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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 11:15

 

 

Je chuis chuicheche. Suissesse.


CH.


Confédération helvétique. Non, bon, hein, je dis ça pour que ce soit bien net, hein, au cas où quelqu’un n’aurait pas capté.

 


 

         Vous savez bien, je fais partie de ces gens qu’on pense richissimes, mais qui en fait peuvent peiner à tourner quand ils ont une famille à faire vivre, tant les services, les impôts et les assurances coûtent la peau du tchû chez nous - un tiers de plus que dans l'UE, je viens de l'apprendre... Comme je ne suis pas chef de famille - tout juste responsable d'un Zorro à moustaches - je veille à maintenir l’équilibre, en bossant ce qu’il faut pour m’offrir ici et là quelques menues sorties et voyages amicalo-gastronomico-culturels (et quelques croquettes de luxe ici et là pour qui vous savez)... et surtout, je fais ce que j’aime faire : former, écrire, parfois les deux en même temps. Ce qui me fait mouiller, professionnellement parlant, c'est de donner l'accès à la connaissance et à l'autonomie à ceusses qui n'en veulent (les autres, je désespère pas, à force de leur coûter cher comme écrivain public, p'têt ben qu'ils vont préférer apprendre).

Ici et là, des gens bien intentionnés s’angoissent à ma place au sujet de la petitesse de la retraite qui me guette. Bah. Puisque je me botte assez à donf' dans mon taf, pourquoi m’arrêterais-je à un âge prédéterminé qui ne tient aucunement compte du fantastique pouvoir de jouvence que représente un travail qu’on adore accomplir ?


Mettons que je sois privilégiée de pouvoir penser et agir selon mon credo de décroissance, OK.

 


Mettons aussi que j’aie le temps de bien me prendre le chou avec de menus soucis d’éthique et de morale. Comme au sujet de ce que Micheline Calmy-Rey a dit au sujet de la bascule éventuelle de la majorité de notre exécutif fédéral vers une majorité féminine – pour info aux esstrangers du dehors, la dame en question est une de nos conseillères fédérales, et cet automne les chambres vont élire deux nouveaux conseillers (ères). Ils sont sept nains en tout, plus Blanche-Neige - heuh pardon, le chancelier - qui, je suis hilare de le signaler, est ces temps-ci une chancelière, et même pas la première, en plus!

Alors d'abord, hein, Bouddah est grand, y'a pas à dire : songez donc que la première femme dans la place forte, c'était en 1984... et que tout juste un quart de siècle plus tard, on en est à chouiner sur "plusse de femmkedomm au pouvoir suprême?" ! Fâââh. On n'arrête pas le progrès.


Micheline, elle est comme tout le monde, hein, y’a à prendre et à laisser, voilà, vivons en paix. Hé ben elle a dit, Mimi, que fallait quand même penser à l’idée de la représentativité en politique que se font pas mal de nos concitoyens … et que plus de femmes que d’hommes au pouvoir suprême, c’est, du coup, pas téroche pour la crédibilité du Conseil fédéral. A l'heure qu'il est. Bah, il n'est jamais que mi-nuit, Docteur Schweitzer.


     Mais bon; je crois pas que ça lui fasse immensément plaisir de faire ce constat, à Micheline. « Hê », comme dirait d'un air finaud la blonde de la pub « Marques-repères » de chez Leclerc. En attendant, cha a fait un carton, et les dents bien serrées aussi: tollé chez nos féministes locaux. Michou au pilori, houh-la–vilaine, trahison de son propre sexe, insultes et Cie à la moitié de l’humanité suisse (je commence petit, hein, prudence Hortense, la mondialisation de la parité, c'est pas pour demain - pour le partage de la connerie, par contre, on est bien au point, no souçaille).


 


Aparté: tiens... ça me rappelle les remarques débiles et psycho-rigides quand Mimi a mis un foulard sur ses cheveux pour rendre une visite diplomatique à un dirigeant musulman… la reconnaissance d’autres valeurs, c’est pourtant une quittance indispensable pour pouvoir ouvrir le dialogue ; quand on est au service d’un peuple, il y a sûrement quelques principes persos sur lesquels il faut ici et là s’asseoir, même si ça fait un peu mal au joufflu. C'est sûrement pas de gaieté de coeur qu'elle a mis ses mèches sous tente, Mimi - en plus, ça doit coûter bonbon à entretenir, comme look.


      Tsââ. Micheline a le cœur à gauche, et il n’y aucun parti des femmes en Suisse, que je sache. Par contre, qu’est-ce qu’on vous guette constamment au contour quand vous en êtes une … faut toujours être meilleure que l’homme pour le même poste, toujours veiller à pas se faire entuber sur la fiche de paie… mais aussi, faudrait voir pour laisser la parité s’installer dans l’intendance familiale et l’éducation des mômes, les mecs sont pas épargnés non plus, et la mauvaise foi si bien partagée... yiiik, je m’égare, je m’égare. En tous cas, stéréotypes pas morts. Bien-pensisme souverain, aussi. 

 

 

Mais merde, un peu de réalisme, même si c'est salissant, c'est bon à prendre. Je trouve qu’elle a raison : faut faire avec la multiplicité des perceptions entre nos cantons, nos régions linguistiques - veut, veut pas, de G'nèèèèève à Grindelwald, on n’a pas la même culture ni la même perception de ce qu’est un progrès social ! Fouzy encore les Alpes par-là au travers, ah je te jure que c'est coton pour faire raccord avec les Latins...

 Ici, dans cette Chuiche qui a commencé à se pacser parmi en 1291, et dont le dernier canton à accorder le droit de vote aux femmes l’a fait seulement hier ou à peu près, faudrait surtout pas tenir compte des mentalités ? Mais vazy, fonce, le mur est juste devant ! C'est pour le Crash-test Dummies' Award?


Ce qu'elle a dit, Mimi, c’est déjà mieux dit que Bidochon qui se sent cerné par les cons, doucement les basses…


 

      La vraie parité arrivera le jour où il faudra aller chercher dans une encyclopédie pour comprendre la signification de ce terme - tout comme faut fouillasser aujourd'hui pour pas se mélanger les pinceaux entre taille, dîme et gabelle, et répondre tout juste et très vite à Kestion-Pourunchampion. Là, on y va gentiment…  c’est comme un diabétique décompensé : s’il n’a pas assez de sucre, faut pas lui balancer le kilo dilué dans les veines; s’il en a trop, faut pas l’inonder d’insuline non plus, catastrophe annoncée dans les deux cas! 

 

Sur l’échelle du changement, d’un côté je vois « Evolution »: ça parle de tranquillité, de changement d’autant plus profond et durable qu’il survient en douceur.

De l’autre je vois « Révolution » et même « Révolte », et qu’il va y avoir des pleurs et des grincements de dents - déjà là, j'ai l'impression qu'on bouffe de l'alu sur les plombages... Cette rage de vouloir tout et tout de suite, je trouve ça presque… adolescent.

 


 

      Questions, remarques, problèmes ?

 

Oui, la personne au fond de la salle ? Vous demandez quelle est la différence pour moi entre l’éthique et la morale ?


 

La morale est l’ensemble des règles qu’une société donnée dans un temps et un lieu met en place pour trouver un équilibre ; la morale sert d’ailleurs très souvent à faire, défaire et remanier les lois. A s’indigner aussi, vertueusement, parfois. Non : souvent. Histoire de rester dans le trend et la panurgerie. Mmhhoué. Le totalitarisme le plus puissant est aussi le mieux caché du monde: dans les habitudes de pensée...


 

L’éthique, c’est la faculté de pouvoir remettre en question la morale, et d'entériner le changement qui s’opère quand une société et ses valeurs se darwinisent. Donc, de prendre tout avis comme valable, et non pas comme une insanité proférée par un trouduc patenté quand on n’est pas d’accord avec, ni de proclamer sa vérité-à-soi comme universelle juste parce que c’est la nôtre. Donc, en plus de tenter le pari de comprendre son "ennemi", de prendre le risque de se faire huer.

 

[Hé, Micheline, j’ai rien contre toi, j’ai rien pour non plus, je suis une apolitique crasse, une mauvaise citoyenne que ça fait chier d'aller voter à tout bout de champ et qui du coup n'y va que quand il lui tombe un oeil, et pourtant je suis fille de typographe... justement: mon truc pour faire changer quelque chose, c'est d'écrire, chacun son combat... – ben Micheline, je voulais te dire que grosso-modo tu t'en tires assez bien, je suis contente de ton boulot dans l’ensemble, je te trouve bien courageuse d’oser écorner l’orgueil immense de certains, et de dire des choses qui te valent des retours pleurnichardo-offusqués - c’est bien que des gens comme toi aillent au charbon. Donne-moi ta main, on est d’accord sur ce coup-là, entre autres.]

 

 

 

Ai-je répondu à votre question, au fond?


Si oui, merci de votre attention.

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 13:22

 

 

Y a bien longtemps que je n’ai parlé de polyamour, dis donc !



 

     C’est qu’après y avoir bien réfléchi, après avoir mis en mots ce que je ressentais, percuté sur pas mal de choses... le polyamour est en train de se refondre dans mon paysage, de s’y réintégrer, de se refaire sa place et avec plus de conviction intime et d'assurance. Du coup j’éprouve moins le besoin de le décrire.



Mais il y a autre chose; et à l’origine de ma toute première envie de quitter le forum polyamoureux, bien  des mois avant de le faire réellement : au bout d’une année de discussions toutes plus intéressantes les unes que les autres, l’arrivée de certaines nouvelles personnes m’a donné le sentiment de tourner en rond tel un hamster dans sa mécanique. Des réponses cruciales qui avaient déjà surgi n’étaient même pas lues… il fallait sans cesse répéter certains basiques, ou renvoyer le forumeur aux riches discussions qui s’étaient déroulées: j'avais faim de consommacteurs, pas d'oisillons affamés d'attention.


Ainsi, la fonction d’accueil à ce qu’il faut bien appeler, pour certaines, des détresses réelles, se confondait avec l’incurie et la paresse de certains autres à prendre connaissance des petits trésors que nous avions déjà amassés.

 

 


     J’avais envie d’avancer sur d’autres plans, de pousser plus loin sur la piste des réflexions que le polyamour ainsi formalisé m’avait ouvertes : remise en question du couple, certes. De la nature de l’amour, aussi. Péter les reins à une certaine société qui repointait le bout de son nez même là, en polyamour: fidélité à trois, entre autres grands principes moraux juste reportés... t'es polyamoureux si... t'es pas un vrai poly parce que... Ce qui convient à l'un ne convient pas à un autre! Pourquoi ton système devrait-il devenir le mien?


Et tant d’autres indices me paraissent tellement intéressants pour partir en chasse d'autres libertés: par exemple, la superposition - donc la possible séparation - du sexe et du genre; le libre-arbitre absolu de chacun, donc la difficile responsabilité d’assumer certains choix – et en parallèle, la nuée de faux prétextes pour rester scotché dans la mouise relationnelle… donc la prise de conscience de la nécessité de s’impliquer personnellement, individuellement, pour amorcer un changement qui ne peut se faire qu’en soi-même et par soi-même. Et par suite, le courage qu’il faut pour quitter les faux–semblants, cesser d’accuser la société, cette pieuvre impersonnelle et insaisissable, au contraire de soi-même.


Et d’un coup, tous ces soi-mêmes en mutation, décidant de changer quelque chose, quelle vision grandiose et gonflée d’espérance!


Il y avait aussi l’hypocrisie de la stigmatisation des putes, comme s’il suffisait de tarifer son sexe pour basculer irrémédiablement dans l’absence de morale – je connais personnellement des filles de joie qui en remontreraient à des politiciens bien en vue, sur le chapitre ! Et des mères de famille qui se contraignent à rester épouses, pour protéger leur progéniture ou leur quotidien de la misère. Ben oui, même chez les polyamoureux, on peut être intolérant.


Et aussi, mon souhait qu'on cesse de blatérer tels des chameaux, à répéter ce que nos parents nous appris à dire, à faire, plaquant seulement des principe entachés de judéo-christianisme coupables sur ce qui n'est même pas une révolution sentimentale, puisque pas mal de gens la vivent sans l'appeler polyamour... non,vraiment, perpétuer ainsi une morale dont nous appelons de tous nos vœux la disparition, moi j'appelle ça réinventer la roue ; l’humilité est nécessaire, du coup, pour se regarder en face et traquer la bienséance et le bien-pensisme dont tout marginal se prétend libéré. Sans blague, faut se donner ce foutu droit à l'erreur!

Et puis, j'aimerais proclamer et assumer l’immense part d’altruisme caché qu’il y a, c’est certain, à laisser les gens se fraiser en cherchant eux-mêmes comment grandir… Fermer sa grande gueule précisément quand on pense tellement avoir raison qu’on pourrait devenir le reflet des petits dictateurs que l’on dénonce: et pourquoi pas? Ca c'est du challenge, bordel à culs de vaches.


Et encore, je voudrais parler du bonheur d’avancer en s’appuyant ouvertement sur des tuteurs de résilience (Lam, merci encore, j’en ai eu "larmaloeil", que tu m’appelles ainsi…), fussent-ils des psychologues qu’on paie ou des penseurs libérés de la peur de paraître, ou encore des amis, des humanistes engagés…  votre voisin peut-être ?

 


 

     Alors, je proclame l'extension du domaine de la lutte : quid de l’amour filial, de l’amitié, de ces valeurs tarte-à-la-crème qui peuvent aussi bénéficier de quelques remaniements ?

 


 

Honnissez-moi si vous le voulez, je m'en cogne, oyez oyez.


J’ai cessé de fréquenter ma mère quand il s’est avéré que notre relation était devenue trop toxique ; à quoi bon maintenir le contact avec une personnalité-poison, sous prétexte qu’elle m’a portée, torchée, nourrie ? Ne me parlez pas d'amour maternel: froidement considéré, faire des mômes, c’était peut-être le seul choix qu’elle avait pour obtenir sa place en société, les mères adolescentes poussent ainsi leur cri de révolte contre l'autorité parentale.

Et si l'amour filial, c'est tolérer de recevoir des mauvais compliments, et de se laisser déverser dans les oreilles de la médisance au kilomètre, très peu pour moi. Je ne peux donner ici que ce j'ai reçu, tout comme la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a: à force de ne pas vouloir être ma mère pendant 40 ans, de se mettre en compétition avec ses propres filles, elle a juste conditionné le détachement que je peux ressentir devant une ex-amie... disons que mon amour filial ne s'est pas développé, tout simplement. Même la psy avec laquelle j'ai abordé la question (et qui m'exhorte par ailleurs à m'accepter telle que je suis, cherchez l'erreur...)  a bien de la peine à ne pas voir ça comme un problème à régler, dans le sens que la solution serait de rétablir ce lien. Pardon, mais... pourquoi faire? Autant équiper un sourd et malentendant avec des appareils coûteux quand il n'en a pas besoin dans son quotidien, s'il a développé d'autres canaux de communication.

 

Revenons z'à nos brebis: je garde avec ma sœur un lien chaleureux, quoique distendu, car elle est comme une amie d’enfance avec laquelle on trouve moyen de se soutenir malgré des choix et des opinions qui peuvent se heurter: on a comme qui dirait trouvé la bonne distance.


J’ai repris contact avec ma petite-cousine de presque 80 ans, car si elle est forte en gueule, son protestantisme constamment en recherche d’amélioration lui donne le respect de ses proches, même quand ils la choquent.


J’ai quitté quelques amies et amis quand l’équilibre entre les bons moments et les reproches ne s’est plus fait – ce qui est parfois survenu parce que je mettais en pratique ce que je découvrais des relations humaines en les décortiquant couche à couche : parfois, la pelure d’oignon est si sèche et sclérosée que ça vient tout seul, parfois c’est comme la croûte sur mes genoux de gamine, si tentante à soulever parce qu’elle baîlle d’un côté – tout-à-coup,  ça se remet à saigner. Alors, d'une manière ou d'une autre: ya basta.


Une des relations les plus équilibrées que j’aie, c’est avec mon ex beau-père, que je connais depuis 35 ans. Un autre Scorpion, une sacrée tête de cochon, une tronche de cake parfumée à la mansuétude, qui regarde les bonnes manières avec un rien de sarcasme qui me met le sourire en coin, ou cette moqueuse déférence qui brouille les pistes quand il le faut vraiment ; avec qui je peux m’engueuler de bonne foi, et que je peux retrouver avec une bonne claque dans le dos. L’amitié, c’est aussi être capable de se dire des choses désagréables, pourvu qu’elles fassent avancer. Un beau spécimen d’iconoclastie, oué.


 


     Pour poursuivre et étendre le raisonnement, la bienveillance n’est pas tant affaire d’amitié que d’indécrottable espérance vis-à-vis des possibilités de changement de l’être humain : même un ennemi ou un détracteur peuvent être moteur de changement, hé oui – ne serait-ce qu’en cultivant sa propre souplesse de réception, en triant le juste et le constructif dans les remarques faites, en négligeant la malveillance, délibérée ou pas…



Je crois en ceci : démontrer sans fustiger, faire après avoir dit, (ou au lieu de dire), préférer la force de l’exemple répété aux cortèges revendicateurs - qui ont quelque part un relent de révolte adolescente, dont on est tenté de dire en souriant « Vazy, ça te passera avant que ça me reprenne ». Quitte, malheureusement, à ce que tant de condescendance ne fasse que précipiter le clivage… autant d’archétypes se répondant par-dessus les têtes des individus.



Je préfère tabler sur l’humilité et l’engagement qui donnent l’élan, non pas de fracasser les moules, mais d’apprendre à les rendre juste malléables et sans brisure ; ce qui suppose de savoir attendre que le changement germe plus haut d’époque en époque, de génération en génération - histoire de cesser de prendre en otage nos semblables et nous-mêmes, pour nous faire croire qu'on est ceux et les seuls à faire quelque chose de déterminant.

La parité "tout de suite" par exemple, c’est une aberration : une politicienne fort capable a atteint dans mon pays la plus haute fonction, pour se faire casser ensuite lamentablement aux élections suivantes – elle n’était que la suivante sur la longue liste des femmes qu’on avait guettées au contour depuis 1984  - date de l'entrée de la première femme au Conseil Fédéral de Suisse - pour démontrer (vous voyez bien, citoyen !) que tout être pourvu de mammelles et d'un utérus se fourvoyait en politique, et faisait perdre son temps à la Confédération toute entière en s’aventurant hors du couloir des trois K (Kinder, Küche, Kirche – les enfants, la cuisine et l’église). Ces femmes sont sacrifiées sur l'autel de notre orgueil: quand elles doivent être meilleures que les hommes pour le même poste, si c'est encore de la parité, ça, là je rends mon tablier.


Pas besoin d’aller bien loin ni de  stigmatiser d’autres pays et se requinquer ainsi  le moral et la morale en désignant le machisme d’autres cultures : Big Brother is watching you, décidément, car on a tout ce qu’il faut ici, en Europe centrale, mais en plus insidieux et en assez discret pour que le pékin lambda puisse encore croire que la Nature détermine quoi que ce soit de l’Humanité et de la Féminité (Elisabeth Badinter vise si juste avec un ouvrage comme « Le conflit : la femme et la mère « ! Allez-y voir comment on est si souvent déchirées par ce dont on a été imprégnées, au point de croire que ce sont nos valeurs personnelles…)

Bref, débiner autrui pour croire se hausser à son niveau est une des défenses mentales les mieux rodées lorsque l’estime de soi fait défaut.

 

 

 

     Laissez sécher et se fendiller les moules pour ne pas être tentés de les reprendre pendant que les vôtres, les nouveaux, les individuels n’ont pas fini de sécher, parce que, précisément, s’ils séchaient ils ne pourraient plus changer de forme ! Gardez-les humides et malléables …


Et souvenez-vous que tout comme la particularité intrinsèque du polyamour, c’est qu’il est poly, à deux, à trois, quatre, homo, hétéro, multiple, changeant, fluctuant, et ne souffre aucune définition morale, ni projection de valeurs, mais se considère au quotidien comme le terrain de l’éthique par excellence… donc, disé-je, souvenez-vous que le polyamour est indéfinissable, sauf peut-être sur le terme « amour », qui reste de l’amour quelle que soit sa forme. Autant de polyamours que de relations, en somme. Un accident de la vie, aussi.


 Car si le polyamour devient une arme pour admettre ses semblables ou les exclure, il ne mérite même plus de parler d’amour.


Quant à l’amour précisément, même quand il fait mal et met à l’épreuve, il fait grandir, et je trouve que c’est sa fonction première, son alpha et son oméga. Avec qui, beaucoup, comment, par-derrière ou par-devant, on s’en tape : un sentiment n’a ni côtés, ni tangentes, ni médianes, ni haut ou bas, et aucun sexe ni aucun genre non plus. Et puis nom de nom, commencez par vous aimer vous-même, prenez soin de vous, ça vous fera pas de mal de vous faire du bien. Prenez le temps de vous écouter, et de répercuter ce soin autour de vous: prenez soin d'écouter ce qu'on vous dit, de comprendre l'intention, de vous donner gratuitement à qui vous fait le cadeau de vous parler - même s'il le fait mal, c'est parce que vous avez ce pouvoir: l'interpeller. Vous vous donnez ainsi un peu de paix, parce que vous prenez de la distance, et ainsi, le moyen de décider de la maintenir, l'agrandir ou de la réduire en continuant l'échange.

 

 

     Tout comme dans l’exercice intéressant et périlleux qui consiste, justement, à séparer le sexe et le genre, tentez la séparation de "poly" et d’ "amour " : si vous mettez votre énergie à débusquer ce que la morale et la société vous ont appris, et à en extraire votre vision personnelle, je vous garantis un sacré voyage humain pour pas un rond.

 


 

     Mmmhhh, c’est si bon, parfois, l’introspection. Branlez-vous un peu le cerveau et le coeur, vous ne ferez que mieux vous connaître vous-mêmes, et vous donner la possibilité de montrer à autrui comment vous faire du bien!

 

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 10:33

 

                                                                                         

     Encore une fois, on sort d’une enguirlandée. Enfin, de ce que tu ressens comme ça, ou comme une dispute, ou encore un conflit. T’aimes pas ça, tu enfourches alors comme un étalon à peine dressé qui t’éjecte aussitôt, tu repars en boitillant, l’oreille basse, tandis que je reste stupidement maîtresse de l’arène où la joute a tourné court une fois de plus, sans interlocuteur, moi qui m'apprêtais à comparer nos points de vue....


Veillons ensemble, veux-tu ? à ce que l’amertume ne prenne pas le pas…


Pour moi, c’est de la confrontation d’idées, un truc stimulant, la découverte d’une autre pensée que la mienne, et pas n’importe laquelle : un bel ourson viril, un caractère aussi impétueux que le mien, une intelligence subtile de l’écriture … un homme qui se vit à plein, dans d’autres intérêts et désirs que les miens.

 

 

     Quand tu calligraphies tes caresses comme tu dessinerais mes courbes, de la main ou de la peau ou encore en crayonnant ton vélin, l’orage s’éloigne, le vent se fait brise.

On apprend à ne plus parler de ce qui dans le fond n’a pas d’importance, pour laisser s’épanouir ce lien qui nous surprend tous les deux - il y a de quoi!

 

     Je ne veux plus galvauder une seule évocation du mot « amour », qui voudrait tellement tout dire qu’il ne signifie plus rien : la preuve, ça te met dans tous tes états, comme si dedans il y avait 25 ans de conjugo, de moutards à élever, de chien-chat et poisson rouge en bocal et de plan-rénovation de maison. Avec en cadeau Malux la pelouse à tondre devant. Après tout, « Je t’aime », c’est un emporte-pièce qui n’a sa place que dans les répliques de cinoche.

 

Moi, je veux pouvoir célébrer le petit bout de plénitude qui m’est donné chaque fois que je te dis une tendresse et que je reçois un berlingot de câlin… chaque fois qu’à te lire se fichent délicieusement en moi d’infimes éclats de désir dont les moirés me donnent le frisson, et qui se glissent sans plus de cérémonie dans la mosaïque de cette étrange histoire de peaux qui attendent leur heure, et font des détours par le coeur, pour voir, comme ça... sans engagement, tout en le redoutant un peu, quand même.

 

Qui plus est, à nous dire la même chose de manière si différente, nous nous fatiguerions sans raison : laissons-nous nous rencontrer là où nos routes convergent, et abandonnons les sentiers de jungle qui semblent des raccourcis  l’un vers l’autre. A les dégager à la machette, une blessure est si vite arrivée.

 

     J’aimerais ça, qu’on trie les factures empoussiérées accumulées avec  d’autres, qu’on les solde à notre profit… que les confrontations d’idées ne tournent jamais en affrontements, car ceux-là n’ont pas lieu d’être.

 

Sans enjeux familiaux communs, sans devoir ni nous devoir quoi que ce soit, c’est un assez beau pari que celui de se risquer à dévoiler des valeurs qui sentent un peu le soufre, parfois… ici et là, la peur du pouvoir qu’on abandonnerait se fait jour, le besoin de se faire respecter à tout prix nous isole, on dérape...

 

Moment déchirant où l’on sait frôler la rupture, où la fascination du tison ardent nous fait tendre la main comme des enfants ignorants, et empoigner la méduse bien qu’on connaisse parfaitement la douleur cuisante qui va s’ensuivre ; histoire, peut-être, de tirer un réconfort de Cassandre dans la répétition du même scénario, celui des séparations successives, couche à couche, jusqu’à jeter l’éponge comme tant d’autres fois, avec tant d’autres personnes qui nous furent chères… On sait qu’on y a survécu, alors même si ce n’était que ça, on en sortirait renforcés dans notre puissance à rester vivant, jusqu’au prochain espoir insensé de fusion qui surgirait, avec une nouvelle personne.


Je me souviens de ton soulagement quand il est devenu clair que ni la moto ni la philatélie ne me passionnaient – tu avais badiné en constatant que nous n’étions pas des clones… et mon propre goût de la rhétorique, quand je l’emploie non pas à t’enchanter de mes poèmes, mais à cadrer nos différences, te fait reculer avec amertume.

 

     Toi comme moi, nous reconnaissons la ferveur de cette histoire, et revenons à chaque fois en ayant compris un peu mieux la topographie de l’autre. Nous prévenant que les accidents peuvent encore survenir, que l’on ne peut tout-à-coup changer radicalement ; et d’ailleurs, s’il y a une certaine logique dans les rencontres, c’est bien celle de la reconnaissance, au milieu de la foule, d’une personne bien particulière, qui va nous compléter ici, nous interpeller là, qui est quand même un reflet de nous-mêmes au milieu de tous les autres. Donc, susceptible de nous agacer aussi, quand le miroir dévoile dans un coin quelque chose de déplaisant.

 

Aussi irascibles l’un que l’autre, aussi enflammés, habitués à contourner les difficultés, comme l’eau qui obéit aux lois de la gravité et s'infiltre, tous deux nous trouvons moyen de couler l’un vers l’autre, de nous recaler dans la douceur et l’affection.

 

       Je nous souhaite donc tout le bonheur possible, et même plus encore : si au lieu de nous laisser arrêter par des projections mentales, mous mettons nos efforts ur un axe que je suis tentée d’appeler « Il y a toujours une facette cachée à découvrir, même en soi-même… », alors la peur d’un danger qu’on croit avoir reconnu pourra se mesurer au pouvoir de regarder en face ce même danger... et nous le laisserons se déballonner tout seul, sans plus de lutte.

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 05:41

     Un ami me disait avoir fréquenté les filles de joie pendant une période de stress intense (travail à l'étranger pendant plusieurs mois), et ne pas en être fier... et aussi ceci:

 

     "Disons que ce n'est pas le fait de payer pour recevoir quelque chose d'agréable qui me poserait problème, c'est de ne pas savoir s'il n'y a pas un proxénète qui profite de la fille et même si ce n'est pas le cas, qu'elle est libre et peut-être même qu'elle aime cela, je considère contribuer à l'esclavage sexuel d'une jeune fille innocente par ma demande, qui suscite l'offre de mafieux :-( "

 

Ma réponse (à peu près):


     "T'ai-je dit que j'ai fréquenté régulièrement le milieu de la prostitution pendant trois ans de bénévolat de prévention des risques (permanence en camping-car, distribution de boissons et petits en-cas, de présés, lubrifiants, échange seringues sales/seringues propres, gants, mouchoirs, et écoute)? Je suis encore en contact avec certaines, dont le regard lucide sur leur activité rencontre ma propre réflexion sur le sujet.


     On peut être une pute sans que l'échange se fasse "fric contre service sexuel". De respectables mères de famille, des filles qui ne peuvent compter que sur leur potentiel comme porteuse de bébés se vendent au plus offrant, au plus protecteur ou au plus aisé - ou bénéficiant juste d'un statut social légèrement supérieur... et encore de nos jours, dans nos sociétés dites plus avancées, être un homme c'est avoir d'entrée de jeu un statut social supérieur à celui d'une femme. A ce taux-là, ce n'est que le fruit du hasard si je ne suis pas moi-même prostituée...


      Quand quitter son bonhomme pose clairement l'enjeu de s'appauvrir et de voir sa progéniture moins favorisée par suite ou d'être bannie de sa communauté culturelle, rester en couple et/ou accepter les assauts sexuels d'un mec qu'on rêve de planter, ça relève aussi d'un calcul - fric, aisance, respectabilité. Mes amies, connaissances et copines divorcées ont rarement assez d'aisance matérielle par elles-mêmes, à diplôme égal avec leurs exs; au divorce, elles sentent très bien le changement de statut financier en même temps que le social. Ce qui est souvent conditionné par le fait qu'elles ont accepté ou recherché longtemps avant la catastrophe un deal dont les retombées se font sentir bien après, alors que la situation de merde qui va survenir se prépare depuis des années, et qu'elles en sont responsables pour moitié: faire des gosses et travailler à mi-temps en salaire d'appoint, ça sonne pas si bien sur un CV au long cours que d'être chef de famille (j'entends par là être le pourvoyeur financier d'un petit groupe avec êtres à conduire vers l'indépendance sur 20 ans minimum). La transition est très souvent durissime.


     Pour les filles qui tarifent leur corps, qu'elles soient indépendantes ou sous la coupe d'un mac, ça fait partie du choix qui leur reste, dans une histoire de vie qui a sûrement quelque chose à voir avec ça, bien avant leur premier client, et qui ne nous regarde que si elles décident de nous en parler.

A mon avis, pour survivre émotionnellement, même le plus brimé de tous les êtres de la terre doit devenir bourreau quelque part, même d'un ver de terre. Et ne s'en prive pas, s'il le faut.

La vie est contradictoire en elle-même: si tu parles clairement de ta conscience à la contribution de l'esclavage sexuel de quelqu'un par un mafieux, visiblement ton besoin de décharger de la tension sexuelle a primé sur cette conscience. Sinon, t'aurais même pas bandé... :-))


     Quelque part sur le continuum qui va de la valeur sociale d'une épouse-trophée au service sexuel monnayé, tout le monde, même celle dont on suppose qu'elle est exploitée / souffre même sans s'en rendre compte, pèse les avantages et les désavantages de sa situation. Je veux dire par là que rien n'est une fatalité; c'est pas facile de changer de vie, quelque part on se ramasse d'autres pénibilités, mais le changement est souvent bien plus possible qu'on ne voudrait croire: on est responsable de soi. Donc pour moi, quiconque s'offre les services d'une prostituée devrait considérer qu'il est devant une personne aussi responsable que lui-même, et pas une victime, pas plus qu'il n'est un bourreau indirect, ni un sauveur potentiel non plus. J'en viens à penser que même juste y penser c'est déjà de l'ingérence dans la vie des autres... parce qu'on se met à les regarder avec un œil couleur de pitié et de volonté salvatrice, peu ou prou. Même celles à qui on confisque leur passeport et qui vivent la chaîne se sont, pour moi, mises dans une situation où elles sont co-responsables. Et de fait, ce n'est pas ça qui est important, mais d'être présente et de prêter  l'oreille quand quelqu'un souffre ou simplement manifeste un besoin de changer quelque chose, ne sait pas comment, alors que moi je sais comment ça pourrait se faire. On ne peut ni faire, ni vouloir pour autrui, juste "être là", quelque part.


     Dès qu'on aborde, même en filigrane, un sujet aussi personnel avec une fille du trottoir, j'ai remarqué qu'au mieux elle écoute poliment 15 secondes et prend congé sous un prétexte quelconque. Au pire, elle t'envoie chier franco de port... Une quinqua prosélyte qui avait rejoint nos rangs sur le terrain a lâché la rampe d'elle-même quand elle s'est aperçue qu'on ne faisait pas ce qu'elle croyait venir faire - de la prévention, certes; mais pour elle, de la prévention de la prostitution.

C'est leur vie, à ces filles, et leur plus belle victoire c'est d'être debout et de lutter pour que la respectabilité soit bien séparée de leurs activités rémunératrices - au  sein d'une drôle de société, qui tour-à-tour, pour avoir raison, sépare ou confond les divers trous et failles: le vagin / la rondelle / la bouche, et les douteux exemples de moralité que présentent, pêle-mêle, les campagnes présidentielles ou le marketing...


     En fait, petite question: si tu avais pu ne fréquenter que des filles certifiées indépendantes, tu te serais senti moins dérangé par le sujet de l'esclavage sexuel? Tu sais, on pourrait aussi dire  que quand on n'a pas de mac extérieur, c'est qu'on est suffisamment son propre mac, qu'on se tient sous sa propre coupe... quand la morale est intégrée, il devient bien plus difficile de la débusquer.

 

 


      Avec les filles que je connais, je suis à fond et tout ouïe quand je les croise; je bosse comme salariée, elles vendent leur cul. A part ça, rien ne nous différencie, d'un point de vue anthropologique, mais aussi social : nous avons chacune notre clientèle... et aussi des préoccupations de niveau politique. Exemple: deux d'entre elles m'ont raconté que leur équipe de bénévoles/semi-salariées dont je faisais partie vient de vivre une rupture complète avec le comité qui le chapeaute, entre autres projets sociaux. Leur responsable, assistante sociale qui à force d'ambition en a été bombardée directrice, se retrouve assez isolée; et les intervenantes, prostituées ou pas, semblent attendre qu'elle démissionne."

 

Tiens tiens... ça me rappelle furieusement quelques incidents qui agitent nos voisins français depuis 10 jours, l'affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy...

 

Nous sommes tous des citoyens! Et... quelque part... on est tous des putes; ou on y va, selon les moments.

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 12:25

 

 


     «Une promesse de Gascon : une promesse qui ne sera pas tenue ; la réputation d'éloquence trompeuse, de vantardise du Gascon est constante depuis le XVIe siècle.»


Mouais.

 

Les promesses, à bien y regarder, sont toujours le fait de Gascons: nous sommes tous des Gascons, quelque part. Sauf que ce n’est pas toujours par hâblerie qu’on en fait, des promesses.

 

 

     Depuis longtemps, je ne promets plus rien, sinon d’essayer de toutes mes forces.


Il fut un temps où je préparais avec soin le lit de mes trahisons, menues ou plus conséquentes. La honte me tenaillait sourdement, j’envisageais des excuses, des biais ou des mensonges; ou même des tactiques d’évitement, des itinéraires de fuite … La culpabilité me rongeait parfois assez fort pour que je me contraigne, tout en me cabrant intérieurement.  Au cumul, je m’étais construit tout un pan de vie pénible, sans joie, un truc saumâtre arrosé à la sauce judéo-chrétienne.


Un peu comme quand quelqu’un arrive, sans le demander nettement, à obtenir de vous un service. On a l'impression d'avoir le coeur sur la main, et un vague malaise vous pulse quelque part entre le plexus et le duodénum... qu’on chasse très vite en pensant, selon ses croyances, à son paradis ou son karma. C'est "bien", quelque part, de se faire un peu chier...

 


 

      Promettre, donner sa parole…  Faut pas.


« Donner c’est donner, reprendre c’est voler » dit le dicton.

 

Pourquoi faire des promesses, alors, si ça nous met dans la mouise relationnelle, peu ou prou ?


 

On en fait pour se débarrasser de quelqu’un, ou d’une situation.


On en fait parce qu’on est ému de pitié.


On en fait pour se faire du bien à l’ego. Fâââ, keusskeu je suis sympa, quand même, de rendre service.

 

     Sur le moment, il est plus difficile d’être honnête, car on est tout de suite confronté aux reproches, même silencieux, de qui l’on déçoit déjà - le langage du corps, quelle puissance.

Surtout si on a déjà souscrit à d’autres reprises aux demandes, nettes ou voilées, de cette  même personne…  si la relation est teintée d’un subtil petit jeu qu’on a largement contribué à installer, en fait.

On n’est jamais totalement victime : on se prépare ses petits enfers, tout seul, comme un grand.



     C’est con, les promesses ; c’est de la pommade relationnelle, sur un gravillon qui enflamme et infecte les tissus.

Un jour, la grosseur rougeâtre ne peut plus être maquillée au stick des bonnes manières.

[c’est quoi encore, celles-là ? Pfff. Dans le domaine des relations humaines, méfiez-vous de vous poser des questions sur le bien-fondé de vos comportements : on happe un petit bout tentant… et c’est tout le chapelet de merguez qui vient, harissa comprise !]

 

Un jour, la coupe est pleine, le vernis s'écaille, et sans qu'on ait vu venir le clash... il survient.



Bref, vous voilà, vous et votre dissimulation, mis en pleine lumière, démasqué et honni.

 


 

     Un peu de courage pour dire « Non » au départ, ou ne rien dire du tout en laissant l‘autre se faire son film… pourquoi pas ?


Dans une autre vie de soignante d’appoint, j’ai appris à différer ma réponse seulement après 15 ans de métier, quand on m’appelait en suggérant que j’étais la seule et dernière possibilité de dépannage d’une équipe en souffrance (oh, tiens, revoilà Batman!),  : « Voyons, je vais voir si je peux, je te rappelle dans un petit moment ».


     Le petit moment en question passé, et ma décision confortée (garder mon jour de congé pour moi), je rappelais pour me navrer de concert avec le demandeur. Jamais vu d’article de presse le jour suivant, relatant une mort d’homme suite au refus d’aide d’une salope d’infirmière… Par contre, au sein d'une équipe ou auprès d'un patron pas net, votre réputation est faite.

 

[Petit épisode qui m'a marquée: dans mon premier emploi, en un temps où la loi sur le travail protégeait mal les employés, mon supérieur me demande d'assurer un 8ème et un 9ème jour de suite pour qu'une collègue puisse aller voir son père malade à quelques centaines de kilomètres. Je ne sais ce qui m'a inspiré la seule réponse capable de me tirer d'affaire tout en le convainquant que je ne manquais pas de compassion, mais j'ai argumenté que la fatigue pouvait me rendre dangereuse. Bingo!


2ème épisode - le fer rouge, ce coup-là: deux ans plus tard, un autre chef réussit à me pister jusque chez ma parenté, où j'étais en visite - déjà là, le culot du mec... je vous laisse apprécier; il me demande de revenir prématurément de congé, manquant de personnel le lendemain. Je décline, ayant deux rendez-vous pour m'occuper de ma santé - très peu pour moi de ne pas recevoir de soins, tout en payant deux consultations non décommandées dans les temps! En reposant le téléphone, je vois les regards incrédules de mes hôtes "Dis donc, il manque pas d'air, machin!". Moi par contre, j'étais couleur pivoine: la colère sortait.

 

Le surlendemain, une pote de travail m'apprend que d'un air de chien battu, il avait commenté ma décision auprès de l'équipe comme suit: "Elle refuse de m'aider". C'est celà, ouiiiii...  

 

Comme il n'en était pas à son coup d'essai, je lui ai pondu ma démission dans la foulée. Ca commençait à bien faire...]

 

Je suis d'accord: on ne peut pas toujours se payer le luxe d'envoyer baigner les gens. Mais dans beaucoup de circonstances, seul le réseau tissé par l'éducation nous emprisonne: quid de le défaire tranquillement? Je n'ai pas eu subitement une illumination, pour ma part: long travail pour défaire des liens périmés, qui tenaient par habitude... et aussi pour ne pas me laisser embarquer dans d'autres - la merde tient chaud, voilà pourquoi on y reste ou on la recherche, parfois.

 

 

 

Bon. C'est comme vous la sentez, hein? Un jour peut-être, vous maîtriserez tellement l'art de ne pas tenir les promesses faites dans un moment d'égarement, que vous en arriverez à vous casser une jambe pour ne pas avoir à dire "Non"... Quel brio.

 

Je ne parle pas en l'air: en tant que soignant, on est sensibilisé aux situations des personnes qui ont des accidents à répétition. Quand un type vous revient tous les huit mois avec une fracture un peu différente, on se demande quel est le message qu'il essaie de s'envoyer à lui-même.

 

     Le confort est une notion toute personnelle, décidément.

 

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 11:39

Depuis janvier, ça mûrissait.


A la faveur d'un grave incident d'administration et de modération, un de plus, mais avec comme conséquence cette fois-ci l'abandon des commandes de deux des trois administrateurs, je m'étais confiée ici, loin du forum en question précisément, sachant que les personnes intéressées par mes idées et mes écrits viendraient me lire. Ici, je peux m'exprimer bien plus franchement que là-bas... à un moment d'un conflit, pouvoir décharger par la bande, c'est précieux.

 

L'article en question est ici:

 

http://une.histoire.d.agrumes.over-blog.com/article-administrateurs-moderateurs-et-mediateurs-43096833.html

 

Hier, sciée par un nouvel incident et l'incurie en matière de modération qu'il confirme, je me rends compte que la pomme peut tomber de l'arbre: en revenant de ma journée de grillades avec de bons copains pas vus depuis longtemps, ma décision est prise. Sans même relire les interventions ou réponses du jour après mon énervement du matin - à quoi bon? je me désinscris. La coupe est pleine, décidément.

 

Ca ne s'improvise pas, l'administration, il y faut de la modération; ce qui n'est ni du gardiennage amateur, ni du coup de gueule exécutoire et distribuant les tomates et les lauriers de sept-en-quatorze, ni du scandaleux mépris pour traiter les incidents - et les gens. Et puis il faut se décider entre être membre et être admin, quelque part, si on ne sait pas faire la différence avec netteté.

 

Un peu de maturité de vie est bienvenue aussi, pour pouvoir s'interroger: la manière dont un admin' réagit et fait la loi est-elle vraiment neutre et arbitrale, ou fait-il systématiquement pencher la balance du côté de ses propres convictions? La concertation entre admins' est-elle forcément plus productive et mesurée?  Tout dépend des complémentarités des compétences... ou de la somme des insuffisances, si c'est le cas. Pondre une charte, ce n'est utile que quand on la respecte, ou qu'au moins on accepte de s'interroger sur les diverses interprétations de son contenu.

 

Je tends à croire que plus la réponse d'un admin' est péteuse et prétentieuse, plus cette personne a besoin de se rassurer en devenant rigide devant qui le met sur la sellette - parce que suggérant une réflexion sur son  attitude de maître du jeu.

 

J'avais déjà quitté un autre forum quelques mois avant celui-ci - les deux réunissaient le même genre de personnes, traitaient des mêmes sujets. Partie car le même air y flottait, celui de république des petits copains bien d'accord entre eux, se choisissant par affinités et non pas par complémentarités. Point de tyrannie par contre, mais une certaine naïveté et l'assurance d'avoir raison... une insistance à ne pas voir où était le problème... l'incapacité donc à le quittancer, sauf lorsque j'ai annoncé mon départ: réveil tardif pour me retenir, en vain - much too late, baby, much too late.

 

Bref. Je commence à réfléchir sérieusement, s'il  me prend lubie d'ouvrir un forum, à payer un modérateur externe - un psy; pour garantir la neutralité des débats, pour que des inévitables épisodes de confrontation, il puisse sortir des réflexions constructives, entre gens qui cherchent à rebondir humainement parlant... 

 

A ceux que je quitte, je dis pourtant merci pour leur compagnie: j'ai fait connaissance avec quelques personnes étonnantes et riches; et sinon, même les réponses que j'ai trouvées les plus naïves, les réflexions les plus mièvres et les nombrilismes les plus égotiques que j'ai lus m'ont fait voir plus clair dans ce que je voulais, et ne voulais pas.

 

Je garde quelques précieuses adresses personnelles, et m'arrangerai  pour recontacter ceux dont je n'ai pas le mail privé, au cas où je m'apprêterais à passer dans leur coin de France ou d'ailleurs.

 

Bonne route à vous!

 

 


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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 09:05

 

    Voilà, je crois que cette fois, ça y est…

 


Elle et moi, on ne se verra plus, je pense – à moins d’un miracle. Après quelques mois de silence respectif, on a fait le point devant une pizza.


    En somme, elle me dit que le spectacle de ma liberté et de mon épanouissement de ces dernières années la met minable, et qu’elle ne veut plus parler de ses amours avec moi. Tout en me sortant, d’un air de fausse-confidence, des remarques –bateaux sur ma manière d’être. J’écoutais, j’attendais quelque chose de consistant, une franche mise à plat des difficultés que notre relation rencontre…  Je n’ai fait que lui dire « Oui, c’est vrai, oui, tu as raison ; et quoi d’autre ? »


Ben rien.

 


    On a testé quelques jours plus tard la sortie en boîte, et là, même en causant simplement de sa formation tout en nous imbibant de caïpirinhas bien tassées avant d’aller remuer du popotin en cadence sur la piste, je l’ai à nouveau vue s’enfoncer dans le silence. Elle s’apprête à devenir arthérapeute, et comme elle manque de tout, théorie et pratique, évidemment que j’étais une ressource pour elle, avant que cela ne la mette, comme elle dit, « encore plus devant ses manques ».

Même des liens vers des idées et des travaux d’autres graphistes, pour la stimuler et la réjouir, m’a attiré une remarque qui m’a laissée bouche bée : « Merci de me montrer précisément ce que je me sens incapable de faire, ça m’enfonce», ou un truc du genre.

 

    Sur la fin de l’année, je n’osais même plus lui suggérer de l’aider à monter une première fiche de lecture pour combler son retard - 50 monographies à s’enquiller, faut s’en donner les moyens quand on n’a pas le zinzin de bouquiner.  Elle s’absente de la conversation, pour se concentrer sur ce qui lui fait mal. Par exemple, l’été passé, elle avait remis un travail qui n’avait pas obtenu la moyenne, tant il alignait les lieux communs sans montrer son émoi et son implication pourtant palpables – probablement pour se protéger.

 Ayant obtenu un délai pour pondre un petit travail complémentaire, et reculé l’échéance au maximum, elle s’est trouvée coincée en automne ; on avait alors bossé ensemble et dans l’urgence pour dépatouiller ça. Délimitant clairement que je lui montrais une manière de procéder (recherche documentaire, tirer l’important, faire le lien avec son vécu, le retranscrire et l’ordonner), ce travail restait le sien, absolument.

Par souci de montrer son individualité de graphiste, elle en avait confié l’impression sur papier glacé et sous forme de brochure à un reprographiste. Et m’avait montré son ouvrage, très fière : en quelques secondes, je repère que des pages ont été inversées, que l’ensemble n’a plus aucun sens… Elle a juste eu le temps de corriger le tir, en stressant un maximum, pour remettre la bonne version dans les délais.

 


Un bon bout de temps plus tard, elle m’avoue, dépitée et à contrecœur, que ce travail-là aussi a tout juste passé la rampe… Ce dont je me doutais, car le résultat était aussi peu impliqué que le travail précédent. Mais je m’étais tue, il le fallait, je le sentais.

 


 

    Je la sens tourner autour de son propre pot, espérant terminer sa formation sans vraiment avoir levé le voile sur des choses plus poignantes de sa vie, car le reste, ses enfants, son nouveau célibat, son statut d’indépendante, tout ça la met déjà bien assez sur la sellette… alors si elle a besoin de cesser de me fréquenter pour se mettre en sécurité… je vais en effet lâcher l’affaire. Ce n’est pas vraiment moi qui la désécurise, je représente juste un archétype menaçant pour son équilibre, je le sais. Et me contraindre et me surveiller pour ne pas la blesser, ce n'est plus ce que j'appelle une amitié.

 

Aucune garantie que la relation reprenne ; sans dire que si elle a périclité, c’est sa responsabilité, il est pourtant clair que rien ne bougera avant qu’elle arrive dans des eaux plus calmes, et aussi qu’elle confronte ce qu’elle évite soigneusement de voir en elle-même.

 

Je suis impuissante. Et je m’aperçois que je me sens bien avec cette idée, et que faire un croix, lâcher-prise… c’est OK pour moi.

 

 

J’apprends aussi.

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 20:37

    L’altruisme, j’aime pas.  J’ai les poils qui se dressent quand j’entends ce mot, c’est irrésistible…

De première formation, je suis infirmière, mais je n’ai jamais aimé cette profession, qui m’a poussée dans mes retranchements émotionnels. Aussi bien de par la nature du travail que pour l’aura de la profession – entre l’image d’Epinal qu’on s’en fait de l’extérieur, et les contraintes que la corporation elle-même se met, ce mauvais mariage ne pouvait qu’échouer assez vite.

Le jour de mon examen final, ça m’a pété à la figure : je n’avais rien à faire dans cette profession, et il me fallait en sortir au plus vite. J’ai profité de mon salaire tant qu’il a pu équilibrer les nuisances de cette erreur de casting. 

 


Au lieu de porter ma broche d’infirmière (qui montrait un infâme logo hésitant entre la lampe de Nightingale et la flamme réformiste, noblesse oblige : je suis d’ascendance huguenote, vivant en pays protestant), j’ai commencé à porter un pin’s arborant la silhouette de Batman, noire sur fond jaune pétant. La révolte grondait déjà, je me voyais si souvent obligée d’agir de manière déraisonnable à mes yeux, pour ne pas mettre en bisbille avec mes collègues. Certaines, interpellées, me demandaient pourquoi je le portais : je répondais que c’était pour me souvenir que je n’étais pas là pour sauver le monde, et par dérision, aussi. Parfois la conversation se poursuivait de manière intéressante… la plupart du temps, elle retombait, regards suspicieux à la clé.

Quand même, au passage, j’ai glané une bonne expérience en matière d’empathie. Mais avant de pouvoir mettre en mots mon sentiment diffus que ces nom-de-dieu de soignants jouaient à se donner en pâture, quelque part, le temps a coulé. J’avais à me confronter à deux-trois choses que je n’aurais pu trouver que dans ce milieu.

 

 

     J’ai d’abord souffert de compassion, mêlant la douleur des autres et celle que j’avais eu besoin de recontacter pour la remodeler ; une fascination certaine pour les portes de la mort m’a attirée dans les services où j’avais le plus de chance de revivre un deuil vécu à 15 ans. J’ai en effet perdu mon père au moment où notre relation devenait plus difficile, et nous n’avons pas pu sortir de là. A l’époque, j’ai à peine compris ce qui se passait, je ne savais pas quoi faire de mes sentiments contradictoires, et ma famille ayant décrété qu’il fallait me protéger, je me suis retrouvée un peu sous une cloche de précautions multiples.


De la compassion, il était facile de repérer le moment où pointait l’apitoiement, ce truc à la limite de la condescendance pour autrui, et de la complaisance pour soi-même.

Clairement, être soignante se confondait sans arrêt avec une propension à agir vite pour éliminer la douleur : celles des patients, et la mienne (celle de les voir souffrir).


En stage aux urgences, j’ai pourtant été très secouée de capter que la douleur était considérée comme un signal, un point de repère : en chirurgie, jamais on ne donne de calmant avant que le diagnostic soit posé, c’est une erreur professionnelle. Car pendant qu’en apparence ça va mieux, il se passe bien des choses dans un ventre : ça saigne, ça s’infecte, ça se nécrose… perdre le signal, c’est perdre la piste du diagnostic, et risquer carrément la vie du patient.


Sans compter avec la morphine dont on ouvrait allégrement le robinet sous prétexte de faire moins mal aux mourants quand on les toilettait : une espèce de non-dit nous autorisait à accélérer le débit de certaines perfusions, et je ne suis pas sûre que parfois on ne dépassait pas certaines bornes pour nous protéger nous-mêmes d’entendre des gémissements poignants. Mon chef de service de l’époque, pas très net sur la question, donnait le ton à son équipe en cautionnant ces pratiques, mais sans en parler ouvertement.

 

    Je me pose bien des questions encore sur l’utilité de la souffrance ; mais la toute première réflexion qui m’a dédouanée de la culpabilité devant la douleur – sachant que j’étais parfois maîtresse à bord de la galère - c’est de comprendre qu’elle est un signal d’inconfort, que quelque chose doit être accompli, au-delà de faire cesser le symptôme.

Puis, que quand elle se manifeste du côté du psychisme,  que ça ne va pas être simple comme enlever un organe ou nettoyer une plaie. Que les choses sont parfois si complexes que la seule attitude raisonnable, c’est de laisser les gens être si mal qu’ils vont chercher eux-mêmes la solution, plus profondément.

Et que dans certains cas, les pousser un peu plus vers la douleur leur permet de trouver le ressort pour sortir d’une déprime crépusculaire de pôle Nord, où le soleil n’en finit pas de se coucher sans pour autant trouver le fond et remonter vers l’aube.

 

L’empathie devient alors un moyen pour repérer le mécanisme à actionner, qui aide la personne à sombrer un peu plus, histoire de donner le coup de talon qui lui permettra de remonter vers la surface. L’engagement, le soin, l’attention et la prévenance prennent alors l’apparence d’une certaine indifférence, voire d’une incompréhensible cruauté.

 

C’est pourtant cette même attitude de distanciation qui ouvre la porte à l’accueil de personnes qui nous sont étrangères, dont nous n‘aurions aucune raison de nous approcher autrement.

 

Comprendre ce que quelqu’un ressent sans couler avec lui, c’est bon pour les deux. Il ne s’agit pas de partager la souffrance, bien au contraire. Il s'agit d'altérocentrage, d'un moment particulier de la relation; c'est  un engagement ponctuel, mais très profond envers la personne qui s’exprime.


L’altruisme au contraire me paraît souvent une attitude de bonne volonté, une espèce de bristol sur l'échelle du souci de nos frères humains... et un truc suspect qui se voile la face en prétendant ne rien attendre en retour : le contentement de soi de se mettre au service d’autrui, c’est déjà quelque chose sur quoi l’on compte pour se valoriser… Sans parler du besoin, qu’on a souvent dans cette profession de soignant, que les autres aient besoin de nous. Et qui glisse régulièrement vers l’insidieuse création d’un rapport de dépendance, au contraire de beaux principes énoncés vers les années 70’ concernant l’accompagnement du client vers l’autonomie.


J’étais furieuse et je le suis encore, quand on me disait que j’ai un beau métier-qu’on-ne-pourrait-jamais-faire-soi-même, et que j’en acquérais tout-à-coup une espèce d’aura de fille gentille admirablement dévouée et tout pis tout.  En toute logique, je n'ai pu que décevoir beaucoup de phantasmes et de personnes et ça dure encore, et c'est pas fini... mais bon, je trouve que c'est une meilleure manière de prendre soin des gens.

 

Na.

 

 

 

 

 

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 18:02

    Et voilà, paf, la Belgique fait un pas de plus vers l’interdiction du port du voile intégral dans les lieux publics.

 J’hésite entre le sentiment de jouer les Cassandre, la désolation devant le risque, certain, de faire chèrement payer en premier les personnes qu’on considère comme des victimes, et une intense envie de rire : j’aimerais bien savoir combien de femmes portent la burqa, en Belgique… Ca doit être anecdotique. Peut-être sur Chaussée d’Ixelles à Bruxelles ? On a des chiffres, des statistiques ?

 Et puis, déjà, faut être bien au clair sur les différences entre le hedjab (foulard), le niqab (voile, gants, robe, masque qui ne laisse entrevoir que les yeux) et la burqa, l’étouffoir par excellence, ajusté sur la tête, avec une grille en tissu.

 

    Brèfle. Imagine la femme qui porte le voile intégral au plat pays. Imagine que même derrière sa petite prison portative, elle goûte le fait de pouvoir sortir en journée faire son marché, prendre l’air la moindre, etc.

Elle peut plus mettre son niqab; il se passe quoi ? Elle sort sans… ou elle sort pas ? Ben je dirais que si sa philosophie de vie, c’est de porter le niqab, et que tout est organisé dans son existence pour obéir à son époux et sa religion, c’est parfait : elle sortira plus du tout. Bravo les députés, à moi la peur.

Fait chier, vraiment. Moi j’aimerais savoir comment ceux qui édictent des lois pareilles peuvent argumenter d’un aussi stupide aveuglement - chacun sa burqa, faut croire qu’il y en a des mentales !

Parce que la sécurité, laissez-moi rigoler ; c’est clair, un niqab peut cacher une ceinture d’explosifs… C’est qui qui joue les Cassandre, là ?

Parce que le refus d’assimilation, laissez-moi hurler : de quoi je me mêle… C’est pas avec une loi comme celle-là qu’on va régler un problème éthique de liberté fondamentale ! Que je sache, dans notre bonne vieille Europe, ceux qui perdent leur libre-arbitre et leur droit à disposer d’eux-mêmes sont au moins des gens qui se mettent en danger eux-mêmes…  ou mettent en danger les autres.

 

    Sinon, on a aussi, en France, cette perle concoctée par Alliot-Marie, je veux parler de ce projet de loi d’amender de 150 euros la femme voilée, et de 15 000 euros quiconque le lui aura imposé… Foutage de gueule : la religion musulmane insiste bien sur le fait que c’est un libre choix, ce que clament les femmes en question d’ailleurs ; et puis quelle musulmane irait témoigner que c’est bien son mari qui le lui impose ? Quelle aberration, en plus, de penser qu’outre ce très, très improbable acte d’insoumission, elle mettrait sa famille en danger de payer une amende astronomique ? Avec la menace d’être répudiée qui plane ? Oooh, mais faut vite arrêter les conneries, hein…

Et pour qui il se prend, ce gouvernement qui parle d’instaurer une phase de pédagogie (si si… fallait oser !) ? Eduquer les masses, rééduquer les déviants, ça vous sent son état totalitaire à plein nez…

Pour ratiociner, signalons que l’apprentissage des adultes s’appelle  « andragogie ». C’est très différent ; et c’est très tendancieux de se gourer à ce point de termes.

Que les femmes renoncent d’elles-mêmes au voile ? C’est pas un peu contradictoire avec le pouvoir psychique qu’on prête à leurs époux ? Un coup elles n’ont pas de libre-arbitre, un coup elles l’ont en plein ? Hello le gouvernement,  on aurait pas par hasard une petite coupure de courant sur le secteur « intelligence »? Et pourquoipas créer un parti Alternatif de droite? 

 

     T’inquiète, ça vient aussi en Suisse, voilà que nos politiciens libéraux-radicaux, sous prétexte de réviser la loi sur la sécurité intérieure, parlent de faciliter l’observation  du domaine privé, les écoutes téléphoniques et l’intrusion dans les systèmes informatiques privés de personnes ou d’organisations pouvant représenter un danger. Et font pression sur leur représentant au gouvernement pour qu’il fasse des propositions…

 

    Que tout ça pue la manœuvre de diversion alors que c’est la cata conjoncturelle chez vous /chez moi / et ailleurs aussi, pas de doute. Que ces grenouilles populistes ne se sentent plus d’être en ligne de mire, du coup… ça appelle juste l’idée de leur mettre une bonne fessée pour lâcher l'air qui les surgonfle, déjà! Et aussi pour leur apprendre à oser prendre les gens pour des cons faciles à embarquer dans une pareille manipulation mentale.


Car où est le problème de croire ce qu’on veut, d'avoir des valeurs personnelles? Et de quoi je mêle , Big Brother – ça devrait quand même pas être si compliqué, de s'occuper de ses fesses ?

 


Ben si.


Surtout quand on pense être le seul à avoir raison. A ce point-là, moi j'appelle ça de la bêtise émotionnelle.

 

 

 

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 14:06

Ca fait un moment que je me disais, "Je vais en faire un sujet sur le blog".

 

Je vais en faire un sujet sur le blog, oui, je ne l’ai pas fait jusqu’à présent : je me retenais, me demandant comment j’allais gérer la moutarde qui me monte au nez, la colère commence à m’oblitérer le jugement… Là c’est bon, je crois que je vais poser tout ça en vrac, ça n’a pas de sens d’attendre que je sois plus calme… car je m’épuise à tenter de garder la tête froide, devant des trucs pareils.

 

C'est pas bientôt fini de faire chier le monde avec ces lois sur le voile musulman ?

Et quand c’est pas le voile, c’est contre les minarets, et puis quoi encore ?

 

Pas bientôt fini de noyer le poisson rouge Maurice qui passe sans le savoir les bornes des limites, pas bientôt fini de prendre les gens pour des cons, de prétexter la sécurité nationale et la liberté des femmes pour réglementer comment les gens s’habillent ?

 

Ah il ferait beau voir, Simone, qu’on s’avise d’interdire le port de la kippa en public. Y’a comme ça des ethnies et des cultures à jamais protégées par leur histoire, la culpabilité réverse générale allant jusqu’à spolier d’autre ethnies et cultures pour « réparer » la folie d’un dictateur. Du coup, hop, en piédestal et sans plus trop de regard critique.

 

Merde, merde et re-merde. Big Brother n’est vraiment pas loin, si en même temps qu’il devient interdit d’avoir des préjugés sur certains groupes religieux, d’autres s’en ramassent plein la gueule – c’est comme les mots ! Les mots, nom de Dieu! A force de voir la dépense d’énergie qu’on met à éviter de dire ou d’écrire certains termes, devenus politiquement et socialement incorrects, la périphrase pour dire la même chose en devient grotesque, qu’il s’agisse de couleur de peau, de taille de pantalons, ou de d’organes des sens défectueux.

Malentendants, vraiment... Ben ma pote Viviane qui est sourde profonde, elle l’exprime comme ça, en langue des signes ou par écrit. Le concept ne varie pas, la mise à l’écart et tous les efforts d’intégration du monde n’y changeront rien. Elle est sou-ou-ourdeuh, je vous dis.

 

Bref ! Que je sache, personne ne s’insurge au sujet des lois religieuses qui régissent la vie intime des femmes juives orthodoxes, injonctions ultra-contraignantes, jusque dans le sexe ? Qui sait ici que la femme juive a longtemps rasé sa tête pour se coiffer d'une perruque (même pas sûre que ça se fasse pas encore chez les hassidim!), et qu'elle doit se purifier dans le bain rituel, après avoir attendu 7 jours dès la fin du saignement menstruel, avant d'avoir des rapports ? Tout ça parce que spirituellement, il faut qu'elle s'élève pour oser approcher son mari? Sous-entendu, qu'elle est socialement rabaissée pendant presque deux semaines par mois, et que pendant cette période, les époux n'ont pas le droit de se toucher, même pour se prendre aux bras?

 

Envisageriez-vous qu'une loi soit votée pour mettre fin à cette "ignominie" sur nos territoires nationaux francophones?

 

On veut libérer quelle femme, exactement? Celle qui nous permet de la prendre en otage pour une autre cause, non? Pour nous faire du bien à l'ego? Y'a un moment où je me dis qu'il y a suspicion de gros foutage de gueule cautionné.

 

 

 Avant-hier je lis le reportage d’une journaliste française qui tente le coup de sortir trois jours en niqab. Elle peut le dire pour l’avoir éprouvé, le niqab est casse-gueule, étouffant, limite la liberté de mouvements jusqu’à empêcher de déguster un petit café à une terrasse. Oui oui oui, je suis la première à me rendre compte des incidences de tout ce métrage de tissu.

Et j’entends bien : porter ça est ostracisant. Mais je dis que sortir sans, dans d’autres endroits du monde, c’est risquer la lapidation. Sa vie, quoi! 

 

Sous nos latitudes, là où on se contentait  peut-être avant septembre 2001 de ne pas insister du regard et de dire aux enfants trop questionneurs qu’on leur expliquera plus tard, à présent l’atmosphère induite par des lois d’intention malhonnête fait se sentir assez fort le pékin lambda pour qu’il s’autorise remarques, dérision, jugements de valeurs et Cie. Et précisément aux femmes qui portent ce fardeau, quel non-sens.

De deux choses l'une: soit elles ont le même statut qu'un serf ou qu'un esclave - et est-ce qu'on reproche ses chaînes à un esclave? Soit elles le portent de leur plein gré, ou du gré de qui le leur impose; et là... ça ne nous regarde pas. Est-ce que vous vous mêlez de la relation conjugale ou familiale de vos voisins? De leurs valeurs, de leurs croyances?

Elle a  aussi témoigné d'autre choses, la journaliste: elle devait expliquer à son accompagnant qu'elle rigolait, souriait, etc. La chose terrible, quand on porte ce truc, c'est que plus personne ne croise votre regard, vous devenez inexistante, puisqu'aucune expression n'est déchiffrable, pas de sourire en se croisant, au contraire... de la part des collègues, elle aurait eu droit au mieux à un regard dur, comme celui de sa boulangère, d'ailleurs!

 

Tout ça  me rappelle un débat récent sur l’épilation… où je concluais que l’usage de la boulette de caramel sur mes parties intimes relève de mon érotisme personnel, et pas de principes réputés libérateurs pour la femme, et dispensés comme tels par des gens férus de dénonciation tous azimuth de la répression intériorisée – traduction, « T’es tellement imprégnée par ton éducation et la pub et les medias de merde que tu te rends même plus compte que c’est pas toi qui as envie de t’épiler, mais qu’on te le fait croire » - on se retient tout juste de rajouter « pauvre connasse ».

 

Libre-arbitre de mes poils !!!

 

Libre-arbitre de ce que je porte, même un niqab!

 

C’est quoi cette société qui prétend libérer les autres, qui prétend mieux savoir pour les gens ce qui est bien et pas bien, qui édicte des lois qui emmerdent les personnes qu'elles sont censées protéger? Mais quel culooooooot !

 

Qui accepterait que son voisin vienne sonner à la porte pour s’entendre dire qu’il ne devrait pas porter des chaussures si pointues ou des pantalons aussi serrés, car l’oignon ou la mycose le guettent ?

 

Même combat. De quoi je me mêle, bordel ?

 

Juste de vouloir mettre le caca un peu plus dans la vie de ces femmes ? Aux Supermen à la gomme (même pas arabique), vous croyez pas que c’est une histoire individuelle, qu’une mentalité ne se combat pas avec une loi issue d'une autre culture? Que ces femmes qui disent se sentir à poil quand elles sont en cheveux, elles en ont probablement pour toute la vie à peser le pour et le contre pour s’affranchir de bieeeeen moins que ça ? Que votre souci éthique, elles s'en cognent, et walouh? J’en connais, des beurettes seconde génération, qui ont dû choisir entre la famille et un peu de la liberté que nous trouvons, nous, si normale et idéale; dont la fratrie et la mère ont l’interdiction de les voir, puisqu’elles sont devenues des quasi-putes du simple fait de ne pas vouloir se marier au bled avec le fiancé choisi par le père…

 

Imaginez que demain une loi soit votée d’urgence par des naturistes au pouvoir, décrétant que tout le monde doit se balader nu, imaginez juste ça ? Hé ben à proportion, c’est kif-kif bourricot. (C'est cool, le naturisme, hein, entendons-nous)

 

Laissez donc les gens se libérer tous seuls, ils en ont les moyens comme vous, ni plus ni moins, au sein de leur environnement propre. Libérez un oiseau de sa cage, un animal de zoo… qu’est-ce qui garantit que leur adaptation au-dehors sera forcément meilleure, passé le fantasme absolu de la liberté - fantasme idéaliste, tout comme de croire, jsépas, moi... que les bonobos recherchent le plaisir par le sexe...

 

Occupez-vous de votre propre autonomie, vous seriez étonnés de constater à quel point elle en a besoin. Vous vous croyez libres… continuez à le croire et à vouloir libérer les autres, pour ne pas sentir à quel point vous avez besoin de travailler sur vous-mêmes.

 

Et laissez Diam's se mettre ce qu'elle veut sur la tête, c'est son crâne, c'est sa vie, vous avez bien assez à faire avec vous-mêmes; je ne pense pas que les gens qui osent trouver son voile embarrassant aient des coiffures ou des conduites éthiques assez irréprochables pour se permettre de déplorer ce signe extérieur de recherche de mieux-être, si personnel soit-il - ce n'est pas vos halux valgus, nom d'un chien!

 

 

Laissez donc les gens faire leur chemin, surtout quand ils ne vous ont rien demandé... C'est votre problème, finalement, si ça vous dérange. Qu'est-ce que ça peut bien vous fou-ou-outre!

 

Maasalam, la  paix sur vous (quand même).


Signé: une plus parpaillote qu'autre chose, sur le papier... mais plutôt intéressée par certains côtés du bouddhisme - quoique - et qui invoque les anges, si si.

 

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