  avant sa promotion, quand elle occupait le même type de poste que j'assume, cette personne faisait pleurer le personnel subalterne, débinait et précarisait l'ambiance avec brio.

 

L’on a beau être chef méritant et capable, rien ne nous garantit de nous tenir toujours en-dehors du chantage, de la manipulation, de la demande de délation, du blocage des demandes… bref de tout un tas de manœuvres-protectrices-de-ses-fesses devant sa propre hiérarchie et pour conserver le pouvoir.

Comme dans mon précédent job, le relent de raie du tchû me montait aux narines…

 

 

Je suis partie en paix quoiqu'en retard, et rentrée à la vitesse de l’escargot, car aucun subtil détour ne m’a préservée de me taper le triple du temps normalement nécessaire pour rentrer chez moi : Hollande en Chuiche, tout comme John Kerry il y a peu, voilà qui contribuait à bloquer la périphérie… jusqu'à 3 km du lieu provisoirement diplomatique, les feux à l’orange clignotaient, les motards debout en plein rond-point. Le pékin lambda trépigne ou se résigne, il n’a que ce choix.

Ma tête vagabondait pendant ce temps, le ressort bloqué depuis plus d’un mois a retrouvé sa souplesse. Moi qui n’avais plus refumé depuis février, la veille j’avais acheté un paxon de légères, et j’en ai tiré bien quelques-unes en quelques heures.

 

Et devant M6, Cristina et ses candidates modeuses, la lumière s'est faite.

 

Justice ou justesse, j’en ai déjà souvent parlé ici.

 

Alors j'ai constaté que j'allais très bien, sentant intimement que l’équilibre s’était rétabli. J’avais cherché la justice, je me suis fait justice. La justesse est respectée aussi. C’était nécessaire d’y mettre mon énergie, et de la manière temporisatrice qui convenait après avoir été certainement perçue comme provocatrice – pourtant et au contraire soucieuse de manifester des intentions loyales envers mes collègues, et de mettre honnêtement sur la table les incohérences constatées... tout le nœud de l’épisode se situe en fait dans la zone délicate pour ma hiérarchie directe à se sentir pressurée du haut et du bas - et alors que je suis là pour faire ma job, d'avoir osé mettre le doigt là où ça fait mal - en plus, comme me l'a dit la personne de ressource, de priver ma hiérarchie de décider de qui part et qui reste.

 

Faut donc compter avec la nécessité de faire de la thérapie douce du style de management – encore un aspect dissimulé du cahier des charges. Mais allez-y, remettez-en.

 

Ça en devient grotesquement chiant. Mais mes recherches d’un autre taf se précisent, patience dans l’azur.

 

Repos.

 

 

 

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