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1 décembre 2019 7 01 /12 /décembre /2019 09:06

 

 

Je fais actuellement le suivi d'un apprenti en article 32, qui se forme comme gestionnaire en intendance, à la trentaine.

Il en est à écrire son travail personnel d’approfondissement, on arrive sur la fin de la formation.

 

Une référente suit sa volée de 13 personnes ; elle a visiblement peu de temps et de moyens à consacrer au suivi de cette petite quinzaine - déjà amputée récemment, une des participantes ayant renoncé, semble-t-il découragée par le suivi.

 

Semaine après semaine, mon client se fait ramasser. Et j’en viens à soupçonner un nivellement par le bas, revanchard et abuseur, tellement les corrections requises par la formatrice ramènent le travail à un niveau inconsistant.

 

Les consignes sont dûment suivies, on est dans les clous, mais la fameuse référente trouve toujours à y redire, et de manière de plus en plus vacharde, au point de sortir à mon client en plein cours qu’il est parti pour récolter un « 1 »… mais comme la directrice est venue au couloir s’enquérir tout sourire de la bonne santé de la volée, et que celle-ci lui a répondu d’une seule voix que l’attitude de la formatrice était totalement merdique, celle-ci s’est fait ramasser, et a joué les contrites au cours suivant. Consternant : elle est même tombée dans les bras de mon client en pleurant.

(Ow, désolée pour cette publicité intempestive qui apparaît… veuillez zapper…)

 

 

Le client, paradoxalement, a le moral remonté, il a vu ce que les autres avaient produit, et ne constate pas de différence, d’une part ; donc il est à parier que la référente l’a dans le nez (je comprends, c’est un drôle de caractère, aussi). Par ailleurs, elle va mettre ses petites obsessions au placard (soûler la classe avec un certain travail qu’elle prône comme absolument exemplaire), et commence vaguement à indiquer ce qu’elle, elle veut : mais ça se résume à des détails à changer de place, des conneries à changer dans la table des matières, pourtant calquée sur le travail qu’elle encense… et tout-à-coup le travail de mon client devient à peu près OK.

 

Une tripotée de corrections orthographiques, un peu de mise en page… une bibliographie à poser… une table des illustrations… les trucs qui devraient être faits depuis 2 semaines, si cette cloche de référente malveillante et aux pives n’avait pas mis toute son énergie dans son entreprise de démolition. J’espère qu’elle va réviser sa copie pour les suivants, vu le remontage de bretelles par sa hiérarchie. En tous cas, elle a désormais l’interdiction d’utiliser le travail qu’elle désignait comme le nec plus ultra.

 

Il reste que mon client et moi, nous sommes complètement désécurisés sur le résultat : points de repère flottants, au point qu’il me fait corriger « 30’ » en "30 minutes », "Table des matières" en "Sommaire" et d’autres bêtises dans le même genre, tellement il ne sait plus comment faire pour la contenter.

 

 

En même temps, je m’occupe d’une jeune dame, hongroise je crois, qui suit le même programme que moi il y a bientôt 15 ans, et qui a passé je ne sais comment une remédiation cet automne, avec mon aide dubitative.  

 

Comme le lui a reflété son prof dans le premier rendu qui lui a valu de devoir faire une remédiation, elle ne dit rien mais réussit à se répéter, un exploit !

 

En fait, pour cette remédiation, je l’avais préparée à bluffer complètement, en hyper-structurant des références à connaître sur le bout du doigt… elle revient à présent à la charge avec une sorte de dissertation à produire, son truc est encore en ébauche, 3 lignes et demi, et je ne comprends même pas ce qu’elle me demande, je dois lui tirer les vers du nez… par exemple quand je lui demande pour quand elle doit rendre ce travail, elle me répond juste « oui, la date de restitution », je m’arrache les cheveux, je pense qu’elle souhaite que je lui ponde son truc intégralement.

 

Elle se focalise sur des détails, remplit sa page de diagrammes de génération de parts de marché, relatifs à une toute petite partie du sujet et des données… bref, perd de vue la question et l’ensemble, un désastre.

 

 

Plus ça va, plus je trouve que les gens qui s’adressent à moi n’ont tout simplement par les bases pour obtenir un papier, tous niveaux confondus. Et ce n’est pas les déprécier que le dire, mais faire un constat désolé concernant le dévoyage que les Accords de Bologne ont engendré, quelque part. Car il y a une sacrée différence entre un parcours scolaire et d’études où l’on apprend, pas-à-pas, à produire une dissertation, et une entrée en cursus d’études supérieures sans cet indispensable bagage.

 

Oui, c’est super, même avec un CFC dans les pattes et sans bac, on peut trouver comment accéder aux plus hauts niveaux de formation. Pour ça, oui, le nouveau système est génial et équitable. Ou le semble…

 

Car le revers de la médaille, c’est que (je suppose, hein !), le corps enseignant, qui, lui, n’est pas encore issu, par formation, de ces Accords, a tendance à tenir la dragée haute à des personnes capables ; un peu trop imbu de son propre niveau ?

Paradoxalement, je vois aussi des formateurs, qui ont grimpé les échelons avec le nouveau système, se la péter en étant plus royalistes que le roi.

 

 

Je vois le rôle de formateur comme un travail à centrer sur la manière de refléter aux apprenants comment contourner les difficultés. Et trop souvent, j’ai ce désagréable sentiment que la rétention d’information et un rôle trop pressenti comme « sanctionneur » (je te donne ton papier / ou pas) mettent à mal les belles intentions des Accords.

 

Quand un formateur est ressenti comme source de peur et d’insécurité, parce qu’il ne sait pas (ou ne veut pas ?) dire comment faire pour se corriger, mais impose lui-même des corrections dont le principe n’est même pas énoncé… alors c’est un formateur qui a tout à apprendre du principe formateur.

 

Et la formatrice de mon client en article 32, je la ressens comme répercutant sa propre insécurité – comment expliquer sinon son revirement émotionnel après son engueulade par sa hiérarchie, alors qu’elle était si sûre d’elle, si « mordicus »… et conservant quand même cette insupportable manière de camper sur ses positions semaine après semaine, comme s’il était déjà décidé de l’échec… en se fixant sur des détails dans la production présentée, alors que rien n’est encore gravé dans le marbre… je dis à mon client qu’il faut mettre le toit avant de songer aux dentelles des rideaux, mais si sa formatrice elle-même pratique cette attitude, on est mal.

 

 

Et ça me fait penser à mon dernier module du brevet de formatrice : l’un des deux formateurs avait décidé qu’une de mes potes de volée n’avait pas le niveau – et ça je le sais parce que notre autre formatrice nous l’a dit, texto. Semaine après semaine, il démolissait la production de ma pote, que je secondais, et en lui donnant des injonctions contradictoires : j'étais bien placée pour le mesurer, elle me transmettait tous ses commentaires, et je retravaillais son texte selon les critiques du formateur… une mise en échec programmée. Minable.

 

Résultat des courses : à quelques jours de l'échéance du rendu, juste après mon dernier examen de terrain supervisé par ma formatrice et auquel ma pote avait participé comme apprenante, on s’était retrouvées les 3, ma pote, la formatrice et moi-même, à réarranger ce foutu travail. Dernière chance qu'il soit validé, avant que ma pote ne demande à changer d’évaluateur – ce qui aurait mis la formatrice en position délicate, car elle serait devenue, du coup, l’évaluatrice de rechange : ça aurait déprécié la collégialité entre eux.

 

Ambiance lors de cette séance de réécriture : la formatrice en pétard de voir son collègue aussi buté, ma pote en larmes, et moi très mal à l’aise – déjà ce sentiment que même si le travail répondait parfaitement aux consignes, son évaluateur faisait de l’abus de pouvoir.

 

 

Le travail avait fini par être validé, mais comme de mauvaise grâce. Et tout ça par manque de bienveillance, à mon idée ; on aurait dit que le formateur réticent avait peur que ma pote accède à un niveau que lui-même avait sûrement dû lutter pour obtenir.

 

Et si tous les efforts ne sont pas mis pour pousser un apprenant à se sortir d’affaire avec des ressources moins valorisées, avec d’autres types d’intelligence que celles qui ont longtemps fait la loi sur le marché des diplômes (les lettres et les maths), alors à quoi ça sert d’avoir un plan général qui cherche à pousser les gens vers le haut même s’ils n’ont pas eu les mêmes chances au départ ? Un formateur qui commence à se poser en juge personnel, c’est un formateur qui sape le nouveau système.

 

 

 

Là, il y a comme quelque chose de pourri au royaume de la formation…

 

Je réouvre pour rajouter le compte-rendu d'une petite conversation avec une très chère amie, formatrice comme moi. Contexte: tout tranquille, en se baladant dans un marché de Noël.

Spontanément, et sans que je lui fasse part de mes réflexions ci-dessus, elle me rapporte, texto, le comportement et les évaluations abusives de formateurs qu'elle côtoie. J'en étais sur le cul.

Juste un exemple: référente en hygiène hospitalière dans l'EMS où elle travaille, elle a bondi quand elle a appris qu'une formatrice externe prétendait que pour désinfecter un chariot de soins, il fallait décrire une spirale de l'intérieur à l'extérieur de la surface. On fait ça pour désinfecter une plaie opératoire, oui!

Mais un chariot, là, c'est grotesque: on vaporise le plateau, on nettoie comme on le ferait d'un table et on termine en nettoyant les côtés et les tiges métalliques externes, è basta.

 

Et des gens qui peuvent sanctionner en donnant des points, faire du coup échouer ou réussir, peuvent appliquer ce genre de déconnage stupéfiant? Sans se remettre en question?

 

Au regret je suis de préciser que la déconneuse en question appartient à un organisme qui a la main haute sur le personnel des EMS… c'est grave, de faire dépendre une réussite d'examens finaux de ses petites manies personnelles, et en édictant des procédures qui ne reposent sur rien de sensé.

 

 

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