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12 mars 2024 2 12 /03 /mars /2024 07:18

 

Tout janvier j’ai traîné une humeur morose, démotivée… L’année d’avant a été pleine de mauvaises surprises, de tensions s’accumulant l’une sur l’autre, de tous bords - comme des coups de clairon intempestifs qui me faisaient me rétracter en moi-même, comme quand il y a trop de cris de gosses ou d’adolescents dans le bus. Ou une huître qui se ferme sous la giclée de jus de citron.

Et enfin, alors que ces stresses se relâchaient en douceur, j’ai fait comme une grippe du moral.

Tomber malade alors qu’on part en vacances, un coup classique, non ?

 

Eh ben, c’était du même tonneau, et le signal d’alarme a été le manque de joie, voire carrément le manque d’envie à aller rencontrer les apprentis que je soutiens.

J’ose le dire, ça me faisait carrément chier d’y aller.

Alors j’ai fait un bilan sur papier, et ça m’a aidée à y voir plus clair.

 

Faut dire que je me suis surinvestie dans quelques situations de catastrophe que j’avais endossées parce que les problématiques à régler étaient passionnantes. Réellement, j’ai le coffre pour le faire, mais pas avec le passif en énergie qui s’est installé tout au long de l’année 23. Et puis, j’ai plus 40 ans, faut que je le réalise, et j’ai encaissé 3 anesthésies en 4 ans…

Donc j’ai réalisé 3 sauvetages en même temps… qui sont derrière, victoire à mon actif, mais la facture s’est avérée colossale quand elle est arrivée.

Sans compter que pour un de mes clients privés, c’était également un sauvetage sur le long terme… et que ça se termine en eau de boudin, avec une maman qui stresse et me prend le travail des mains – alors je vais lui redonner le mandat… de soutien aux devoirs! Et que pour un des apprentis, il y a un sérieux problème de motivation et d’inertie qui freine la démarche. Et j’en suis à parler à sa référente de lui faire passer un bilan psy pour comprendre comment l’aider - j'ai dans l'idée qu'il pourrait bien être de profil Asperger.

Donc plus jamais ça: quand quelqu’un en est au point de risquer de rater son travail final, pour des raisons d’incapacité fonctionnelle à se prendre en charge, moi je me retrouve en situation d’otage par rapport à ceux et celles qui les chapeautent. Moralité : n’avoir qu’un seul interlocuteur, le client lui-même. Et autre chose: ne pas endosser la responsabilité finale du fait que quelqu'un, quelque part, bien avant que j'arrive sur les lieux, a plutôt merdoyé dans sa démarche.

 

Sur le papier donc, j’ai commencé à poser des balises, des étapes de relâchement de pressions.

Tous les mois qui viennent - et les deux derniers aussi - des contraintes familiales et personnelles se lèvent. Pour le professionnel, je termine tout soudain deux mandats privés qui me demandent une gymnastique-horaire pénible.

Je vais reprendre ma routine rugby, quand l’heure d’été sera arrivée (mes cicatrices abdominales supportent mal le coucher du soleil et la baisse de température qui s’ensuit, elles se rétractent et me coupent le souffle).

Avril : plus que les apprentis mal barrés en français… 7 situations qui ont des points communs, mais dont les prises en charge respectives sont différentes.

Fin mai, plus aucune recherche de taf à produire pour pouvoir percevoir mon chômedu.

Fin juin, mandats d’appuis terminés… vacances. Juillet et août : camps de rugby avec les gamins.

Rentrée de septembre : filtrer les appuis, ne prendre aucune situation d’apprenti qui risque de me mettre en position délicate…

En effectuant ce travail de pré-nettoyage du paysage, je me rends compte que je suis en convalescence, là, le mot est lâché. Ce qui me permet de me rendre compte que j’étais… malade !

 

Je reprends tout doucement la maîtrise, en ce mois de mars quelques pas sont franchis : écarter les contraintes et me faire plaisir, et là c’est net, il s’agit de mes loisirs bénévoles dans le monde du rugby . Je vais pouvoir reprendre en cumulé les entraînements avec les poussins, le suivi de la Nati Junior féminine (spontanément allégé par notre leader, plutôt que l’abandon que j’avais annoncé…), et mes propres entraînements de touch-rugby, à 40 km d’ici,  compliqués par l’abandon de ma voiture.

 

En situation de vulnérabilité, je résiste également mal à me retrouver dans des situations craignosses, mais que je sais avoir déjà surmontées. Ce sont des cicatrices, fragiles comme elles le sont toutes, car le tissu élastique n’est plus fonctionnel – il est donc clair qu’il faut cesser de tirer dessus comme si elles n’existaient pas.

Allez, encore 10 semaines à tenir le cap et en cabotant près des côtes; je fuis le grand large, j’ai une coque de noix pour tout bateau, alors faut pas pousser mémé dans les orties.

 

Hier, massage chez ma vieille pote Alix. On cause, bien sûr, de la raison pour laquelle je me retrouve avec un dos qui coince ici et là, une nuque bien tendue. Je lui fais part de mon inconfort devant des manières de communiquer assez rudes chez ma clientèle, conditionnées par les pressions que subit tout un chacun, surtout en cette période de pré-examens et pré-rendus, et qui amène à des situations de ruptures auxquelles je réponds moi-même en larguant les amarres, avec peu ou prou de fracas relationnel.

Car il n’y a plus de place pour prendre le temps de terminer les mandats en douceur, quand il s’avère que la collaboration peine, et que ce qui s’impose, c’est de se retirer fermement et poliment d’une situation dont le cahier des charges change tout-à-coup, sans préavis. Apprendre tout de go qu’on va avoir un mois de moins que prévu pour terminer un gros travail, j’aime pas trop !

La meilleure solution, et la leçon que j’en tire, c’est d’écouter soigneusement les signaux d’alarme si faibles soient-ils, et de rester prudente en répétant que je ne garantis pas de résultats, mais une prestation d’accompagnement.  C'est clair pour moi... mais pour eux? Encore faut-il que je différencie finement la frontière ténue entre le soutien et le sauvetage, précisément…

 

Un avenir se dessine, plein de panneaux d’avertissements : le premier, c’est de ne pas reprendre de nouvelles missions.

L’été, sans mandats de soutien aux apprentis, sera propice à clarifier ma lecture de ces panneaux.

A l’automne, me concentrer sur les mandats qui sont de mon domaine de soignante, tout en reconduisant le suivi de ceux qui en sortent, car j’ai sur les bras 3 gaillards issus d’une culture et d’une langue étrangère jusqu’à son alphabet, et qui leur met des bâtons dans les roues : un électricien qui a encore 3 ans à accomplir pour obtenir son CFC, un aide plâtrier-peintre qui va faire sa deuxième et dernière année. Et un cuisinier très têtu, en première année… Ah oui, il y a aussi une quatrième louloute, avec laquelle je viens de commencer, qui a plus de problèmes relevant des troubles anxieux que du français.

On verra bien quelles demandes arrivent, mais déjà, comme je dois remplir à la fin de l’été un formulaire de disponibilités, portant sur les créneaux-horaires et les domaines d’aide, ce sera à moi de préciser que je ne travaille plus que les 3 jours du milieu de semaine, que je ne m’occupe plus que des TPA de ceux que j’accompagne (plus de sauvetages dans des situations-boulets), et que je reste OK avec les gens qui se forment dans les  soins (ASA, ASE, ASSC – et encore, ce dernier CFC commence à prendre une tournure déplaisante à mes yeux).

 

Je n’abandonne pas, je tire juste les leçons de certaines récentes déconvenues. Ce foutu besoin d’aider ! Jouer à la bonne âme du Seu-Tch’ouan, ça c’est un cas de figure que je dois éviter.

Me limiter à l’aide pour mettre en ordre un programme de révision et d’avancée de travaux long-terme… et bien que je dise clairement que je ne vais pas écrire pour autrui, ne pas reglisser vers d’autres sauvetages. C’est très vite fait, j’en ai eu la preuve ! Je ne suis pas responsable du fait que soit l’entourage, soit le client lui-même se lance des défis que je n’ai pas à relever… En effet, même si les contrats de collaboration sont clairs, il est aisé de les déborder ; un aidé doit arriver avec des questions, s’être préparé – mon intervention n’a pas caractère de cours, mais de soutien. Donc je dois rester vigilante, et marteler les bases : je réponds aux besoins, je ne les devance pas. Évidemment que les situations difficiles me touchent, et que s’il manque un centimètre pour faire l’ourlet, j’ai tendance à donner du tissu… mais si c’est pour me retrouver mal vêtue moi-même, non. Proposer les outils, ne pas insister si ce n'est pas pris.

 

Il est bon de relire certains documents signés en séance tripartite, et qui me rappellent les limites de mon concours… sinon je fais de l’ingérence, et je ne respecte pas le principe de conduite vers l’autonomie, qui est pourtant mon leitmotiv et ma valeur de base.

Et je dois lutter avec ce raccourci qui consiste à me dire que je donne simplement le coup de pouce pour que certains se trouvent enfin sur le marché du travail… alors que selon les critères de formation, ils n’ont pas les capacités pour obtenir leur papier.

 

Mais quand les évaluations de capacités reposent sur des travaux à la noix, qui n’ont rien à voir avec la formation, là je dois encore réfléchir. Bon, apparemment, ces travaux finaux vont disparaître, et ce n’est pas plus mal.

Car on se trouve devant une aberration totale : pour conclure un apprentissage, certains doivent produire un énorme travail de recherche et d’écriture qui aurait tout juste du sens s’il amenait quelque chose à leur formation - par exemple, résoudre une problématique liée au boulot ou monter un petit projet pro.…  mais parce que ce travail est rattaché à la culture générale, l'expression écrite et orale du français, me voilà avec une aide en pharmacie qui doit faire une analyse de roman (!) , un logisticien (je traduis : super-gestionnaire de stocks et magasinier) ou une employée de bureau qui doivent accomplir un travail d’analyse à mille lieues de leur domaine de compétences ; on forme les gens en quoi, finalement ? L'un d'eux parle du collectif qui l'a aidé à immigrer, et l'autre, de la légalisation des PUFFS.

Cherchez l'erreur!

En fait, on teste leur capacité à s'organiser sur le long terme, à respecter des kilotonnes de consignes, à produire un argumentaire et une structure, ce qui les confronte à leur niveau de français souvent insuffisant - au lieu de se concentrer sur quelque chose qui leur serve vraiment pour affronter leur avenir au travail… c’est un investissement de temps disproportionné par rapport à leur spécificité professionnelle.

 

Bien. Après toutes ces petites colères impuissantes devant un système formateur qui n’arrive plus à suivre - tout comme une ixième révision de l’AVS… concentrons-nous sur mon futur de retraitée, qui se rapproche au fil des mois.

 

Décembre : à partir de ce moment, il arrivera un allègement radical, administratif et financier.

Toute occupation professionnelle rémunérée devra donc répondre à ce seul critère : faire quelque chose que j’aime, è basta. Et me laisser loisir de me consacrer à mes curiosités et mes intérêts : la place, les places que je me suis faites au sein du rugby suisse… et toute autre chose qui éveillera mon désir de m’investir.

 

Je me sens comme en sortant d’une consultation médicale : problème diagnostiqué, traitement prescrit, filer à la pharmacie chercher ce qu’il me faut.

Certains traitements mettant du temps à produire de l’effet…

 

… alors, patience dans l’azur, comme dirait le regretté Hubert Reeves.

 

 

 

 

 

 

 

 

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 10:31

 

On est comme ça, ma mère, ma sœur et moi : capables de pointer du doigt la moindre incohérence dans les paroles, les actes, les situations.

 

J’aime fort ma sœur, qui vit depuis une année une retraite consacrée à ses petits-enfants… et comme elle ne peut plus s’énerver sur ses ex-collègues, pointe les incohérences qu’elle peut : les blessures psychiques qu’elle reçoit avec ses fils et leurs doudous, elle m’en arrose… et depuis le mois de janvier, la situation de notre parente nonagénaire en perte progressive d’autonomie et d’indépendance nous a bien mobilisées. Les interventions des soins à domicile, entrant en scène, et dont je connais bien le fonctionnement, ont été autant d’occasions de désigner des coupables, des incapables. Comme la très vieille dame est institutionnalisée en EMS depuis août (4 mois), les reproches se sont déplacés sur ce qui s’y passe, les couacs inévitables jusqu’à ce que les ajustements de communication se fassent. Récemment, une curatrice est entrée en scène, et la manière dont sœurette et curatrice s’appuient l’une sur l’autre pour critiquer cette phase inévitable de pataquès divers, je trouve… gonflant. J’espère que ça va se calmer… Les merdes font partie de la vie ; comment on les encaisse, ça c’est individuel : si râler fait du bien, chacun son truc, soit s’arrêter là, soit utiliser le caca comme fertilisant, et chercher à l’employer comme outil de réflexion pour surmonter l’odeur. Et arriver au seuil d'une année complète pour bien se comprendre, comme dans un nouveau poste; et au bas mot, c'est une moyenne, hein!

 

Ma mère, c’est une autre histoire : toujours critiquer, c’est sa manière de survivre psychiquement. Et comme elle distribue à la louche ce que je dois bien nommer sa méchanceté pour se mettre à niveau avec autrui, même avec ma frangine et moi… j’ai coupé les ponts. Comme on évite de respirer de l’eau de Javel, j’ai fui la toxicité.

 

J’ai aussi cette tendance à repérer les failles : nous ne sommes pas forcément à l’affut de la contradiction, mais notre fonctionnement est tel que nous remarquons immédiatement, presque inconsciemment toute dissonance.

 

Je cherche sur la toile quelques ressources documentaires, des avis et des vécus sur le phénomène…

 

En bref, je vois bien que cette capacité est autant analytique qu’intuitive : au départ, on « sent » que quelque chose ne joue pas. Et avec les années, la vie, les formations, peut venir la capacité à mettre en mots la cacophonie. Processus qui peut être autant fertile que dommageable aux relations.

Un deuxième volet d’apprentissage se propose alors : apprendre à refléter le truc qui coince, avec des mots choisis, de la diplomatie, en restant factuel sans accuser. Et ça, c’est pas de la tarte.

 

Comme ça met à mal la communication, oups, faut vraiment trouver des biais pour s’exprimer, se respecter tout en respectant les autres. Et comme nul n’a prise sur ce que réveillent les tournures et les résonances des mots, aussi diverses que les individus, même en croyant tout bien faire on tombe sur des os, des vexations potentielles, des terrains minés où le moindre prétexte fait le lit d’inimitiés durables, alors que la facture est présentée au mauvais client.

 

Là, je vais redire ce que je dis depuis un certain temps : la technologie nous fout dedans. C’est supposé aider, mais en fait ça permet de traquer les erreurs et ceux qui les font. Et sur WhatsApp, avec les niaiseries qui s’entremêlent aux infos et communications vraiment importantes, les discours-fleuves, par oral ou par écrit, à moi la peur.

Trop d’infos tue l’info, ça fait 20 ans que j’ai fais mienne cette remarque, 20 ans que je vois que finalement, c’est tout un apprentissage de manier l’information avec justesse. Infobésité, c’est un mot qui me fait à la fois rire et grincer des dents. Les deux mis ensemble me font devenir hilare quand je suis de bonne humeur, cynique si je suis de mauvaise.

 

Et à l’occasion, me fout en colère noire.

Digression : j’aime pas Noël, parce que c’est une fête dévoyée vers la surconsommation. Ma confession, c’est le protestantisme, mais ce n’est pas ma religion. Ma religion à moi, elle se traduit par exemple par un désir de fuir à l’autre bout du monde tout le mois de décembre. Donc je souscris tout juste à saisir cette occasion de voir la famille géographiquement proche en entier au moins une fois par année. On a déjà réussi à se mettre d’accord sur le fait de ne préparer des cadeaux que pour les enfants. Histoire d’arrêter de s’offrir des « mathoms » comme les Hobbits, ainsi nommés par Tolkien.

A savoir, des présents pour lesquels il faut, en plus de dire merci, cacher son indifférence ou son désappointement… les poser en remise… et les offrir à quelqu’un d’autre dès que possible.

Cette année, pour les 3 gamins de mon entourage (un 4ème étant en préparation…), j’ai opté pour un set de pâte à modeler des pâtisseries, dont le couvercle montre une petite fille… et il sera pour le petit garçon, qui dispose déjà d’une mini-cuisine en bois. Un clin d’œil grinçant, juste pour moi ! à l’obsession de ses parents de dégenrer les sexes. (Là, j’insère une remarque sur le bien que ça m’a fait de lire le « XY » de Badinter, qui réduit à juste titre la différenciation des genres à celle des chromosomes, le reste n’étant que formatage éducationnel, dans un sens ou dans l’autre : répéter à l’envi et à la moindre occasion au petit garçon que s’il veut changer de sexe, il le peut, ça reflète juste le besoin des parents, pas le sien - il fera son choix à lui).

Pour les deux filles, qui ont quelques semaines de différence et entrent à l’école fin 2024, elles recevront toutes les deux un mini-ballon de rugby. Voilà, j’ai fini de grincer.

 

Enfin, j’dis ça, j’dis rien : déjà que je fais cette concession à l’atmosphère de Noël qui me gonfle supérieurement, je vais pas m’en remettre sur le dos ? Donc les diverses fêtes de Noël « ailleurs », je ferai désormais l’impasse dessus. Surtout si c’est démultiplié au sein de la même organisation : fête pour les enfants de l’Ecole du rugby, suivi d’une réunion des entraîneurs, et doublé 3 semaines après d’un Noël des entraîneurs, bénévoles, familles, supporters. Stop à l’inflation ! Car fatal a été le mélange de messages sur WA, sur les 3 manifestations - par-dessus une perte massive de données vu que mon PC, un client l’a flingué en renversant un verre d’eau dessus… Ma demande d’aide aux co-coaches pour m’y retrouver a suscité l’ire de l’un d’eux, à qui j’irais bien claquer le beignet, pour lui rappeler ensuite que si l’objectif n'est pas atteint par l’entraîneur, c’est que c’est lui qui s’est planté en le posant peut-être et en le transmettant, probablement. Le principe de comm’ vaut pour tout émetteur : pourquoi parler en chinois quand le récepteur ne le parle pas ? Donc je me suis désistée pour toutes les rencontres, car pas question de partager une raclette avec quelqu’un à qui je collerais volontiers une gifle.

 

Par contre, j’aime bien l’idée de Yom Kippour, le Grand Pardon juif. L’esprit, hein… parce que s’abstenir de boire, manger, baiser, se laver pendant 24 heures, ça ne me va pas.

Oh zut, cette année c’était vers la mi-octobre… ça m’aurait arrangée que ce soit au printemps, ça aurait bien collé avec ce que j’ai prévu et acté : sortir du groupe WA où la comm’ est devenue aigre avec le taborniaud, d’une suffisance assez pénible… jusqu’au moment de retourner sur le terrain extérieur, le jour de semaine où je peux m’y joindre (l’hiver, repli en salle pour tâter d’autres sports, un autre jour, où je ne suis pas dispo.).

Revenir en faisant table rase de tout ce qui s’est mal passé, repartir sur les bases – coacher, simplement, les minots de moins de 8 ans. Et l’enfoiré qui m’a mal parlé, m’en tenir à lui dire bonjour et au revoir, point-barre. Au passage, je m’étonne que les deux jeunots de 22 ans, mes co-coaches pour cette catégorie d’âge, soient plus respectueux et mieux élevés que ce quarantenaire condescendant et agressif.

 

Digression terminée… où j’en étais ?

 

Ah oui… la capacité à voir les failles dans les situations. Et qui nous font appeler « Cassandre », par exemple, quand on voit où peut mener une confusion de termes. C'est comme quand je vois des erreurs de définition dans des mots croisés, des inexactitudes, c’est con, mais ça m’énerve. Tout autant que quand on vient me dire que je suis trop compliquée. Qui m'amène à corriger et recorriger mes billets ici, entre autres choses.

OK, trop axée sur mon besoin d’exactitude, qui peut me bloquer, m’empêcher de travailler avec d’autres, me faire prendre pour une demeurée parce qu’il semble que je ne percute pas sur un lexique commun - quand il est basé sur du sable, à mon idée. Ou révèle des incohérences internes, des « Faites comme je dis, pas comme je fais". Ce qui me renvoie à un principe pas mal mis en avant mais souvent galvaudé : l’authenticité.

 

Oui, c’est vrai que je suis chiante sur des détails, mais tant que je n’ai pas la certitude de ce que signifie un terme, une situation, etc, bref, de comprendre le consensus des autres, comment puis-je avancer en harmonie avec un paradigme qui me paraît faussé, sujet à caution ? A ce moment, au boulot, souvent, je m'inventais des chemins de réflexion et d'action personnels... qui ne plaisaient pas toujours. N'oublions pas que l'hôpital, la formation en soins, c'est calé sur l'univers de l'armée. Et si une décision, une option ne m'est pas expliquée clairement, je ne l'intègre pas. A fortiori si c'est dissonant!

Là, autre digression: détail ou précision, c'est pas la même chose. Un détail peut encombrer, une précision donne accès à faire le lien entre les connaissances.

 

Je cerne d’autant mieux pourquoi je ne me suis jamais sentie à l’aise longtemps dans des équipes professionnelles ; mon besoin de changement me donnait un répit d’un an environ, pendant lequel je pouvais me réfugier derrière ma nouveauté pour expliquer mes chemins de traverse. Ensuite, la deuxième année, préparer ma sortie… Et j’ai toujours préféré travailler sur appel, en dépannage, distanciée des responsabilités plus loin que ce que j'avais à offrir pendant quelques journées…

Une supposée instabilité, qui fait la nique au concept-même d’instabilité : quelqu’un qui travaille 35 ans dans des pools, est aussi stable que quelqu’un qui s’incruste dans un poste pour la même durée.

 

A la veille de ma propre retraite, vivant une dernière année de travailleuse sur mandat, pleine d’obstacles et venant de trouver une solution financière légale et adéquate pour vivre avec plus que le revenu minimum d’insertion – pourquoi j’irais me faire chier avec du non-nécessaire... ce qui relèverait du syndrome de Stockholm si je continuais à l’entretenir ? Même dans la logique du « recrée la même situation caqueuse, parce que tu sais que tu y as toujours survécu », il y a un moment où la prise de conscience mène à une sorte d’ermitage. Un retrait choisi, maintenu, qui n’a pas à se justifier, mais doit s’attacher à dire « Non », fermement, poliment… ou ne pas répondre, simplement.

Un silence en or… Parce que dans ma tête, j'ai déjà la multistéréo, et faut que je gère.

 

Ah ouais, un dernier truc: HP complexe, dite philo-cognitive - au contraire d'un laminaire... oui, je pars dans tous les sens. Atypique parmi les atypiques, je suis pas dans la merde, moi!!! D'autant plus que la distinction n'est pas absolue, et que je me reconnais dans les deux profils suivant le paramètre examiné. Mais chez moi, le côté complexe semble l'emporter, si j'en crois la remarque sur les difficultés d'intégration. Et là, je redeviens perplexe: le pote qui a plus de 140 de QI, qui serait laminaire, il a autant de peine que moi avec les relations professionnelles, au final... parce que les dissonances, il les perçoit extrêmement bien, mais les gère en mode confrontant.

Je peux m'adapter, beaucoup, mais quand je repère une dissonance, la guignolade commence. Et je préfère partir plutôt que me retourner sans arrêt dans le moule pour y trouver du confort, parce que j'agace à force de pointer les couacs.

Vous voulez en savoir plus?

 

https://www.rayuresetratures.fr/haut-potentiel-complexe-laminaire-les-deux/

 

 

 

 

 

 

 

 

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20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 08:02

 

 

Un progrès qui ne sert pas à tout le monde, c’est pas un progrès.

Qu’est ce que les familles de SDF de Calcutta (un bout de trottoir, c’est pas une maison) en ont à branler d’internet, tiens…

Plus près de nous et au quotidien, le formatage des esprits au maniement du numérique, quand ça devient une nouvelle religion, ça prend une tournure grotesque. La toile régie par une entité immatérielle, comme le pense un tiers de ses usagers (voir l’enquête menée en ligne par l’université de Zürich)… à part le chaos engendré par la décohésion sociale, la fracture numérique, je vois pas. Satan toujours présent !

Mais je comprends bien que consulter son phone au lever et au coucher, comme faire ses prières autrefois, et avoir besoin de se connecter pour supporter le quotidien sinistre, ça ait du sens.

Alors pourquoi pas le numérique généré par le dieu en question (créé par nous-même), tout comme la peste envoyée par le Seigneur… heu… lui-même créé par qui ? Ma petite-cousine nonagénaire, quand elle avait encore un semblant de toute sa tête, commençait à évoquer une entité féminine au-dessus de Dieu.

Bon, si c’est le nouveau paradigme qui se dessine, de toute façon il y aura encore une autre entité au-dessus une fois où l’autre, quand les théologiens auront expliqué, fouillassé et pondu plein d’explications.

Selon Watson, « L'utilisation quotidienne des services numériques remplit des fonctions sociales similaires à celles des religions traditionnelles, par exemple la réduction de la complexité, la création de sens ou la cohésion sociale » https://www.watson.ch/fr/soci%C3%A9t%C3%A9/religions/923790677-internet-considere-comme-une-nouvelle-religion

 

Et là, je me marre : « réduction de la complexité », vraiment ? Pour qui ? La complexité et sa maîtrise a juste changé de camp, passant d’une oligarchie à une autre – ceux qui savent, doublés de ceux qui ont les moyens d’entretenir un parc informatique si réduit soit-il : il suffit d’avoir un portable et un ordinateur. C’est juste un autre aspect de la complexité… et le moindre d’entre nous en Occident est un nabab de ce point de vue. Bien que nous ayons par ici aussi, un quart-monde…

« Création de sens » ? Pour qui, encore ? Pour ceux qui en cherchent au-delà de ce que les générations précédentes proposaient ? Moi, ça va, et vous ? Ce n’est pas parce que les valeurs sociales changent que les anciennes deviennent bonnes pour la poubelle… Mais je dis pas non, si on arrive à intégrer, justement, la cohésion sociale, le troisième cas de figure.

Et là, le serpent se mord la queue, parce que si certains services sociaux sont mieux mis en évidence, mais à travers une technologie inaccessible à beaucoup, je la vois pas, la cohésion sociale. Sinon en allant pleurnicher, versus dépenser des sommes folles, pour comprendre pourquoi la énième version d’un logiciel bloque tout d’un coup des facilitations, et comment l’imprimante qui allait bien jusque-là ne peut plus fonctionner.

Je viens de changer de PC – au passage, je remarque fielleusement que si l’existence d’un tel outil est arrivée à son terme parce qu’un maladroit a renversé son verre d’eau dessus, question progrès, ça fait tache, franchement. A quand le masque pour surfer, de peur que les poussières et les gouttes de salive infestent le hardware… Bref, j’ai perdu bien quelques heures avant de pouvoir à nouveau bloquer les publicités sur youtube, y avait intérêt, parce qu’à écouter les playlists qui me donnent du tonus avec 3 minutes de spam entre chaque morceau, je perdais le rythme !

 

A ceux qui témoignent d’expériences transcendantales à travers le numérique, je dis que si l’on avait attendu l’outil en question pour vivre des épiphanies existentielles, on en serait tout juste 300 000 ans en arrière.

Chacun son chemin, moi j’ai bêtement vécu quelques expériences du même tonneau : à travers la méditation, la psychothérapie, le développement personnel, la découverte des intelligences multiples et même un test de QI. Je suis HP, et alors… ça m’a juste rassurée à l’époque, parce qu’un médecin généraliste avait en somme posé les bases d’une équation du genre « Ou vous êtes bipolaire, ou vous êtes HP ». Résultat : j’ai pas besoin de lithium – on avait bien ri avec le psy, devant cette supposition, d’ailleurs.

 

Bref. Là, je vais juste me permettre d’aboyer un retentissant « merde » à quiconque ose encore me jeter d’un air supérieur et arrogant que c’est très simple à résoudre, la problématique qui me fait lui poser une question ou demander un dépannage. Hé, patate, je voudrais bien te voir aux prises avec certains soucis logistiques, sans ton phone… c’est là que je me félicite de toujours fonctionner en parallèle avec mon crayon et mon agenda. Le dernier jeunot avec lequel j’ai entamé un coaching de prépa au bac, c’est par là que j’ai commencé. Bon, il avait pas tout-à-fait compris à quel point, quand le réseau merde, il en est dépendant et donc se retrouverait bec-de-gaz … un agenda, oui, mais sur une fonctionnalité de son PC. Cherchez l’erreur !

Je l'ai mauvaise sur le revers de la médaille, alors je m'en tiens à tout ce qui peut m'aider, le reste, je jarte. Mais j'en passe, du temps, à traquer les spams. C'est mon éthique à moi, de me tenir un peu loin de toute la messe numérique. A part ça, une bonne partie de ma vie sociale ne saurait plus se passer de l'informatique, comme tout le monde. Et quand je dois me déplacer pour faire parvenir mes fiches de décompte dans la boîte aux lettres de mon employeur, parce que mes photos sont enregistrées automatiquement au mauvais format depuis la dernière mise à jour, quand je vois que je dois payer une thune pour pouvoir faire mes paiements par la poste, je ricane...

 

Le temps qu'on passe désormais à nous adapter à un outil instable, ça devient démentiel. Si tu veux couper un arbre, mais que ta hache branle au manche, est mal aiguisée, que la poignée est trop courte, que le terrain est en pente, boueux, ou que sais-je encore, là tu es devant une mission impossible. Tout ça surgénéré par des programmateurs qui s'amusent, ou suivent les injonctions marketing pour rendre dépendant l'utilisateur... Et avec en plus le message renvoyé par la communauté, comme quoi c'est toi qui merdes, ça devient ce qu'on appelle un double-message: quoi que tu fasses, t'as tort (cf "Une logique de la communication", Paul Watzlawick et alii, Ecole de Palo Alto). Pas étonnant que si l'on se met à passer plus de temps sur le vecteur de communication qu'à communiquer vraiment, la communication elle-même merde au maximum.

 

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 09:01

 

 

Bon, vous connaissez déjà ma passion pour le rugby, tardive et datant de 4 ans en arrière tout juste. Ou pas !

Mais je refais l’historique, j’aime raconter cette histoire et ce que ça a bouleversé dans mon paysage… Pour ceusses qui connaissent déjà, rendez-vous ici « Et comme ça fait 4 ans que j’ai commencé le rugby, », un bon bout plus bas. Tiens, je mets la phrase en question en bleu, comme ça vous vous y retrouvez.

 

2019, Coupe du Monde à Tokyo, mézigues immobilisée à la maison, regardant beaucoup la télé.

Dans un contexte où j’avais épuisé les ressources habituelles (documentaires sur l’astrophysique et les événements historiques, films vieux et moins vieux, jeux de 20 00, séries), je tombe sur des images du premier match des Springboks sudafricains…

Normalement, le rugby, je zappais : ces gens qui se foutaient sur la gueule, qui se mettaient en tas tout le temps, boaf. Mais là, voir le petit capitaine sudaf’ avec sa bouille de bébé-nougat, qui se ruait sur des colosses qui devaient bien peser un quart de poids en plus… et entendre pour une fois des commentaires qui me donnaient à comprendre la différence entre les tas divers… bref, l’un dans l’autre, ça a fait comme de la barbe-à-papa, je suis restée crochée, fascinée. Et les couleurs de leurs tenues, vert et or …. Par ailleurs moulantes… eh ben ça gâchait rien.

Les sudafs ont gagné.

Alors j’ai cherché les dates de leurs matches, coché les créneaux dans mon agenda, et je les ai suivis jusqu’à leur victoire finale. Au fil des rencontres, je me suis aperçue de la disparité des statures – une tête et demie parfois, et diverses morphologies qui offrent un panel complet de la race humaine ; et je me suis dit… que moi aussi je pourrais apprendre à jouer au rugby. La discipline au combat, je connais depuis l’adolescence, et le goût m’en est revenu. Entretemps, dans mes jeunes années, volleyball en première ligue, après avoir évolué en finale nationale avec les juniors.

 

Que fait donc Clem à ce moment ? Elle maile à la Fédération suisse, qui lui répond que le club de rugby le plus proche est à 5’ en voiture. Je m’y risque, et même en cette période de COVID merdique, m’essaie au jeu autant que possible. Après un an et demi d’entraînements pour la plupart annulés, de fréquentation assidue, finalement découragée et déçue par une coach excédée qui paraissait accueillante et prometteuse au premier abord, je rends les armes un beau soir, au milieu d’une session où j’ai trouvé qu’elle me parlait bien mal.

Je conçois bien qu’un club ambitieux aie de la peine à accueillir une sexagénaire, même enthousiaste, et au surplus souffrant entre autres de quelques bobos de l’âge, et ignorant quasi tout du rugby.

J’ai filé, dans une colère noire ; mais je me suis dit que ça ne pouvait pas s’arrêter comme ça, alors le lendemain, en bonne tronche de cake, je cherche sur la toile un autre club. Et très vite je tombe sur une adresse où je pose un message… Leur slogan de l’époque, c’était « Une grande famille », ça m’a fait tilt.

 

Au téléphone avec la présidente, curieuse de savoir pourquoi je voulais commencer le rugby à 60 balais, j’ai répondu franchement sur tous les plans, parlant même de la grande affaire de santé dans laquelle je m’étais embarquée : larguer une quarantaine de kilos et stopper une montée inexorable de mon poids, assumé jusque-là à cause de ce que je croyais être juste un mélange de fatalité génétique, de ménopause et de surmenage en raison d’une reconversion professionnelle assez rude. Au final, l’histoire est simple : un doux mélange d’apnée du sommeil gravissime, et en montée à cause du poids augmentant, ce qui aggravait l’apnée – sommeil impossible, mais je ne me rendais pas compte que même en pensant dormir 14 heures par jour, je me réveillais toutes les 50 secondes…plus de sommeil profond et réparateur, et même un syndrome métabolique, du coup – dûment traité à l’époque ; et dans le tableau plus récent, la découverte de ce qui semble être un Hashimoto (j’attaquerais ma propre thyroïde…). Non-symptomatique, dit subclinique, mais patent dans mes examens sanguins.

 

Bref, j’ai emmêlé le rugby et la progression de ma guérison, et j’y ai pris goût, au jeu : dans mon nouveau club, j’ai appris à lancer, recevoir ; décrypté péniblement la complexité des règles, mais apprécié les valeurs chevaleresques en cours, et aimé me dépenser. Et même me prendre quelques sérieuses blessures (toutes les articulations y ont passé, quelques côtes ont morflé, je me suis quasi claqué des ischios-jambiers, et j’ai vécu une commotion qui m’a rendue… prudente). On m’a guidée, coachée, engueulée (j’ai moins aimé… mais bon, apparemment c’est très en vogue dans ce sport, y compris de se réconcilier rapido), et j’ai vécu de précieux moments en rejoignant l’Ecole du rugby - pas pour coacher, ça c’est venu plus tard… mais pour apprendre, bêtement ! Certains minots étaient perplexes, j’ai dû faire gaffe qu’ils ne me prennent pas pour une éduc ; et même en prenant le temps de leur expliquer pourquoi j’étais là, ça mettait en boule un certain coach, avec un bel accent écossais… qui gueulait beaucoup trop à mon avis, rendant son discours encore moins compréhensible, du coup. J’étais alors avec des pré-ados.

 

Un beau soir, je m’éloigne, outrée et pestant contre le coach en question. Je me rapproche des petits, et je regarde le comportement de leur coach. J’accroche, j’échange avec son aide, une joueuse en équipe nationale qui devait avoir commencé dès ses 5 ans, soit 15 ans de jeu dans les pattes. Et là, peu à peu, comme on m’explique plein de trucs, que les gens accueillent mes questions et mes doutes avec bienveillance, quelque chose d’indéfinissable pointe le bout du nez.

Je participe aussi aux sessions des adultes, je commence à capter la ligne générale : ne pas laisser de trou dans la défense et me tenir disponible au bon endroit en attaque. Je me souviens, au début, d’un moment où j’ai reçu le ballon et me suis arrêtée net : un pote me crie « Mais tu fous quoi ? », je lui réponds « Oui, justement, qu’est-ce que je dois foutre ? » « Avance, avance ! » Haaaa… ben oui. Ça semble évident mais avec mes blessures, j’avais un peu la trouille du placage. Et je reculais, non seulement perdant du terrain mais donnant largement à la défense le temps de se réorganiser, et mettre moi-même ma ligne en échec.

En même temps, je regarde le plus possible les matches à la télé, reviens poser mes questions… j’apprends. J’absorbe, comme une éponge. Et comme le club organise régulièrement des sorties, je me sens de plus en plus en cohésion avec tous, je fais mes erreurs diplomatiques dont j’apprends encore plus…

 

La fine mouche de coach des riquiquis, un colosse, pressent tout ce que je pourrais retirer d’aller me former comme coach pour les petits : mon niveau de rugby me permettrait d’animer des sessions de sensibilisation, et fatalement j’en apprendrais de plus en plus. Alors je m’y mets, gentiment, en secondant le maître en sensibilisation auprès des écoles, un autre coach… en me déplaçant avec les gosses sur les tournois… J’ai aussi à offrir ma valise d’infirmière et un poste sanitaire improvisé, mais de plus en plus apprécié par les instances organisatrices.

 

Et banco, je m’inscris au cours d’éducatrice, j’obtiens mon papier. Et désormais, je travaille en binôme avec un jeunot qui a commencé tout gamin, on se complète bien, j’ai comme bagage mon brevet de formatrice… d’adultes – une autre histoire, où il faut compter avec le parcours de vie des gens. Plus formelle dans mon approche de la construction d’un plan d’entraînement, je m’y colle, soumettant mes premiers jets au coach en chef. Approbation générale, conseils, suggestions… et acquisition d’indépendance.

 

Une crise majeure du club adulte me pousse à donner ma démission en même temps que la plupart des autres du comité (eh oui, j’avais postulé, été élue à la régulière; amenant, entre autres, mes compétences d’infirmière… que je me suis mise à utiliser en prodiguant l’accompagnement d’un autre coach, auprès de joueuses hors d’âge pour l’Ecole du rugby, mais trop jeunes pour rejoindre une équipe senior. Ces sessions ont posé les bases de la Nati junior féminine, désormais officiellement montée cette année. (Au passage, « officiel » signifiant qu’en échange d’une aide financière de la fédération, il faut rendre des comptes ; ce management nouveau me rappelle furieusement des ambiances professionnelles que je fuis depuis toujours ; partant assez bientôt à la retraite, donc pouvant me consacrer entièrement à des projets et des occupations qui font la part belle à la collégialité, dans un rôle de consultante, je ressens le besoin d’éviter au maximum les ambiances contrôlantes qui cassent net toute créativité (eh oui, même dans les soins, et en particulier dans le domaine de la prévention des blessures, la créativité a sa place, surtout si elle s’appuie sur des compétences et des formations qui apportent un « plus » !). Je vais probablement remplir ma fonction de soigneuse cette année encore, puis laisser au management champ libre pour trouver un autre paramedic attitré. Et attention à moi aussi concernant un autre projet de développement du rugby féminin, qui s’en va également vers un cadre strict dont je vais mal m’accommoder, me connaissant.

Ma participation à ce plan, je le vois sous forme d’interventions comme consultante en santé et prévention, et accompagnement des filles intéressées à tâter d’autres sports en hiver – sur le modèle de ce que j’ai vu faire en Ecole du Rugby. Car en faisant zoom arrière, je m’aperçois qu’on peut sortir de cette idée de Pôle Elite Féminine de départ, par ailleurs, ce n’est plus son nom…et envisager, peut-être, d’accueillir des débutantes, aussi bien que des chevronnées ou des douées. Et la continuité avec l’Ecole du Rugby, ça pourrait être une sorte d’hybride, qui perpétue les bonnes idées. Et se signalerait comme un bon plan pour certaines filles novices qui, débarquant en Nati, se font refouler soit de par leurs compétences, soit par des coéquipières qui leur cherchent les poux - au passage il est question de travailler ces fâcheuses au corps et au mental, au niveau du respect en mots et en actes devant des « aspirantes » commettant des maladresses de débutantes, justement.

Et au passage, je retiens une autre leçon : éviter les milieux et les situations où il y a bataille d’egos, qui soignent d’autres plaies ou de vieilles blessures psychiques. La résilience, c’est tirer parti du caca pour en faire un propulseur : mangez des haricots, en pétant vous vous élèverez !

N’étant pas formatée, ni par le service militaire ni par une longue fréquentation du monde de ce sport, où on doit apprendre à gérer son agressivité tout en en ayant besoin, je commets naïvement toutes sortes d’erreurs diplomatiques, et en pensant servir la noble cause, j’aurais tendance à me caler dans le rôle de la bonne âme du Seu-Tchouan, qui se fout dans une merde pas possible, suivant son cœur, formaté, lui, par une éducation où les femmes se mettent au service des autres (que j’aime pas forcément, mais bon… ça fait partie du bâtiment, hein !)

Exactement comme dans mes tafs respectifs : le nombre de fois où j’ai démissionné devant la rigidité de la hiérarchie, elle-même ficelée par la sienne… je ne les compte plus, c’est l’histoire de ma vie professionnelle. Mais comme le dit très justement ma manager actuelle sur son profil WA… « Nous sommes nos choix ». Je reprends à mon compte : « Nous sommes nos valeurs ». Et tout peut changer, se nuancer, se préciser.

 

Bref !

Ma première année de coach, je fonctionne, tout juste, j’enchaîne des exercices disparates. J’en apprends beaucoup en accompagnant les jeunettes de la Nati, d’un autre côté. Et l’année suivante, ayant acquis toujours plus de notions en rugby et en pédagogie, j’ai râlé telle un pou dès que je me sentais abandonnée par le coach tout content de pouvoir se reposer sur moi pour aller préparer le barbeuque de la 3ème mi-temps – que j’apprécie énormément, au demeurant : le côté festif de ce sport, les équilibres que je vois se trouver dans la gestion des risques fumée/alcool et Cie, eh ben c’est très intéressant à mes yeux de soignante, et de femme dont l’histoire familiale aurait pu la mener vers des paradis artificiels. Mon paradis à moi, c’est l’introspection – oh, sans blague ?

Et pour finir, j’ai réclamé de l’aide et de la vigilance pour corriger mes bugs : les recevant, j’ai pu alors envisager un plan d’entraînement axé sur ce que les minots doivent acquérir - ça commence à germer.

 

Entretemps, opération de la hanche, au déroulement que je trouve un vrai cadeau en regard de ce qui se faisait quand j’étais jeune diplômée, il y a 35 ans : en 3 jours je suis opérée, sur cannes, de retour à la maison. Ce qui aide beaucoup, c’est que la méthode opératoire ne tranche plus les muscles, mais les écarte ! Des anticoagulants par la bouche un mois durant seulement. J’abandonne mes cannes 10 jours après ma sortie de l’hosto, je carbure aux antalgiques encore un moment, mais le stick pliable en réserve dans mon sac, je commence à l’oublier après 2-3 entraînements auprès des crapouillons. Oublier un truc, quelque part c’est ne pas avoir besoin !

Je retrouve donc gentiment ma mobilité, participant même à un camp d’une semaine pour les gamins, avec souvent ma « matraque » déployée (j’en menace parfois en rigolant les minots de mon Ecole à moi). J’apprends encore plus en côtoyant des coaches anglais, pleins d’humour … britannique.

Aujourd’hui, 3 mois et demi après le passage sur le billard, et sentant tous les muscles manifester leur nouveau rôle, du bassin aux chevilles…plus de cannes depuis longtemps, et la dernière fois que j’ai pris un contredouleur, je ne m’en souviens pas !

Je dois simplement attendre encore la fin de l’année pour envisager de remettre les crampons, et réembrayer sur le touch-rugby (pas de placages, pas de mêlée, pas de touches alignées) avec mes Gazelles de La Côte. En effet, je dois fabriquer assez d’os autour du binz installé (titane, silicone, céramique et ciment prise rapide) pour ne pas risquer de luxer l’articulation nouvelle. Mais je constate que mes fessiers sont revenus, et mes cuisses reprennent leur galbe, devant et derrière. Continuant à perdre un peu mes pantalons, je postule qu’à côté d’une reprise de quelques kilos de graisse bienvenus pour retendre ma peau fripée ici et là, c’est surtout le bagage musculaire qui se refait.

 

Et comme ça fait 4 ans que j’ai commencé le rugby, et ben voilà, c’est le moment de la Coupe du Monde suivante… mon coeur est aux sudafs… et je me réjouis grandement de les voir affronter les All Blacks en finale, tout bientôt.

 

Et je peux enfin vous parler de ce qui motive ce billet d’humeur : les critiques acerbes au sujet de l‘arbitrage du match entre Afrique du Sud et France, puis contre l’Angleterre. Les deux fois, un différentiel d’un point donne la victoire à mon équipe préférée. Et je retrouve cette sensation de malaise au sujet de l’attitude hexagonale, du genre « Astérix aux JO » : la piste est lourde, les sangliers ont dû bouffer des cochonneries. Heureusement que le capitaine français fait part de ses doutes en commençant par évoquer le risque de la cocarderie… Heureusement que tout le monde est conscient de la piètre performance des anglais, assez stupéfiante vu leur niveau. On dirait qu’ils ont reçu des instructions qui les brident, comme tenter de pousser à la faute pour gagner des points de pénalité, qui en fait reviennent à leur adversaire. Jeu piteux, non-match, les commentaires sont éloquents.

 

Mais là, c’est marre : malgré 4 possibilités d’arbitrage, le chef, les juges de touche, la TMO sur écran (qui ne peut intervenir d’elle-même qu’en cas de jeu déloyal ou mise en danger non-repérée par les 3 autres), ils n’ont pas les yeux partout, c’est pas des mouches ! Et discutailler sans fin les jours suivants sur une préséance de faute, ou une supposée évidence décortiquée mille fois au ralenti surtout quand ça se joue au millipoil pour repérer une perte d’appui en récupération de balle…

Après tout ça, j’ai quand même été surprise que la polémique n’aille pas plus loin, quoiqu’encore alimentée par les commentateurs du match suivant où apparaissaient à la fois l’arbitre remis en question, et les sudafs, mais contre le XV de la Rose… rencontre de surcroît également remportée par mes chéris, et aussi à un point d’écart… heureusement que le jeu calamiteux, étonnant, de leur adversaire parlait pour une défaite méritée, somme toute. J’imagine qu’en même temps qu’une discussion des grands pontes avec l’arbitre, il y a dû y avoir un appel général au calme, et à fermer sa grande gueule à tous ceux qui auraient pu alimenter la rogne.

 

Mais, las… Voilà que ça recommence avec la finale, les horions, les accusations à l’égard des sudafs d’avoir acheté les arbitres et va savoir encore quoi.

Plus tard, je regarderai le match que j’ai loupé sur le moment, quand je me serai calmée. Mais venez arbitrer, les mauvaises langues !

 

Un arbitre n’est qu’un être humain, et pas un insecte à zoeils à multifacettes – il y a eu conjonctions malheureuses de tout ce qu’un spectateur extérieur peut voir et revoir, et critiquer aisément, au contraire de la rapide prise de décision qui doit suivre une observation de la part des uns et des autres arbitres, sur le moment. Evidement que mon discours peut sembler partisan, puisque les gagnants sont mon équipe préférée. Evidemment ! Mais même si les français sont ultra-bons, je préfère les voir en matches nationaux, au moins ça reste entre eux, l’hexagonalité. Et les anglais ont joué bien en-dessous de leur niveau. Pour la finale, il est clair qu’à ce niveau de jeu, et vu la fin de l’hégémonie néo-zélandaise avec la disparition des montagnes-coffreuses que l’on a pu voir précédemment, c’est la stratégie qui prime. Ça ne peut se jouer qu’à des différences infimes… des détails qui ne valent, en effet, qu’un point de différence.

Mais alors, après avoir enfin visionné ce match, je ne peux que rigoler devant la mauvaise foi des dénigreurs d'arbitres: les All Blacks ont foiré 5 points, par des tirs de transformation et de pénalité ratés... et s'ils les avaient mis, ils auraient pris 4 points d'avance sur les Bokkes. Et gagné la Coupe, hé ouais. 

 

Enfin, tout ça pour conclure qu’en 2024, je vais m’inscrire pour le cours d’arbitrage, pas pour arbitrer, oh que non ! Mais pour mieux comprendre encore, maintenant que j’ai saisi les généralités ; et pour offrir encore plus de sérieux aux sessions avec les gamins. Et les autres projets que j’avais, comme me former pour gérer la commotion… le taping… orientés vers le service à la Nati junior, je vais les laisser de côté et me débrouiller pour acquérir seule les notions qui me manquent. La priorité sera de me concentrer sur ce qui va servir l’Ecole du Rugby : à part l’arbitrage, suivre le cours d’éducatrice auprès des personnes en situation de handicap.

Car la Nati junior féminine, que j’accompagne depuis bientôt deux ans comme soigneuse, je n’ai pas envie d’y laisser des plumes : mes suggestions pour développer la prévention des blessures ne semble pas trouver place dans un paysage d’egos carabinés. Et ceci bien que la première règle du rugby soit la sécurité : ne pas faire mal aux autres, et ne pas se faire mal. Je peine au relationnel avec la plupart des adultes impliqués, et le seul qui accueille mes propositions avec bienveillance et bonhomie (et pas toujours en y agréant !), il travaille avec les plus jeunes, alors que moi je suis dévolue par le management aux plus grandes, plus susceptibles de se viander.

 

Ya de quoi faire en matière de développement du rugby féminin, et ça commence, pour moi, par tenir compte de ce qui change dans le corps à l’adolescence : des formes, des rondeurs, un ventre douloureux et des fuites probables. Et ces crapules se vannent même entre elles quand elles prennent des kilos… ah là là.

En même temps, je seconde certaines qui ont tout juste leurs règles, pour gérer cette semaine-là. Et le pompon : repérer celle dont le soutif de sport est devenu trop petit, lui coupe la respiration et l’amène à se faire mal au dos à force de compenser la gêne qui en résulte. Et chiale de douleur et d’impuissance.

 

Au dernier entraînement,  je me suis mêlée de donner quelques indications à celles qui n’avaient jamais exercé le rôle de piliers, donc de souleveuses à bout de bras d’une sauteuse lors d’une remise en jeu du ballon depuis la touche. Car envoyer en l’air une camarade, oui, fun ! mais en risquant de se ruiner les lombaires, oups, là j’ai des choses à leur dire. En effet, lifter chacune 20 kilos de nana à bout de bras quand on n’est pas au plus près de l’axe de travail, c’est se coltiner 200 kilos sur la colonne vertébrale – et le double, si les deux lifteuses ne sont pas synchrones. Effort intense, à cadrer, pour pouvoir le répéter. Le corollaire, c’est qu’il faut leur apprendre à empaumer les fesses et à mettre les pouces dans la raie / aller quasi mettre son visage sur le pubis de la liftée… et pour celle-ci, d’accepter le geste.

La préoccupation du coach des avants étant de donner les bases de ce fameux saut lifté avant que les misses se retrouvent dans 15 jours en tournoi de bonne envergure, la soigneuse que je suis voulait profiter de sa formation d’infirmière et en manipulation sécuritaire des partenaires, pour faire de la prévention. Las… l’idée a été mal reçue… au contraire de mes initiatives auprès de l’Ecole : me tenir à disposition et signaler mes compétences de soignante sur les tournois. Je suis d’autant plus songeuse que cet été, j’ai pu collaborer avec les coaches anglais, en bonne intelligence – m’assurant ensuite que ma manière d’être présente leur convenait, en étant là pour gérer les gnons tout en les secondant comme formatrice, en allant dans leur sens.

 

Il y a donc un choix qui s’annonce, au-delà de l’émotion qui me saisit d’abord en constatant qu’on veut me cantonner à ma valise de matos infirmier – et même ne pas voir l’os qui consiste à intituler ma photo de membre du staff du titre peu parlant d’ « accompagnante », qui sonne à mes oreilles comme « présence maternelle de substitution » ; ayant fait le choix de ne pas être mère, ça me défrise, premièrement ; secundo, je suis officiellement « paramedic » dans les docs de la Fédération. Sans déconner !

 

Et j’ai déjà mis très tôt de l’eau dans mon vin, en voyant par exemple que la méthode « rugby » de prise en charge d’une blessure qui saigne, c’est de l’entartiner de vaseline et d’y coller une protection, pour pouvoir retourner sur le terrain au plus vite. Encore heureux si la protection tient… et si je peux désinfecter au passage : la boue c’est de la terre, et c’est plein de trucs contre lesquels les fifilles ne sont pas forcément vaccinées, tétanos, tétanos… OK, ya pas beaucoup de clous rouillés sur le terrain, mais l’attelage à disposition pour exercer la mêlée, c’est du métal, et qui vieillit. Et puis, la moue et l’appel au secours d’une joueuse, devant dealer sur son carré d’échauffement avec la présence d’une souris verte qui ne courait plus dans l’herbe, ben j’y ai répondu en évacuant le bestiau en état de décomposition, il devait commencer à grouiller de bactéries, ce pauvre mulot envoyé ad patres. Dans un bout de mouchoir en papier, avec désinfection de mes mimines ensuite… on a des principes pros ! En attendant, la gamine en a eu plein les mains.

 

Bon ; j’ai encore cette année pour activer l’autonomie des jeunes dames, vers la prise en charge par elles-mêmes de leurs blessures et fragilités connues. Après, le management se trouvera un autre bénévole. Ce qui ne m’empêchera pas d’aller leur rendre visite ici et là – certaines de ces pépettes, je les affectionne et les voir devenir elles-mêmes, c’est source de joie ! Et en leur amenant le cake que je leur concocte régulièrement.

 

Là, je viens de poser une annonce de cours concernant l’hygiène de vie, la prévention des accidents du sport… Bé oui, si seule l’indépendance me permet de travailler en paix avec moi-même, maintenant que je vais pouvoir me passer de passer sous les fourches caudines d’un employeur, et que je peux enfin privilégier les espaces collaboratifs, il est temps de déployer mes ailes !

 

 

Zyva !

 

 

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16 octobre 2023 1 16 /10 /octobre /2023 09:51

 

 

En cette période de bouleversements climatiques, ce mois d’automne qui commence ressemble plutôt à un début septembre.

Ca pique le matin, et il vaut mieux avoir une petite jaquette en réserve le soir ; mais la journée, en plein soleil, c’est extrêmement agréable.

 

Vacances scolaires, donc suspension des entraînements de l’Ecole du rugby et de certains appuis. Pour l’Ecole, c’est bien, j’avais besoin de souffler un peu et de réfléchir à la gestion de certains crapauds qui me mettent les nerfs en boule.

Il y en a au moins trois qui me gonflent régulièrement ; agressivité mêlée d’amitié, donc petites batailles entre eux, qui parfois dégénèrent. Je crois qu’on a trouvé la parade avec mes deux « binômes » : les séparer immédiatement, avant même qu’ils ne commencent à se chercher, lors d’un arrêt de jeu ou d’exercice pour leur expliquer le pourquoi du comment. Hop, chacun à une extrémité du groupe.

Et je vais mettre dans mon baluchon, en plus de ma gourde et de mon sifflet, des pastilles pour la gorge, car je dois souvent brailler pour me faire entendre.

 

Cette gestion-là s’assortit également de la concoction de sessions d’entraînements qui travaillent un geste précis : les tournois et ce qu’on y voit nous donnent des thèmes à bosser, par exemple comment se replacer pour accompagner le porteur de balle, cesser de la lui disputer quand on est de la même équipe… car le jeu doit s’arrêter quand rien ne sort, même pas la balle, du conglomérat de gaminous focalisés sur « moi vouloir la balle ». Et pour commencer, hé, bolet, arrête de la réclamer quand tu es hors-jeu !

 

Comme l’un de mes binômes est tout frais arrivé et n’a pas encore fait son cours de coach, le boulot avec lui est de l’encourager et de lui indiquer certaines balises pour gérer les gosses : pas de vocabulaire compliqué, pour commencer. Mon autre binôme, avec qui j’ai fait le cours de coach l’an passé, n’utilise pas d’ordinateur, donc c’est mézigues qui élabore et propose des sessions. Et stocke les plans, tout en ayant soin de les leur fournir en réserve pour lecture et consultation.

Voilà pour mon rôle de formatrice en rugby…

 

Les appuis : ils se mettent en place, j’ai encore des demandes mais je ne peux caser 3 personnes à la même heure, et les créneaux les plus demandés sont déjà bookés. Cette année, je me limite également à mon agglomération… et me réserve des plages vides en semaine pour ne pas perdre de temps en déplacements. Et mes week-ends, j’en ai besoin, même si pas mal sont pris par une journée de rugby, tournoi ou accompagnement et soins avec la Nati féminine junior. Mais ça, c’est la cerise sur le gâteau, car j’en apprends des tonnes, vocabulaire et astuces compris.

 

Alors comme ça, je peux prendre la mesure de ce que va être ma vie de retraitée, toujours active… et libérée des soucis financiers, car ce que je gagne est pour le moment décompté de mes indemnités – j’attends avec impatience le moment où je pourrai l’ajouter, et renouer avec des habitudes qui me manquent - les soins corporels en particulier. C’est simple, je dois différer des soins dentaires qu’auparavant je n’aurais jamais repoussé plus loin dans l’agenda. Mais pas que : hammam, soins de visage, manucure et pédicure… tout ça, pour l’instant, je fais une croix dessus.

C’est un challenge encore pas trop compliqué à relever, et c’est très instructif d’apprendre à vivre avec le strict minimum ! Ensuite, ça va être fastoche de mettre des sous de côté pour aller en Nouvelle-Zélande…

 

Une nouveauté dans mon paysage-loisir : enregistrer de courtes pièces de théâtre en audio, avec une petite équipe de donneuses de voix. Pour le moment, mon rôle se borne à trouver des textes… mais je vais me mettre au micro tout bientôt.

 

Et cette rentrée plus paisible me donne à voir des amis, comme aller manger une raclette chez une pote avec laquelle on a terminé il y a un mois son travail de validation des acquis, un véritable accouchement aux forceps – elle a mis un certain temps à redescendre sur terre, complètement perchée depuis ce printemps. Donc hier soir, petite fiesta autour d’une petite arvine et du four de table.

Dans la même ligne, il y a deux jours, retrouvailles avec le petit noyau de ma volée d’infirmière - on fête nos 40 ans de diplôme l’an prochain ! Va falloir frapper un grand coup. La petite dizaine qui se revoit année après année s’est revue devant un repas goûtu, chez l’une d’entre nous, royalement installée à la campagne. On en a profité pour revoir des photos de l’époque… et pour nous raconter nos misères de sexagénaires ou presque : rupture des ischio-jambiers pour l’une, irréparable parce que diagnostiquée 2 ans trop tard – un grand écart maison dans sa cave mouillée, assorti d’un fracas occipital et facial (dents supérieures cassées, déchirure labiale) ; encore heureux qu’elle ne se soit pas planté quelque part le grand couteau bien affuté qu’elle était venue chercher…

Une autre raconte son majeur pris dans son mixer, et les péripéties pour le dégager avant d’aller se faire panser aux urgences. Avec au passage la brillante idée qu’elle a voulu souffler à son mari ingénieur : « On rebranche l’appareil, on le met en route pour que je puisse sortir mon doigt… » Mais oui, bien sûr colinette, il nous manquait un peu de hachis ! 

Certaines commencent à devenir dures de la feuille…

 

Bref, des potes de longue date, et des plus récentes, comme celle vue hier, rencontrée il y a dix ans. Une virée en Valais pour aller voir une expo, suivie d’un arrêt stratégique pour une fondue en pays fribourgeois : on a eu de la chance de trouver une table, vu que c’était la Bénichon et qu’on ne l’avait pas prévue, cette fondue !  Et comme il y a peu, on lui a diagnostiqué et stabilisé une sclérose en plaques qui se manifeste principalement par des facultés cognitives ralenties, j’ai réalisé pourquoi on ne se voit pas plus souvent : au bout de 5 heures maximum, on commence à se taper sur les nerfs mutuellement. Pour ma part, je dois tenir compte du fait que même si je trouve mes explications claires, elle est parfois dépassée : malgré nos échanges par téléphone pour nous retrouver, je l’ai attendue 30’ devant la gare, car partie faire un tour pendant qu’elle finissait de lire les planches de BD des Schtroumpfs… et elle m’attendait à sa voiture, à 15’ de marche de là – j’allais pas revenir en arrière, vu que la gare était sur le chemin du retour ! Elle ne voit pas les panneaux indiquant le chemin de l’autoroute, et le sens de l’orientation lui fait défaut. Bref, autant d’occasions de s’agacer, car là où il est évident pour moi qu’il faut partir à droite, elle file de l‘autre côté.

Donc se voir tous les 3 mois, c’est bien, comme rythme. Parfois, l’amitié, c’est accepter de se voir moins souvent, mais mieux !

 

Quant à notre parente nonagénaire, en déliquescence totale foudroyante depuis janvier, elle est à l’abri en EMS. Le rythme de visites et les prétextes se rodent : une fois par mois, pour un midi ou un 4 heures. Et ne pas attendre de discussions fournies, lui prodiguer de la tendresse. On aura comme cadeau sous le sapin de Noël la nomination d’une curatrice qui va nous décharger de la merde qui nous est tombée dessus il y a 10 mois, administrative et Cie…

 

Voilà pour octobre, qui se termine dans 15 jours ; anniversaire dans un mois… et je commence à imaginer une fiesta avec musique années 70 à 2000, avec DJ, boissons à se préparer soi-même au bar selon recettes affichées, buffet sympa, le tout pour mes 64-65 ans, pour fêter retraite et compte mi-rond, au printemps 2025 ou quelque chose comme ça. Ça me vengera de mes 60 balais passés à l’as, en période COVID. Et hop !

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4 octobre 2023 3 04 /10 /octobre /2023 06:08

Premier dimanche d’octobre

 

7, 00 du mat’. Le jour se lève sur une météo sympa pour aller à un entraînement avec les filles entre 14 et 18 ans, même pas de menace de pluie … Je suis au taquet, juste un peu chagrinée par la réaction de contrôle de notre organisatrice, qui absente la semaine passée m’avait laissé les rênes - j’ai profité de la présence d’un « nuisible » pour l’utiliser à bon escient. Mais ça l’a heurtée. Je comprends qu’elle se méfie des pensées tordues de l’enfoiré qui a fait exploser notre club de base… mais je ne me laisserai pas impressionner par son attitude vindicative.

J’aime à penser que la bienveillance, prudente, est à cultiver même envers les trouducs, j’appelle ça de la diplomatie – certains peuvent penser à de la naïveté, OK, m’en fous, je continue de croire qu’il est bon d’attraper au vol les manifestations positives, de les valoriser ; et au minimum, de simplement manifester une certaine neutralité.

 

Alors… les maillots sont prêts, ça fleure la lessive. Les fruits secs sont dans le sac, le pic-nic aussi… la valise-pharmacie est prête… ah, la glace, oui, hop, la voilà en sac isotherme.

 

Prendre le bus, le métro. Acheter les croissants pour les 4 dans la voiture… 

Le timer bipe, il est temps d’enfiler chaussettes et pull, d’empoigner le barda et de filer tranquille dans l’aube. Clopes, briquet, pognon, ah zut, il serait bien d’avoir quelques coupures avec moi. Donc passer au Postomat, dis donc, j’ai encore du taf ce matin !

 

 

Bonheur de retrouver les gamines, d’en voir certaines réclamer le cake anglais aux épices que je fais habituellement. Là, trop chaud pour en profiter… c’est vraiment une recette d’hiver et de frimas.

Pour rire : je continue semble-t-il d’embarrasser notre big chief, en voulant la soulager… mais en mettant les pieds dans le plat. Elle en a rigolé, j’ai fait amende honorable en exprimant que si mes actes étaient dictés par un élan bienveillant, je vois bien que je mets le binz dans son plan. Et comme elle avoue son fort besoin de contrôle, et ben il ne me reste plus qu’à mettre mes réflexes de bonne âme du Seu-Tchouan au fond de ma poche, et à m’occuper de ma trousse de secours, tout en restant ouverte si elle demande un coup de pouce.

 

On a aussi échangé sur sa remise en couple avec son compagnon, après 4 ans de relation et une bonne pause salutaire, chacun de son côté, et pour la découverte de choses fondamentales au sujet de l’autre.

Ils étaient restés discrets sur leur séparation… et presque tout autant sur leur raccommodage. Mais à l’évidence, ils étaient repartis pour un tour. Et comme ces deux-là représentent mes parents de rugby – je leur dois presque tout pour comprendre ce jeu -, et bien ça me fait chaud au cœur de les revoir en couple, et je le leur ai dit, séparément.

 

Côté éducation pour les minots de l’Ecole du rugby, un nouveau moniteur se profile, avec autant d’expérience du jeu que mon binôme, et se préparant à faire sa certification de premier niveau.

Et pour ma part, après avoir rodé la construction de plans d’entrainement disparates pendant une année après ma propre certification, et après avoir bricolé de bric et de broc, littéralement, je constate avec mon binôme les choses prioritaires à travailler, en regardant les crotchons évoluer en tournoi : je veux à présent construire des plans axés sur un thème principal, qu’on travaille en continuité, de l’échauffement au jeu total.

Demain par exemple, on va travailler sur le raffut (écarter un plaqueur) et le tenu, donc le lâcher du ballon, mais en orientant son corps comme un rempart, en utilisant le hors-jeu.

 

Et j’imagine que la semaine suivante, on ira sur l’amorce du ruck (pour ne pas lâcher le ballon sans protection une fois à terre). Va savoir, ça dépend de ce qui va se passer demain, si ça rentre bien !

 

Quant à mon jeu à moi, j’attends le feu vert de mon chirurgien, probablement en janvier, pour renfiler les crampons en touch-rugby.

Et ma propre éducation se profile en étudiant possibilités et priorités pour mettre en place divers cours à suivre à Macolin : d’abord, premiers soins dans le sens de gérer les commotions ; et je rigole de me voir comprendre seulement maintenant l’usage de la vaseline sur une plaie ouverte ! Ensuite, arbitrage, car suivant le jeu de mômes de manière enthousiaste, j’en oublie de sanctionner les fautes, ou alors je provoque un arrêt de jeu alors que tout va bien et que je veux encourager, mais qu’au lieu de ça, sifflet en bouche… je siffle inopportunément. Et puis… formation pour accueillir les personnes en handicap… et enfin, si je peux me le permettre, un vrai cours de taping.

 

Bref, j’ai l’embarras du choix pour conforter et valider mon cours de base ; j’y suis obligée en suivant une session ou l’autre tous les deux ans – donc j’ai de la perspective pour plusieurs années, là.

 

Et c’est important pour ma santé mentale : cet été, en rééducation après mon opération, je me suis bien emmerdée. Le symptôme a été de me sentir attristée, et de grignoter à journée longue. Pas évident de différencier ça d’un éventuel retour d’un problème de thyroïde après sevrage médicamenteux. Et la preuve ultime que ma glande n’était pas en cause, c’est le test sanguin qui montre que tout va bien. Un probable Hashimoto contrôlé, en quelque sorte.

Cette rentrée, si riche, autant en rugby qu’en nouveaux mandats d’appuis aux apprentis, elle me regonfle le moral.

Ma semaine s’organise à ma satisfaction, et un nouveau client s’annonce, pour un accompagnement à la préparation du bac à la fin du printemps 2024… Mon profil de formatrice sur la toile m’amène plus souvent des personnes qui doivent apprendre à gérer leur haut potentiel, leur hyperactivité, leur Asperger, leurs dispersements… séparément ou ensemble, suivant les symptômes.

 

J’en ai fini avec le travail de validation des acquis d’une amie, avec laquelle le challenge a été relevé : l’accoucher de son processus de prise en charge en réflexothérapie, intuitif et comportant des lacunes de communication. La voilà lancée sur de nouvelles pistes… Et j’ai assez hâte d’arriver au mois d’avril prochain avec le jeune gars en apprentissage d’informaticien de gestion, pour poser son travail d’approfondissement. A raison d’une heure par semaine, on avance à pas de saucisson ! Mais il commence à capter comment continuer certaines choses seul, une fois la routine trouvée, démontrée et exercée ensemble.

 

Les Repair Café, c’est un peu au point mort, mais ça reste une distraction intéressante pour offrir une seconde vie à des appareils défectueux ou empoussiérés. Et un nouveau centre d’intérêt débarque, sous la forme du don de voix, en intégrant une équipe qui s’essaie à enregistrer de petites pièces de théâtre. Et j’ai retrouvé au passage ma chère Brigitte de Bordeaux, installée ici, largement à la retraite, mais toujours dynamique dans sa tête, engagée dans un projet d’habitation qui la booste.

 

Et finalement, sans voiture tout l’été, puisque mon petit cafard noir avait rendu l’âme et que de toute façon je ne pouvais conduire avant de pouvoir assurer un freinage d’urgence… je suis en train de m’organiser pour réintégrer une coopérative de véhicules, réservables, sur ma rue ou juste plus bas. C’est cool d’avoir sa propre bagnole, mais ça coûte un bras. Je n’en ai plus besoin qu’occasionnellement, deux fois par semaine, pour le rugby… et je refuse désormais les mandats en-dehors de ma localité élargie.

 

Voilà les dernières nouvelles du front. Et comme j’ai de moins en moins besoin de prendre des anti-douleurs, et que je peux désormais entamer un léger pas de course, j’attends de pouvoir me remettre à courir vraiment, quand ce sera le moment. Pas courir après le temps, mais courir au sens propre : même la tendinite primaire résultant du déséquilibre du bassin, en train de se corriger après la pose de prothèse de hanche, elle est en train de disparaître.

 

Mais que demande le peuple !

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25 septembre 2023 1 25 /09 /septembre /2023 06:24

 

 

Un été oisif, c'est bonnard quelques jours, après, ça devient pesant, en l'absence de projet de vacances à l'étranger.

Juillet et août de cette année, privée du rythme « rugby » et morose d’inactivité (rééducation et prudence post-op...), j’ai pu néanmoins participer en dernière minute à une semaine de stage pour les gosses du littoral, en boitillant parfois sur ma canne, et en m’offrant une piqûre d’abeille au pied (pendant les 5’ où j’ai retiré mes pompes pour pouvoir jouir du contact de l’herbe moelleuse…).

Peut-être que j’y participerai de nouveau en 2024… mais surtout, l’an prochain, je tâcherai de participer à un autre stage, plus loin vers Genève.

Ceci sous réserve que je puisse m’insérer dans le rôle qui me convient, soit un échange de bons procédés : ma présence de soignante qualifiée, contre le privilège de venir observer des coaches dans leurs interventions, et d’y trouver de quoi alimenter mon propre projet d'initiatrice au rugby, intéressée à ne pas réinventer la roue et à profiter au maximum de l’expérience de vieux routards.

Le reste, soit me trouver acculée à devoir faire de l’administratif, de l’intendance, c’est « nein ». Déjà, j’avais accepté à contrecœur, pour ce stage du littoral, de me farcir la tenue du bar et l’organisation des prises de repas - bien contente qu’on m’accepte au dernier moment.

Et hier, j’en ai retâté, avec un autre engagement de rugby, et à mon grand dam, au final… c’était de trop : je me suis retrouvée à me faire chier avec des choses qui me gonflent, sans pouvoir profiter de ce que j’aime. Je veux bien seconder de manière ponctuelle, mais me faire refiler des tâches que j’abhorre, oh non ; et me faire mettre la pression parce que la personne qui remplit ces rôles s’était organisé un week-end sur France pour assister en famille à un match de Coupe du monde, euh, je raffole pas de ce genre de situation, mais elle était supportable jusqu'à ce qu’une autre personne, qui avait également prévu de quitter le stage de la Nati dans la même voiture que moi, impose de quitter le stage au plus tôt pour partir… en France aussi, pour voir également un autre match de Coupe. J’ai donc dû me décharger de la gestion du vestiaire et de sa fermeture, et je n’ai pas aimé perdre ainsi la vista de ce qui m’avait été délégué.

 

 

Le stage de cet été m’a également donné de tâter de la collaboration directe avec une forte tête native d’Afrique du Sud, l’organisatrice… avec laquelle je tente de plancher sur un projet de développement du rugby féminin. Et hier, présente au stage de la Nati, elle a proposé de l'aide pour l'accueil et l'administratif; j'en veux bien, de l'aide, mais en me laissant le guidage.

...

Elle et moi, on n’avait pas encore trouvé de moments, depuis presqu’une année, pour aborder la base au sujet "développement du rugby féminin par ici". Et comme elle était présente hier, on a pris quelques minutes pour parler du projet  concernant les demoiselles en déshérence de suivi entre la fin de l’Ecole du rugby et leur majorité sportive, qui leur permet de rejoindre une équipe senior.

A la place du dialogue collaboratif que j’envisageais, l’ambiance a tourné à ce que j’hésite à qualifier de prise de pouvoir, vu que je suis tout-à-fait prête à laisser les rênes à quelqu’un d’autre qui aie la carrure d’un chef de projet – rôle qui ne me convient pas – faut en effet chercher l’appui et le pognon des instances déléguées à ce développement, pondre un mémo et budget, etc. Tout ce que je déteste.

Lors de cette non-discussion, mes idées ont été balayées d’un revers de main ; les précieuses observations qu’on avait faites avec les 2 coaches précédents, et dont on avait tiré des leçons pour réfléchir à des moyens de rendre attractive la fréquentation d’un Pôle féminin… reléguées au placard.

 

J’avais en tête de profiter d’un mouvement général, c’est-à-dire que les filles ne venaient plus, pour certaines, car elles tâtaient d’autres disciplines : une des idées maîtresses était de ne pas poser de jour d’entraînement, mais de se caler sur des soirées d’initiations dans des sports qui peuvent apporter quelque chose en matière de coordination, de mobilité, etc. : donc au programme peut-être : krav-maga, badminton, squash, escalade sur mur, accrobranche, parkour, lutte à la culotte…

Et même de la pole dance (ça a l’air de rien, mais essayez d’être fluide tout en restant solidaire d’un poteau, ça demande des muscles d’enfer, un gainage impeccable et de la concentration en masse !), et pour celles qui peinent à s’exprimer sur le terrain (appeler une balle, ça doit se faire d’une voix de stentor !), de la pose de voix… Cette dernière idée émanant de l’ancienne initiatrice du projet… et que je trouve d’une grande pertinence.

 

J’envisageais même un petit déplacement sur un week-end en extérieur, à Villeurbanne, le premier mur de pelote basque disponible à la ronde… j’ai été rendre visite au club en question ce printemps, et outre l’ambiance qui est très proche de celle du rugby (c’te soirée au bistrot basque, la vache, c’était gratiné !), tâter de la « paleta », une raquette en bois, c’est tout-à-fait dans la ligne des tirs de précision et du placement stratégique. Et si c’est faisable une fois à l’avenir, faire la même chose pour aller en Euskadi voir de la « cesta punta », la pelote avec le panier en osier allongé,  et même s’y essayer, pourquoi pas ?

 

Au lieu de ça, paf, la nouvelle venue sait déjà ce qu'elle veut: poser une date par mois pour une matinée de week-end… alors que précisément, ces créneaux sont très occupés par un projet voisin, et découragent les filles d’obérer plus encore leurs week-ends. Justement l’argument qui était mis en avant pour ne pas venir…

Mais l'énergie de la volontaire est plus que palpable, et elle apporte précisément ce qu'il faut: un cadre, l'élaboration d'un budget à présenter aux instances prévues pour soutenir ce genre de projet. Par ailleurs, tout en assurant qu'elle ne veut marcher sur les plates-bandes de personne, elle se goure un peu de parcelle de jardin, car même les obédiences ne sont pas claires : alors que l’initiatrice principale s’était retirée du projet pour m’en laisser responsable, l’intéressée à reprendre le flambeau continue à se référer à elle.

 

Bref, tout ça me renvoie à ce que je sais de moi : je suis une passeuse, une relayeuse, une sage-femme. Et je me fous que mes observations ne soient pas prises en compte, pourvu qu’un projet solide tienne la route !

Mais ce qui se dégage de plus en plus nettement pour moi ces dernières années, en approchant de la période de retraite où mon objectif est de ne garder que les activités qui me nourrissent l’âme, le cœur et le corps, c’est que je ne tolère plus d’avoir affaire, et surtout pas dans du bénévolat, à des personnes trop autoritaires.

J’ai eu l’immense chance de trouver un poste de semi-indépendante, et le privilège de pouvoir choisir mes missions pourra désormais prendre le pas, définitivement, sur l’obligation de gagner ma vie en étouffant mes valeurs. Alors en reprendre sur le bât dans ma vie privée, no way.

 

Je vais donc lui offrir mon aide pour que le mémo soit OK question rédaction (elle est anglophone), et annoncer mon retrait au moment adéquat, en argumentant que je suis engagée auprès de l’Ecole du rugby et de la Nati junior féminine, et que plus, ça me ferait trop. OK pour intervenir en organisant en surplus des soirées d'initiation, et plus OK pour assurer des accompagnements de coach - je ne suis pas assez qualifiée en rugby pour m'occuper de filles de ce niveau, et c'est quand même des moments qui sont bloqués sur l'agenda. Et mon corps se fatigue plus vite, avec l'âge, besoin de ventiler des moments de repos assez conséquents. J’ai d’ailleurs déjà renoncé à un autre projet, bénévole, mais qui m’apportait pas mal de choses - certes collaboratif, mais dont j’ai également testé les limites en les confrontant avec les miennes.

 

Et les miennes, c’est de me sentir partie prenante de quelque chose où je peux apprendre, restituer, pratiquer la loyauté en équilibre, et c’est déjà du travail de trapéziste de maintenir la balance entre m’occuper des petiots de l’Ecole du rugby et accompagner des adolescentes vers l’autonomie et peut-être la Nati senior - car mon rôle auprès de ces jeunes filles, jeunes femmes, c’est à présent de les responsabiliser de se maintenir à l’abri de blessures prévisibles, et en forme.

 

Ce dernier point, c'est toute une éducation. à écouter son corps, à reconnaître des symptômes, à faire de la prévention pour ne pas tourner de l'œil. A prendre un léger antidouleur au bon moment, pour que ça n'empire pas tout en gardant sa fonction d'avertisseur.

Car hier encore, j’ai chopé une des nouvelles, 13 ans, pour l’obliger à absorber une compote vu qu’elle n’avait pas déjeuné et commençait à se sentir mal. M'enfin, moi non plus je ne déjeune pas aux aurores, mais je prends avec moi une collation pour le moment où mon estomac se met à gargouiller! Et ça, je l'ai appris relativement tard, donc c'est pas un reproche que je fais, faut faire ses expériences et en tirer parti.

Au passage, la pré-ado en question nous tient un discours extrêmement exigeant envers elle-même, se fustige de se trouver nulle après ... 3 premiers entraînements... et trouve même moyen de me demander si je pense qu'elle peut devenir une championne de rugby! Oh, on se calme...  Du coup, en retournant sur le terrain pour un match amical, je profite de lui montrer les bases d'une passe correcte. Rien que ça, c'est pas de la tarte à apprendre, alors elle a du boulot pour apprivoiser les quelques 20 gestes techniques nécessaires, et la stratégie... avant de penser à plus. Et comme elle n'a pas encore fait connaissance avec les pétées qu'on peut se faire au rugby, elle manque de recul.

De même, aux pépettes qui ont déjà une récente blessure à tenir à l’œil, je tiens un discours qui insiste sur l’anticipation : entorse de deux-trois semaines, attelle puis plus rien du tout du jour au lendemain, et ne même pas se protéger la moindre en venant au pitch, non mais tu rigoles – viens au moins avec ta bande de contention et ton scotch, et pose-la toi-même. Il y a aussi de quoi faire avec celles qui font connaissance avec leurs menstruations, et doivent apprivoiser la douleur par exemple, en la tenant en respect. Moi, je dois pouvoir m'occuper seulement des accidents.

 

La sagesse populaire française manque d'un proverbe pour exprimer qu'avant de savoir ce qu'on veut, il faut souvent cerner ce dont on ne veut pas. Le seul que je trouve de plus approchant se réfère à Cocteau " ... la jeunesse sait ce qu'elle ne veut pas, avant de savoir ce qu'elle veut ".

Alors mettons que pour tout projet qui germe, il y a le temps de sa jeunesse, et que le laisser mûrir amène à la bâtir en abandonnant les surgeons non-viables.

Je me sens très jeune, là, pour le coup!

 

 

 

 

 

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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 07:01

 

5 00 du mat’, j’ai même pas de frissons, Monsieur Dutronc.

Mon pack est prêt pour aller à l’autre bout de la Romandie, en journée de rugby avec la Nati féminine junior. Je me réjouis de revoir ces gamines qui prennent du coffre, apprennent à se connaître – un jour ou l’autre, certaines se retrouveront en équipe nationale.

La pharmacie est prête, les compotes, biscuits et fruits secs aussi. Je pars chargée comme un baudet, à mon rendez-vous voiture en haut de ville…

Je ne conduis toujours pas, bien que ma hanche me le permette : plus de bagnole, mais des gens prêts à faire un détour pour me choper au passage… Et surtout ainsi, j’ai un moment pour causer avec mon président d’école de rugby, parler de choses et d’autres, de ce que je ne pige pas encore dans le vocabulaire des « gros », traduisez « les avants », ceux qui sont responsables des gestes techniques (mêlée, touche c’est-à-dire remise en jeu depuis le bord du terrain, …) et les arrières, supposés moins baraqués mais pas forcément, qui galopent pour aller poser un essai, en général. Si j’avais commencé plus tôt cette discipline, je serais probablement pilier, et j’aurais demandé à être placée à droite, histoire d’assurer la symétrie des oreilles, question déformation.

 

Pour le vocabulaire, faut s’accrocher, et j’en fais un point d’honneur, car c’est indispensable pour comprendre ce que c’est que d’être « en retard » ou « en avance », ou de mettre sa tête à l’intérieur ou à l’extérieur en placage – donc, l’enseigner ! Et puis « pod », « diamant », des positions défensives, je vous casserai les pieds une autre fois avec ça. C’est pas encore important pour les riquiquis que je forme, entre 5 et 8 ans faut que ce soit fun, d’abord, et c’est déjà pas mal si on y arrive tout au long d’un entraînement. La concentration n’est en effet pas toujours au rendez-vous (6 ans = 6 ‘ d’attention, 8 ans = 8’…), les guignolades de certaines paires de gamins me gavent…) et je passe pas mal de temps à réorienter la tête des distraits qui s’intéressent tout-à-coup à ce que font leurs aînés au lieu d’écouter les consignes, ou un papillon qui passe… en plus de séparer les « couples » de clowns. Il y en a qu’il faut cadrer souvent, plus que d’autres - d’autres à encourager particulièrement, quand ils font un truc super ou qu’ils ont compris une astuce.

 

Chacun est un petit monde à évaluer : par exemple, la crouillotte qui a pris 10 cm cet été, qui ne cause qu’à certaines personnes, mais n’a pas peur du contact. Un autre, qui fait le pitre, adore visser ses passes alors qu’il ne maîtrise pas la direction, dégage au pied sans regarder où (merci mes lunettes…), et adore les câlins (à ne pas trop risquer avec certains gus qui détestent).

Donc cette année, ça s’est passé pour moi, fraîche émoulue de Macolin (centre d’entraînement sportif suisse, où l’on va quêter ses certifications), comme une période-test où je mets en pratique la collaboration avec mon binôme, un jeune gars qui rugbyte depuis l’enfance alors que je ne traîne mes guêtres sur les terrains que depuis 3-4 ans, confinement COVID compris. J’ai mon brevet fédéral de formatrice d’adultes et la seule différence avec la prise en charge des mômes, c’est que ceux-ci sont comme des éponges, faut leur donner à boire, j’apprends à réajuster mes principes sur la recherche du fun pour continuer à intéresser les têtes blondes.

On se complète bien avec mon jeune compère. On met en place, avec le préz, ce qu’il me faut pour capter des subtilités d’arbitrage pour cet âge…en attendant que j’aille faire mon cours, qui ne va pas m’ouvrir les portes de l’arbitrage en soi, mais me donnera de précieuses indications pour assurer un cadre général – trop souvent, je m’enthousiasme pour le jeu, et mon sifflet en bouche, stoppe le jeu alors que je voulais juste dire « Ouéé, c’est bien, vazy !!! »

On verra plus tard pour d’autres cours, que j’envisage sérieusement : « prise en charge des personnes avec handicap », car même en infirmière chevronnée, je me trouve parfois démunie pour intégrer un lulu autiste léger, mais perturbateur pour moi. Quoi d’autre… ? Ah oui, je voudrais aussi faire mon cours officiel de soigneuse, car l’évaluation de la commotion est encore un léger mystère pour moi… plus habituée à faire de quoi quand quelqu’un se tape une hypoglycémie ; même là, j’ai affiné ma prise en charge (un sucre de raison, voui, mais avec autre chose derrière, un fruit sec par exemple, pour éviter le syndrome de retombée rapide du taux de sucre dans le sang - nausée, énergie en chute libre).

Et puis, apprendre à faire du taping sérieusement, avec les principes… là je navigue à vue avec mes tutos auto-produits, et en axant mon intervention sur le symptôme et le signe – ne pas confondre, le premier c’est ce que la personne ressent et me raconte, et parfois faut leur apprendre à le dire… le deuxième, c’est ce que je vois moi-même. J’ai déjà repéré que les bandes collantes élastiques de couleur, c’est fun, mais pas efficace pour les blessures et fragilités comme les menaces de luxations de l’épaule. Responsabiliser les grenouilles d’apporter leur propre matos, au lieu de compter sur moi qui ne devrait utiliser mes bandes qu’en cas d’accident.

 

Voilà, j’ai de quoi faire pour progresser encore, et c’est la meilleure stratégie pour ne pas me lasser de ma nouvelle passion, qui me tient quand même depuis bientôt 4 ans, un record de longévité pour une hyperactive comme moi, qui se fatigue vite quand ce n’est pas assez complexe.

 

Avec mon président et chauffeur en cette période de non-conduite, on cause aussi de décisions arbitrales qui nous laissent perplexes. En coupe du monde qui se déroule actuellement en France, par exemple, valider un essai qui n’est pas contrôlé par le joueur, mais simplement sur la base du fait que son coude était en contact avec le ballon, lui-même en contact avec le terrain…ben même moi ça m’a laissée sur le cul.

Bref, je vois que je comprends de mieux en mieux les dilemmes, je cerne ce qui me fait me gratter la tête et revenir en arrière sur un enregistrement de match (ki ka fait koi, quand c’est sifflé, et même sur les gestes qui annoncent la faute, je suis pas raccord !)

 

Voilà, j’ai encore du pain sur la planche, et c’est bien : la retraite est proche, et c’est un privilège de disposer d’un champ de découvertes à explorer quand j’aurai tout mon temps, à part les appuis des apprentis, où je prends un pied certain !

Découvrir cette famille du rugby, avec le club qui m’a formée, ses prises de bec qui se résolvent en hugs, ou en prise de distance quand décidément, les caractères ne s'accordent pas… les valeurs formatives pour la vie en général… c’est un cadeau que je me suis offerte à la soixantaine, et qui m’en apprend toujours plus en matière de communication.

Car gagner la salutation et le sourire d’un petit péteux qui se la raconte, en avance sur tout le monde, parce que fils de rugbyman et coach, c’est un trésor que je mets en réserve. On peut ne pas s’aimer, je suis pas copine avec tout le monde, mais quand un pont se crée, faut marcher dessus tout de suite !

 

Et tu vois, lectrice (teur), quand une des rares filles de l’école vient à moi pour parler, poser une question… quand on se taquine mutuellement, qu’on se prend aux bras – à cultiver tous azimuts, car le bisou se pratique volontiers dans ce monde, même entre gars… ben c’est aussi cadeau pour moi.

J’ai même fait école avec ma préférence pour la bière sans alcool, désormais on en trouve au frigo !!!

 

Alors ces gens-là, qui m’ont tout appris, je les salue en bloc, merci !!! Et d’abord d’avoir agréé ma demande de suivre les entraînements de l’Ecole, au tout début… tu sais… au temps où je n’avais pas encore le réflexe de reculer derrière le ballon… même les remontrances du coach des 14-16 ans, un peu injustes car les gamins me consultaient, me prenant pour une coach alors que je ne l’étais pas et de loin, et que j’apprenais en même temps qu’eux, ou en retard sur eux, même ça, j’ai passé par-dessus, et appris que dire et montrer aux gosses que je pouvais me planter, c’est aussi précieux que de de montrer ferme pour sanctionner une faute.

Tiens, c’est marrant d’ailleurs, parce que j’oublie souvent de prendre mon sifflet… mais va falloir que je pense à avoir des pastilles pour la gorge, parce que quand les crotchons sont électriques, je dois souvent donner de la voix, elle fatigue ! D’autant plus que je n’ai pas une voix de basse-baryton qui porte. Encore heureux que je sois alto…

 

Remarque au passage : ma forme psychique, qui branlait au manche cet été, je la retrouve à présent que le jonglage revient, entre la Nati, l’Ecole, les tournois qui se télescopent parfois sur l’agenda. Avec la pause-vacances de 8 semaines, les sorties limitées pour d’autres raisons, ma rééducation après la prothèse de hanche, et la canicule, ben ça m’a fait recontacter certaines morosités, que je pouvais aussi attribuer à l’arrêt d’un médoc dont je n’ai plus besoin… mais c’est juste d’avoir été démobilisée qui m’a mis le moral en berne. Donc là, je revis !

 

Oh, il est 7 00, va falloir que je déjeune, moi, avant d’endosser ma tenue pour aller à Neuch’, et d’embarquer mes valoches, passer à la boulangerie… et aller prendre le bus et le métro pour monter au rendez-vous. On va commenter en voiture la rouste que les sud’afs, champions du monde il y a 4 ans, se sont pris hier soir par les irlandais… ce sport, c’est plein de surprises, lorsque des outsiders ont bossé comme des malades pour augmenter leur niveau, et que des équipes réputées imbattables se font doubler au score. La suprématie des All Blacks, elle a souffert cette année !

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17 septembre 2023 7 17 /09 /septembre /2023 05:13

 

 

Oh ben tiens, et pourquoi pas… L’ADN des 4 pattes relevé, les amendes vont pleuvoir sur les proprios, qui vont se retrouver Béziers…

En même temps, sur les réseaux, une vignette en italien tente de devenir virale : « La crotte de ton clebs, elle arrive sur mes mains quand je roule en chaise… maintenant que tu le sais, tu vas la ramasser ? »

 

Voilà voilà. Le test est gratuit, bon, c’est déjà ça. Et après… je suis curieuse de savoir à qui ça va rapporter du fric, ça. Parce que le créneau juteux qui consiste à amender celui qui ne récolte pas la merde de son toutou, je conçois ça bien mieux qu’un souci de civilité. Je cherche la petite bête : la merde canine pourrait être bienvenue au pied des arbres, un engrais comme ça, pourquoi pas… zut, comment faire… je sens que ce cas de figure va atterrir dans des bêtisiers, qui font leur beurre par exemple en repérant des lois débiles. (Etats-Unis : lois absurdes, incompréhensibles et dépassées - Tour du monde Seniors Retraités (seniors-en-vadrouille.fr)

 

C’est moi ou ça tourne au grotesque, tout ça… autant que ce contractuel français qui fout des PV à tour de bras (à Castres ?) à des porteurs de macarons, quand le pare-brise est givré et qu’il ne peut pas voir la vignette, du coup… Une lecture de règlement un peu trop pointilleuse, une peur de ne pas satisfaire l’autorité… on pousse les gens à la faute, là, car imaginons que l’on se surveille entre contractuels, qu’on se dénonce quand une certaine souplesse peut passer pour de la laxité.

Ou alors on leur fait cultiver l’appât du gain : 600 euros de prime à l’équipe qui a le plus amendé la population ( PV : prime de 600 euros pour les policiers les plus zélés | TF1 INFO) , c’est une réalité… ou alors un hoax de taille, et j’y plonge avec délices : quand on fait de l’humour comme ça, c’est rarement sans lien avec les faits.

 

Sans déconner ! Dans ma ville, si tu jettes ta tige par terre et qu’un flic te voit, amende, paf. Je suis d’accord de virer la dernière cendre de ma clope, et de conserver le mégot éteint jusqu’à ce que je croise une poubelle… c’est tout ce que ça a changé pour moi. On en devient très habile à pratiquer la pichenette sur le bout incandescent, sans se brûler. Augmenter sa motricité fine à passés 60 ans, waow !

Ça me rappelle l’ambiance dans laquelle baigne le citoyen lambda dans « Minority report » : pas moyen d’entrer dans une rame de métro sans se faire repérer avec son empreinte rétinienne, pas moyen d’entrer dans un magaze sans se faire harceler de pubs nominatives…

 

C’est quoi, la délinquance, pour finir ? En correctionnelle pour délit de pensée ? Autre dystopie qui fait froid dans le dos : « 1984 », Georges Orwell.

 

J’ai même repéré cette tendance dans mon ex-monde du travail : délation encouragée entre collègues… sous prétexte de protéger le patient. Oué, c’est ça, bien sûr. Jamais utilisée pour faire virer quelqu’un qui dérange, hein.

Je souhaite vivement à ce genre de judas de vivre eux-mêmes cette situation, à leur grande stupeur, sur une peccadille devenue un crime.

 

Que les valeurs changent, que la société s’améliore en pensant aux plus vulnérables, oui, je prends. Mais la connerie à laquelle confine l’usage de la technologie, ça devient carrément savoureux !

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4 août 2023 5 04 /08 /août /2023 10:54

 

Je viens de voir le film, le livre je l’ai lu il y a des années de ça.

 

Dénoncer la réalité du chômedu et des trucs débiles à faire juste pour pouvoir bénéficier des allocs (par exemple, en repasser par un cours où on revoit des trucs qu’on connaît par cœur / aller s’énerver sur place parce que les allocs n’arrivent pas bien qu’on ait tout mis en ordre côté paperasse – merci la technologie, le bug informatique ça existe…), ouais, je comprends l’idée. Je vis la même chose depuis maintenant 5 ans, et j’ai encore au minimum 18 mois d’avanies à endurer avant de pouvoir souffler, à la retraite.

Je peux parler de la précarité, quand ton délai-cadre est recalculé deux fois de suite à la baisse, et qu’il faut se résigner à abandonner la bagnole, ce luxe qui ne le paraît pas… accepter un job de merde pour prouver sa bonne volonté au chômedu...  envisager les Cartons du Coeur … je peux parler de l’angoisse de ne pas pouvoir honorer des factures basiques, pas élevées dans l’absolu et en situation normale, vivant modestement depuis toujours… je peux causer de mon malaise dans le monde du travail qui devient fou, en supportant de moins en moins de bosser avec des abuseurs conscients de l’être, ou pas, car obligés de travailler pour des abuseurs (un peu le syndrome de Stockholm !) ; de mon erre, de taf en taf en cherchant où je serais bien – je demandais pas grand-chose, juste de pouvoir travailler en accordant mes valeurs avec celles des jobs …

Pour finalement trouver un rythme de croisière prudente, du cabotage plutôt que la haute-mer, au prix d’un porte-monnaie devenant de plus en plus difficile à gérer, mais d’un accord accru entre mon éthique et les sous qui rentraient : me réorientant dans la formation et le coaching en soins, j’avais abandonné ma profession de base de soignante, réputée mal payée mais qui m’avait longtemps laissée dans l’illusion que je vivais bien.

Le stress qui m’a rongée de longs mois, en me demandant comment j’allais faire pour garder le minimum de marge financière, je peux le décrire et en mesurer les impacts ; et heureusement que pour finir, je travaille depuis 5 ans dans un autre domaine, pour lequel je me suis formée avec mes propres moyens, et que je vis de manière à peu près décente. Comme ça, je peux arriver dans dix-huit mois à un moment où ce que je gagne ne sera plus déduit d’une alloc de chômage, mais s’ajoutera à ma rente de vieillesse.

Là, je me sens honnête avec moi-même, astucieuse, capable de faire face aux vicissitudes. On en apprend à tout âge, car ça vicisse en tous temps, et en tout lieu.

 

 

Bref.

Ne sachant trop quoi penser du livre à l’époque, là, en voyant le film, je cerne mon trouble.

 

La démarche d’Aubenas me paraît bancale, car elle suppose une certaine arrogance devant le respect à cultiver avec les gens qu’elle côtoie au bout de la serpillère et du balai à merde. Une vision partielle, partiale - je me méfie des gens qui prétendent dénoncer une situation, en cachant leur identité et leurs motivations… partir en croisade, houlà, risky business.

 

L’embêtant, c’est que les amitiés nouées sur une base de tromperie, le livre n’en dit rien, sur l’après, quand Aubenas retourne à sa vie un sacré cran au-dessus… enfin il me semble, car je ne retournerai pas lire ce bouquin pour m’en assurer, j’aurais l’impression de plonger les mains dans un bac d’eau de vaisselle grasse et pleine de déchets.

 

Dans le film, par contre, quand la conteuse est démasquée, et à la parution de son livre qu’elle dédicace, l’intransigeante Christèle, son ancienne compagne de galère, tente à son tour de lui rendre la monnaie de sa pièce en l’invitant à remettre l’uniforme et à revenir nettoyer les chiottes une seule fois… eh bien ni l’une ni l’autre n’en sort grandie. J’aime pas cette prise d’otage chacune son tour, ça ressemble à de vieilles factures qu’on fait payer à des gens « pas dommages », ou qui méritent punition selon des codes propres à chacun : un chantage affectif avec plein de ramifications éthiques et morales… quant à l’écrivaine, retournée à sa jolie vie, la réaction du personnage frise le mépris gentillet et abuseur qui se fout de ce qu’elle laisse derrière elle comme dégâts, tout en pensant avoir payé de sa personne : elle a spolié des affections spontanées, ou qui ne l’étaient pas de son côté justement, puisque son intérêt à entrer en contact avec les nettoyeuses était porté par la mission qu’elle s’était auto-attribuée. Que penser de quelqu’un qui prétend être copain avec vous, tout en visant votre trésor de vie, quel qu’il soit ? Et une fois qu’il se l’est approprié avec profit (fric ou aura journalistique), se barre sans préavis ?

 

Je suis allée sur Wikipedia pour comparer les réactions respectives au livre et au film. Certains commentaires en langue de bois me font dire que les critiques qui ne l’ont pas franchement encensée n’ont pas vraiment osé livrer le fond de leur pensée.

Quel est le message du réalisateur, finalement ? Et Binoche a-t-elle mesuré l’impact de prendre ce rôle ?

 

Ça schlingue du bon sentiment qui se prend lui-même au piège de sa candide prise d’armes, on finit par se blesser soi-même au fil de sa propre épée.

Et le mystère subsiste dans l’article sur le livre, quant au type de relation que peuvent avoir depuis lors, l’auteure et ceux qu’elle a leurrés en prétendant les défendre.

 

Il y a eu une période de ma vie où j’ai côtoyé les camé(e)s et les péripatéticiennes de ma ville, en assumant des soirées de prévention des risques dans un petit bus itinérant où on faisait un échange de seringues et une distribution de matériel (présés, lubrifiant, mouchoirs et gants en latex), en offrant également boisson et accueil.

J’y ai appris que le respect passe par un constant réajustement de pensée, pour abandonner tout comportement de sauveteur condescendant. C’est pas facile à faire, ça demande du travail de réflexion et d’auto-examen de conscience. Il s’agit d’entrer en contact en se scannant systématiquement en attitudes et en paroles, pour être là, simplement, et offrir du contact humain, éventuellement des pistes pour trouver des ressources dans l’environnement, et surtout, surtout… sur demande. Choix de vie ou pas, ces filles qui se vendaient parfois pour se payer de quoi supporter le vécu et le quotidien, ou pour envoyer de l’argent pour les soins d’un enfant handicapé resté au pays du tiers-monde… qu’est-ce qu’on en avait à cirer de juger leur mode de vie, franchement.

 

Et je me rappelle d’une volontaire bien-pensante, croyante et pratiquante, qui est tombée de haut : elle pensait venir faire de la prévention de la prostitution, ah, là il y avait maldonne, claro. Elle est vite partie.

 

Mais pour qui se prend-t-on quand on se pense même un chouya supérieur, de ne pas être tombée aussi bas ? Aussi bas que quoi, en fait… nombre de couples ont vécu dans un accord tacite, de société, où la femme couchait avec son mari, enfantait et éduquait en échange de toit, de protection, d’un certain niveau de vie, même modeste.

Et débarquer chez les femmes de ménage en prétendant vivre la même galère, alors qu’on peut retrouver à tout moment son petit filet de confort et sa sécurité, c’est quoi, ça ? Un petit shoot mental d'adrénaline ?

 

Je sais pas ce qu’il aurait fallu faire pour sortir de l’imposture décrite dans le livre et le film, en étant moins blessée ou moins blessante, mais le prix à payer, je le trouve moche, relou et nauséabond.

 

 

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