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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 09:24

Un thème que je réaborde pour la ixième fois, sûrement.

 

Voilà 4 ou 5 ans, voilà-t-y-pas qu’une connaissance habitant vers Nice me propose de monter un site de causette. Car après de longs échanges fertiles sur le net, et quelques visites très sympathiques du côté de Vallauris en été, on s'est dit qu’il y avait de quoi faire…

J’avais assez envie de comprendre un peu plus d’informatique, je me suis piquée au jeu de monter le forum ; et comme une seule personne pouvait disposer des droits d’administration, ben je me suis trouvée aux commandes.

Succès immédiat. En quelques semaines, c’était devenu un carrefour vrombissant d’idées, assez joyeux.

Bon, je me suis rendue compte ensuite que ma partenaire avait été relancer les personnes qui causaient sur un autre site, à l’exception de la personne qui avait lancé ce site – quelqu’un de vindicatif, de très paumé, d’extrêmement méfiant, de très intelligent et qui quand elle s’en est rendue compte, a cherché par tous les moyens à nous emmerder.

Quand j’ai compris que ces deux-là m’utilisaient chacune à leur manière pour régler leurs comptes, en 36 heures, le jour de mon anniversaire, pour pouvoir transférer les pleins pouvoirs à mon ex-partenaire, j’ai vidé les fils de leurs contenus en déposant tout dans un réservoir de transition. Et une fois qu’elle a repris les rênes, j’ai tout remis en place.

Après, il a fallu encore un peu de temps pour que l’autre teigne me lâche, c’est vrai. Mais ensuite, j’ai eu la paix royale, sans plus même aller assister à leurs crêpages de chignon. Pour dire les choses clairement, j’ai quitté le forum que j’avais créé.

 

Entretemps, on avait bien vu que c’était difficile de garder un cap de convivialité en étant juste deux personnes avec fonction de modératrices, d’autant plus que le rythme des échanges était assez effréné : le volume à gérer a cubé, on était débordées, passionnées aussi, mais ça ne suffisait plus.

J’étais en train de m’épuiser, de devenir beaucoup moins patiente : pour réguler des échanges houleux ou douteux, je fermais la porte de diverses manières. Ayant les droits d’administration, tous les jours je devais gérer les nouvelles demandes d’inscription, et celles de ma partenaire concernant l’organisation des fora, des fils, etc. Même avec tout mon temps à disposition, ça ne le faisait plus.

On a donc proposé à deux personnes de confiance de prendre aussi le rôle de modératrices ; ça supposait évidement qu’on ait un cadre commun… à ce stade, je me suis mise à chercher auprès d’autres admins et modos de site des conseils sur la gestion des crises.

 

Premier impact : on avait élaboré une charte de communication, faite de bric et de broc. La loi Hadopi n’était pas encore sortie, elle nous a aussi aidées à replacer certains points nébuleux. Et ce cadre commun nous a autant aidées à trouver un fonctionnement harmonieux qu’à nous poser quelques questions cruciales : quels moyens avions-nous de réguler les échanges, en-dehors de laisser tout se dire ou de bannir les pénibles ?

Finalement, on a opté pour quelque chose d’assez simple : en cas de débordement, et comme nous n’avions pas toutes la même notion de ce que c’était... la première qui se sentait mal à l’aise devant un post le transférait sur un lieu interne de discussion entre modos, en avertissant son auteur que son discours était en cours d’évaluation et qu’on allait lui dire comment amender ses formules en le renvoyant à la charte pour le faire.

On y causait, pour voir ce qu’on allait demander de changer. Bon, notre erreur, c’était de vouloir absolument trouver un consensus. Avec le recul, je me dis que la seule solution valable et qui laisse les échanges dynamiques, c’est de tenir compte du moindre malaise – avec le temps, chacune a géré avec plus d’aisance ses propres intolérances.

On avait appelé ça le « frigo à bla-bla ». En fait, soit la personne revenait avec quelque chose d’adouci, qui lui permettait quand même de faire valoir ses opinions ; soit elle se barrait d’elle-même.

On avait aussi mis au point un système de bannissement provisoire, s’il fallait signaler à quelqu’un qu’il passait les bornes, ou nous fatiguait avec des posts à reprendre à chaque intervention.

Et à chaque fois, un petit bout de la charte se précisait un peu plus. On pouvait donc y renvoyer plus facilement les intervenants qui viraient tronche-de-cake.

 

On y posait aussi que si deux personnes ou plus avaient envie de s’engueuler, qu’elles le fassent par message privé sans importuner la communauté. Et que tout message public ne respectant pas ce point serait juste effacé, purement et simplement.

 

Mais surtout… partager la charge restait le premier principe. Car rester seul aux commandes fait virer l’administrateur et modérateur au tyran laxiste à l'occasion, dès lors qu’il ne peut plus faire face au volume de travail. Et définir les lignes de la modération, c’est un must.

 

Avec le recul, je me suis même dit que je ne rouvrirais plus aucun site si je ne pouvais payer un modérateur extérieur, compétent, comme un psy ayant l’habitude de mener des réunions de groupe. Et que je n’hésiterais pas à fermer le site le week-end, si je ne pouvais payer quelqu’un d’autre pour  assurer 24h sur 24.

Comme ça, je pourrais rester membre et me faire plaisir…

 

Parce qu’il n’y a pas à tortiller : le net, en ne mettant pas réellement les gens en présence, autorise les débordements. Il y manque le para-verbal et le non-verbal, donc 93% du sens du contenu des messages, que chacun interprète avec sa propre sensibilité. Aucun émoticône ne peut réellement remplacer la présence…

C’est terriblement génial, de pouvoir tchatter avec un zigue qui habite aux antipodes, mais ça a sa part d’ombre, de sentiments qui se font et se défont à la vitesse de l’éclair, à travers un épais rideau spatio-temporel.

 

Des fois, les forums, c’est « Star-Trek », « Perdus dans l’espace », et « Alien » tout ensemble.

 

Grosse fatigue.

     

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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 00:11

Hé, me revoilou, et plus vite que je ne pensais!

 

Je vous ai déjà dit que j’aime bien les psys, depuis toujours; ils m’ont aidée à grandir, en l’absence de parents adéquats pour le faire - c’était pas leur faute… mais bon, c’est comme ça, à partir de mes 16 ans, y’avait comme plus personne, tut-tut-tut, abonnés absents ou ayant raccroché. 

 

Alors depuis bientôt 35 ans que je les fréquente, les psys, je commence à avoir une jolie caisse à outils, bien garnie ; et mettons que j’ai utilisé les outils avant de savoir leur nom et de comprendre leur fonction.

Le premier, c’est ce que j‘ai rodé comme réflexe pour aller bosser avec les pros quand quelque chose me tracassait; et le besoin de comprendre, et le sentiment de sécurité qui s’est développé à force d’explorer le caca avec de bons partenaires. Plus ça allait, mieux ça allait.

On appelle ça l’introjection : comment assimiler ce qu’on découvre à son propre sujet, en pratiquant l’introspection avec une personne de confiance. Le bénéfice principal c'est de réaliser qu'on est pour moitié responsable, et de se mettre à bosser sur ce 50%-là. 

 

J’ai aussi compris quels moyens j’avais à disposition pour ne pas accepter la réalité tant que je ne me sentais pas assez en sécurité pour regarder les trucs mooooooches.

En cas de conflit interne, il y a activation des mécanismes de défense, perte de la souplesse psychique, rigidité qui peut se traduire par des comportements divers.

En voilà quelques uns.

 

Le plus hautement adapté de ces mécanismes, c’est l’humour : déplacer l’énergie sur l’aspect absurde des conflits. Par exemple, sur le net, l’interprétation systématique de toute tentative d’explication sensée, qui finit par laisser douter de l’intelligence de l’interlocuteur… a sûrement contribué au développement du concept de « blonde ». Même des mecs se traitent de blonde… et il y a des dérivés multiples : dire de soi que l’on se fait des teintures, par exemple.

Ma psy-coach est régulièrement hilare lors de nos séances : paraît que j’en suis bourrée, d’humour… ça aide vachement, je confirme, quand les issues paraissent bouchées par des mégatonnes de mauvaise volonté. Dis donc, c'est flatteur d'apprendre qu'on utilise à haute dose le mécanisme de défense le plus élevé sur l'échelle de l'adaptation...

 

Dans les mécanismes névrotiques que je rencontre le plus souvent en causant sur le net avec des gens que je n’ai jamais rencontrés, je relève…

L’annulation rétroactive… la palme, je la donne à une ex-colocataire. Si elle avait dit ou fait quelque chose qui lui déplaisait, elle devenait une menteuse de bonne foi, ça me laissait baba d’admiration, cette faculté à gommer le passé. Mieux que Virenque avec son insu du plein gré.


La projection, le clivage du moi, le clivage de l’objet… avec ceux-là, on flirte aux limites de la psychose.

Mais rassurons-nous : ça peut aussi être juste de la névrose trèèèèès ordinaire.

La projection, c’est attribuer à autrui ses propres motifs, émotions, idées ou pulsions inacceptables. C’est cool, ça enlise le dialogue, puisque la personne jouant le rôle d’écran de projection se justifie sans fin en réexpliquant ce qu’elle a voulu dire.

Le clivage du moi, généralement, consiste à désigner de bons objets et de mauvais objets (des personnes réelles), car le psychisme ne parvient pas à maintenir son unité à travers un dialogue, au sujet d’un conflit interne ; alors il se divise en plusieurs fragments qui ne communiquent pas entre eux, et amène la personne à un discours blanc et noir: d’un côté, on encense X. et de l'autre, on débine Y. Ainsi, le conflit est projeté à l’extérieur.

Le clivage de l’objet (X et Y) répond au même mécanisme : un objet unique (une personne) est différencié en fonction des actions qu'il entreprend plutôt que d'être intégré en un tout capable du bon comme du mauvais. Ca s’appelle un objet bizarre, parce qu’il est soit encensé, soit débiné. Ca me fait penser au triangle de Karpman, tiens : quand ce mécanisme s’enclenche, un trio de personnes peut passer par tous les rôles (victime, persécuteur et défenseur), à toute vitesse et alternativement.

 

Avec tout ça, et les autres mécanismes de défense dont l’humain dispose, on a de beaux jours devant nous en matière de dialogue de merde.

C'est pas grave, au moins une fois par année, quelqu'un d'adorablement naïf demande au Père Noël la Paisurtérr.

Ca équilibre. Pas dans la colonne "lucidité" de la compta, par contre. Ca fait un sacré passif...

 

Mais bon, il y aussi le lâcher-prise, dans la caisse à youpis. Qui au final consiste simplement à réaliser que c’est pas la peine de continuer à causer quand c'est le mode "blonde" qui est enclenché, parce que « parle à mon cul, ma tête est malade ».

 

Et là, je remets ma culotte à sa place, et du coup, je respire mieux.

 

C'est dingue, non?

 

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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 19:56

NB: pardon tout le monde, j'utilise cet espace pour répondre à quelqu'un que je tiens en haute estime, et qui gère seule et à bout de bras un site de soutien d'importance cruciale pour des personnes dépendantes. 

 

Et aussi pour que les gens de ce même site, qui me font l'honneur de venir me lire, aient les deux sons de cloche, parce que je n'irai pas répondre sur le forum...

 

Tous les autres, savez-vous quoi... 

  

Je me rattrape dès que possible, crachi-jura.

 

 

 

 

Là, c'est moi qui causais, dans mon message de départ du forum en question:


« L’administration, puis la modération se sont concentrées aux mains d’une personne qui pour des raisons qui lui appartiennent, n'est pas encore "mûre" pour se laisser décharger. Je l’aime vraiment bien, cette fille, elle est très intelligente, extrêmement lucide sur pas mal de choses, mais pas sur tout vu qu'elle a le nez dans le guidon. Et je veux lui dire, vous dire ceci : deux choses découlent de la situation. »

Là, c'est elle... là-bas... :

« Merci de me reconnaître lucidité et intelligence, mais l'administration et la modération de ce forum ne sont pas concentrées entre mes mains pour des raisons qui m'appartiennent, et puis qui es tu pour juger de ma "maturité" ? Si je ne délègue pas c'est que j'ai des raisons : la "population" est ici souvent fragile, doit s'occuper de se sortir de l'ornière avant de s'occuper des autres et est surtout très volatile : tu viens d'ailleurs d'en faire la démonstration. Je n'ai pas la tête dans le guidon, mais j'ai des responsabilités, on a été échaudés et j'ai de la mémoire. Je n'ai pas l'intention de donner de "casquette" à n'importe qui et risquer de mettre le forum en péril. »   

Et là, c'est moi. Ici, car je suis sortie du forum, et je sais qu'elle vient volontiers me lire, habituellement:

T'es pas encore assez à point sur le gril pour te laisser donner des coups de main, c'est ça que ça veut dire.    

Je pars parce que justement, entre autres, quand tu t'es retrouvée seule d'un jour à l'autre avec tout à assumer, à mes propositions de te soulager d’une partie du boulot - en m’initiant par exemple aux arcanes de la répartition - j’ai vu opposer un refus assez carré; par contre, les tâches d’accueil, de groom du site, la conciergerie, en somme, ça oui, à moi et à d'autres, tu nous l'as demandé, et on t'a bien reçue. Pourquoi ne pas m'avoir plus fait confiance... ça, ça me laisse encore perplexe.

Et si être là presque deux ans, c’est avoir une présence volatile… je prends note… c’est intéressant, comme point de vue…  

 

Là, c'est encore moi, là-bas:

"son savoir très particulier sur les répartitions quotidiennes du baclo, de palier en palier, et unique pour ce qui est de diminuer les pénibilités du traitement, n’est pas partagé. J’espère qu’elle a pensé à poser par écrit et à rendre accessible ce savoir à plusieurs personnes de confiance, au cas où il lui arriverait quelque chose."


C'est elle... là-bas:

 

« Je ne manque jamais d'expliquer comment le baclofène fonctionne. J'ai crée un site très complet. N'importe qui, qui s’intéresse à ce traitement et qui lit ce que je raconte peut en comprendre le fonctionnement, tout comme je l'ai fait moi même. Je ne me contente pas de balancer des horaires de prise : j'explique, il me semble. Je donne toutes les clés. Aux gens de s’intéresser aussi. »

 

Et c'est moi, ici:

 

Encore mal compris... Ce que je déplore que tu refuses, c’est de partager la charge de répondre aux demandes de répartition, si importante par moments que des gens que tu réputes si fragiles se font enguirlander...   

 

Encore moi... là-bas:


« Deuxièmement, en cas de confrontation d’idées sur des croyances discutables au sujet de l’alcoolisme, ses interventions peuvent rester partiales, manquant de distance, parce qu’elle intervient sous son pseudo, indifféremment comme membre ou comme administratrice. Ce qui fait que quand elle menace de sévir, le rapport de membre à membre en est faussé. »


Et encore elle... là-bas:

« Je n'ai pas envie de prendre les gens pour des cons et me cacher derrière un pseudo pour sévir lorsque c'est nécessaire. J'assume, même si ce n'est pas facile pour moi, lorsque cela se présente et qu'il serait bien plus confortable de prendre un pseudo admin et de faire comme si j'étais quelqu'un d'autre. »

Et encore moi, ici;

Il existe des forums d’entraide à l’administration de site, où il y a plein de bonnes idées à glaner en plus de celle de séparer les casquettes. Car personne ne se sent pris pour un con quand un administrateur et membre prend soin de séparer ses interventions en en expliquant le mécanisme…  

Tu veux pas te laisser aider un peu, dis?



« Merci pour l'aide que tu as apportée aux membres de ce forum. »

Ils m’ont remerciée eux-mêmes, pendant presque deux ans... merci de ce merci, néanmoins. 

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24 décembre 2013 2 24 /12 /décembre /2013 11:28

Bientôt finie la corvée des fêtes. J'aime pas les fêtes, vous allez le savoir, à force que je le chante sur tous les tons...

S’amuser sur commande le 31, ça fait déjà conjuration du sort, marchandage avec le Père Fouettard du jour de l’an. Je me méfie de ces moments de pensée magique puérile, qui déterminent en blanc ou noir l’année suivante. C’est Monk qui se vautre parce qu’il a marché sur un bord de dalle, ça.

Tiens, est-ce que personne n’a jamais atterri aux urgences un 1er janvier, après s’être étouffé avec un des douze grains de raisin rituels à avaler à chaque son de cloche de minuit ? Je pense que ça doit arriver, quand même. Tu vois le tableau ? Qu’en voulant t’assurer bonheur, santé, prospérité et tout le toutim, tu te retrouves à moitié gaga en chaise parce que ton cerveau aura manqué d’oxygène quelques secondes de trop… La loose totale.

Quant à Noël, pfouh, je viens de lire dans mon canard de droite préféré que c’est le jour qui nous fait devenir plus humain. Ben mince alors, si je devais attendre le 25 décembre pour y penser… ça fait moche dans le paysage.

Tu vois, je repensais à une pépette qui s’est plainte de son examinatrice (moi, en l’occurrence), elle n’a trouvé que ça à faire pour se défouler d’avoir passé son examen avec la note médiocre qu’elle méritait. Et ma foi, devant sa déroute sur le moment, j’ai bêtement voulu lui tendre des perches qui l’ont plutôt enfoncée, vu que je souhaitais qu’elle raisonne devant moi pour expliquer sa prise en charge multi-foireuse. Au moins comme ça, elle avait une chance de récupérer des points si elle connaissait sa théorie (censée la posséder pour partir en stage qu’elle était…). Mais comme cette bedoume n’avait pas compris que malgré ses années de pratique, elle devait lâcher ses habitudes et travailler désormais avec les principes de base, ça a été la cata.

En somme, la miss qui se faisait absolument confiance pour son examen pratique a reçu la pire des humiliations possibles : réussir son examen de justesse. Marquée au fer rouge…

 

Et je me suis interrogée sur mon supposé manque d’humanité, puisque c’est bien ça qu’elle me reprochait. Quand on est porteur de bonnes nouvelles, de choses positives, de cadeaux et ainsi de suite, le sourire est de mise, on ne fait pas la gueule en remettant des présents. Quand c’est le contraire, quelle est la bonne grimace à arborer ? Sourire, non, ce serait du cynisme ; tirer la gueule enfonce un peu plus… il reste la façade neutre, distanciée, faudrait trouver comment faire transpirer sa bienveillance en même temps… quand vous aurez trouvé la mimique idoine, faites-moi signe, il y a de quoi bâtir tout un jour de cours pour formateur d’adultes.

Quand vous aurez trouvé la potion magique pour toujours être compris dans ses intentions, dites-le moi aussi, on tiendra une des clés majeures pour la paix sur terre.

C’est du même tonneau que faire comprendre à ceux qui savent mieux que vous comment exercer votre métier de soignant – sans l’exercer eux-mêmes, ça va sans dire, je le dis quand même… - que soigner c’est travailler à conserver ou à faire récupérer de l’autonomie et de l’indépendance ; et que donc on ne va pas pouvoir se permettre la pitié, qui est d’ailleurs condescendante car égoïste, puisqu’elle soigne le bobo personnel qui consiste à ne pas supporter de voir quelqu’un en souffrance. Soigner, c’est être capable de comprendre ce qui agite quelqu’un (être empathique), c’est très différent de la compassion, de souffrir avec la personne. Aucun soignant ne serait plus capable de faire une prise de sang, si c’était la compassion qui devait les guider. Aucune blouse blanche ne pourrait nettoyer des ulcères, non plus. T’es plus soignant, dès lors, t’es pleureuse. Ca a eu payé chez les pharaons, ça paie peut-être encore ici et là, un peu.

Mais là, makach'.

Bref, à mettre un point d’honneur à exercer ça tout au long de l’année, tu comprends que Noël comme remise à zéro de compteurs, promesse à soi-même de s’améliorer, ça me touche pas, ça m’énerve, même. Comme si quelques heures d’auto-apitoiement suivies du dépiautage des cadeaux faisaient l’affaire… Du coup, le reste de l’année, je peux me cacher la merde au chat, m’épargner les nécessaires mises au point délicates quand il s’agit de dire à une connaissance de longue date qu’elle va faire partie de mon passé, vu qu’elle me relance encore et encore malgré des signes évidents (pour moi) de désaffection et de mésentente croissante ?

Là, je pense au mec que j’ai quitté il y a quelques années, parce qu’il était limite odieux le week-end jusqu’au moment où je me préparais à partir : au moment de rassembler sac, clés et Cie, j’avais droit d’un coup à des sourires radieux, des bocaux de ses conserves. Un jour je suis partie avec les quelques objets que je laissais d’habitude chez lui, et en abandonnant derrière sa porte les cadeaux qu’il venait de me faire.

La franchise, c’est pas facile. Et différencier le type de franchise qu’on peut se permettre entre proches de celle qu’on peut afficher professionnellement, un pas de plus.

J’en rigole un coup de plus, parce qu’au taf, un des leit-motiv, c’est l’authenticité, au sens psy du terme : être raccord avec ses émotions, congruant, transparent. Mais on n’est pas des psys, et pour pouvoir accueillir sa propre bêtise et son insuffisance ici et là, il faut plus que vouloir être congruant !

C’est un drôle de monde, la formation chez les soignants : faut lutter avec l’altruisme ambiant qui consiste à vouloir réinsérer les gens socialement, surtout lorsque l’erreur de casting devient manifeste. Je postule qu’on peut repérer la fragilité du soignant-formateur au nombre de fois qu’il répète « Je ne suis pas Mère Teresa »… c'est qu'il aimerait bien l'être, quelque part.

Alors je formule l’hypothèse que devenir plus humain comporte une part « dure », qui consiste à ne pas épargner ceux dont on a la charge morale ou aimante, en ne laissant aucune lâcheté leur épargner des occasions de chercher eux-mêmes leur voie. Se mettre à leur service de manière à ce qu’ils se détachent de nous, aussi, et c’est peut-être bien là que le bât blesse. Savoir qu’ils ne reviendront peut-être pas ; que s’ils reviennent, ce ne sera pas à cause d’obligations morales, de reconnaissance mièvre, mais parce qu’un lien s’est noué pour ce qu’il vaut vraiment. Si l’on est prêt à avoir un peu mal de ne plus avoir de nouvelles de ceux à qui l’on s’est attaché unilatéralement, c’est plénifiant de voir certains, plus rares, revenir en mesurant très exactement les parts de rôles accidentel et essentiel qu’on a dans leurs vies.

Il ne s’agit pas de reconnaissance due, mais d’entrer dans la logique du « je passais par là, j’ai entendu appeler à l’aide, j’en ai donné, je suis reparti ». Ca aurait pu être quelqu’un d’autre.

N’importe qui peut le faire, sans attendre de retour d’ascenseur : ça, c’est le hasard qui s’en charge.

X me file un coup de pouce, je file un coup de pouce à Y, qui aide Z. Et Z, un beau jour, se retrouve à tendre la perche à X.

C’est une histoire de réseau, ce n’est plus une affaire de personnes, mais d’humanité envers l’humanité. Plus de compta, plus de rancœur, et quand cette prise de conscience-là est faite, elle ouvre la porte à cesser de mettre sur le dos d’autrui ses propres manques.

 

Tout le monde en profite à la fin ; mais c’est sûr que pour ceux qui en premier ont pris de la distance empathique pour responsabiliser Job sur son fumier et Calimero sous sa coquille, il y a le risque de passer pour le méchant.

 

Et ça aussi c'est un joli boulot à faire, et j'ai aimé faire ce job-là avec des psys, des vrais: le jour où j'ai senti clairement, dans mes tripes pour la première fois et non plus seulement en me raisonnant après coup, que les reproches qui m'étaient faits s'adressaient à quelqu'un d'autre, un archétype familial, une mère ou un père trouvés insuffisants... ce jour-là, j'ai respiré bien à fond.

 

 

 

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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 10:30

Dimanche matin de décembre, 3 semaines avant la rumba des fêtes.

Enfin… pas pour moi.

Je crois bien avoir commencé ce blog par un billet grommelant aimablement au sujet de la folie furieuse des fins d’année, et j’ai bien fait ; c’est fou ce que l’écriture permet d’éjecter les malaises diffus, ça éclaircit les idées.

C’était en 2009 je crois, ce tout premier texte d’humeur. Dans la foulée, j’ai testé les non-fêtes de fin d’année, puis les non-anniversaires. Du foie gras et des toasts au saumon, oignon cru et câpres avec un filet de jus de citron, je m’en offre toute l’année. Et jubiler de la vie, j’ai 365 jours par an pour le faire.

4 ans que je pratique, déjà… me laissant porter par les invitations s’il en surgit, et plutôt avec les copains qu’avec la famille. Un Noël de potes qui s’offrent une bataille rangée de pelures de mandarines et de cacahouètes, voilà qui détend - mieux que les fions entre les 2 duègnes de notre vieille génération. Un Nouvel-An tranquille, entre bons vivants qui bilantent leur année pour se féliciter et laisser derrière les merdouillages, ça le fait aussi.

En fait, je rêve de me tirer de mi-décembre à mi-janvier sur une partie du globe où le p’tit Jésus est inconnu – ça devient rare.

Où on fête Pâques de manière païenne, en gardant l’esprit de l’œuf : tiens, tout redémarre !

Je garderais pour la bonne bouche la Toussaint fêtée à la mexicaine, je m’y exerce depuis l’an passé : cette année de nouveau, j’ai dressé, avec une collègue suisse-allemande mariée à un mexicain, un autel des Morts garni de fleurs, de trucs à manger, de lumières et de guirlandes – j’y ai ajouté cette fois une clope pour faire bon poids, car certains de mes ancêtres y trouvaient plaisir.

Démarche appréciée : qui le souhaite peut y laisser épinglé sur un carton de couleur le nom des morts qu’il veut honorer. J’y mets mes grands-parents maternels, Albert, gros nounours bonnasse, et Lucile-tronche-de-cake; mon père Pierre, personnalité sombre et aussi torturée que joyeuse quand ça le prenait, crânement irrévérencieux dans le fond, même devant le crabe qui l'a emporté à 34 ans; et puis la tante Bébeth si mal nommée – une maîtresse-femme, cuisinière hors-pair et d’un humour décapant. J’aurais voulu côtoyer sa sœur Elmire, mon autre grand-mère, que je n’ai pas connue, il paraît que je lui ressemble beaucoup.

J’ai sa photo sur ma bibliothèque, en manteau des années 20, avec le genre de bibi que j’affectionne : ras-les yeux, en cloche élargie. Et une autre, où elle trône sur un éléphant, son premier mari et le cornac tous sourires restés au sol. Le mari en question était ingénieur chez Baumgartner Papiers, il était parti avec son épouse pour monter à Calcutta une usine, et en revenant après des mois d’exil était mort du typhus sur le bateau. On a des morts dramatiques, dans la famille. 

Quand je revois « Out of Africa », je pense à elle : les robes et les chapeaux de Meryl Streep, elle aurait pu les porter.

 

Je ne prendrais rien d’autre sous le bras, réinterprétant à ma façon les supposées obligations sociales et familiales. J’oublie les anniversaires des autres, rien à voir avec le degré de complicité que j’ai avec eux. Les fêtes sur commande, ça me déballonne. Ici et là, me taper un petit souper avec mes trois neveux, oui. C’est-à-dire fêter le diplôme, les réalisations personnelles, célébrer d’autres étapes qui ne doivent rien au hasard, mais tout à la volonté ferme de se faire plaisir, dût-on en chier un petit peu au passage.

Le premier fils de ma sœur est un brillant webmaster-designer, qui a terminé avec un 7 sur 6 de mémoire de diplôme. Engagé dans la foulée par sa HES pour donner des cours, il a perdu 12 kilos l’année suivante en montant avec deux acolytes une start-up valant le million, jetant un pont de sous-traitance internationale entre des PME, et des équipes compétentes  – Novertur https://www.novertur.com/fr . Un petit gars obligeant, avec qui j’ai plaisir à aller me taper une fondue au Café Romand pour parler de nos projets respectifs. On se voit bientôt, j’ai besoin d’un coup de main pour finaliser un site sous WordPress.

Le deuxième est sorti photographe de la même école, et s’apprête à courir le monde, a exposé un peu, discrètement, bref… celui-là, je m’y retrouve un peu, capable de se dégager très vite des croyances et valeurs familiales, l’E.T. de la famille. Il manifestait déjà comme adolescent et au grand dam de sa mère son jemenfoutisme des règles familiales, alors que ça m’a pris, moi, vers la fin de la quarantaine seulement. Je me marrais de ses frasques, trouvant qu’il avait bien raison de se nettoyer la tête aussi vite. Il récupère à présent ce qu’il faut de douceur pour se rapprocher de ceux qu’il aime à sa manière, distanciée. Il devient plein d’attentions délicates – ce grand escogriffe m’a apporté l’autre jour une delikatessen de dessert, bien trop grosse pour nous deux.

Le troisième rêve de vivre du dessin comme story-boarder après une formation en Languedoc-Roussillon : ce sera pour dans quelques années, il faut qu’il termine sa formation de graphiste d’abord. Tout gamin, il tordait du fil à souder pour en faire des mouches et des insectes géants criants de vérité, et façonnait en pâte Fimo des vaches assises sur leur séant, la tétine transpercée d’aiguilles à tricoter et un œil sanguinolent pendant au bout du nerf optique. Que du bonheur. Guitariste hors-pair, compositeur, le Conservatoire aurait pu être une autre voie – son premier professeur lui a dit un beau jour qu’il n’avait plus rien à lui apprendre. De la ressource, de la créativité, des voies multiples.

 

C’est pas moi qui les ai faits, c’est pas moi qui les ai élevés, mais j’en suis fière et émerveillée comme si. C’est ma sœur qui a produit ces trois gaillards, en très grande partie. Chapeau bas, frangine, c’est du beau boulot, ça.

 

On disait donc que c’est dimanche, et si j’ai toujours le zinzin tout à l’heure, je vais aller au hammam faire peau neuve, je me sens crocodile aux entournures, il serait temps d’aller virer les peaux mortes.

J’ai aussi envie de préparer un waterzooï épicé à la thaïlandaise : ingrédients de saison et d’ici, saveurs de là-bas, cuissons hybrides pour sortir un bouillon riche et mitonner la marmite deux heures durant ensuite.

Mon congélo est plein de pruneaux et de raisin-framboise de l’an passé, faudrait bien que j’attaque la confection de confiotes tirant vers la sauce pour la chasse – l’aigre-doux, voilà qui satisfait mes papilles en manque de contrastes… Et puis je ne sais plus où mettre mes bocaux vides, tiens.

 

J’ai du boulot, mine de rien, et ça me fait plaisir de l’envisager en détente, vu que je suis en congé pour 6 semaines : cumul d’heures supplémentaires, de vacances et d’un arrêt-maladie pour cause d’inflammation des trapèzes, le résultat calamiteux de 16 mois de merdes cumulées au travail. En même temps, je vidange ma grande colère à l’égard d’une collègue qui me court sur le fil depuis une année, en profitant d’un groupe de supervision extérieur au boulot. Retour d’expérience bienvenu à faire avec des gens que je ne connais pas, et en toute confidentialité. Je dois poser sur le papier cette situation pour en parler avec le groupe, et décidément, c’est en écrivant que je peux mettre le doigt là où ça fait mal… et du coup, m’en distancier.

2014 va être l’année où :

 

  • Je reste dans ma ville pour travailler l’immense majorité du temps, finis les déplacements à Pétaouchnok 3 jours par semaine
  • Mon agenda professionnel prévoit des tas de vides, histoire de créer une double-marge de sécurité vu que celle, simple, que je m‘ingénie à préserver, m’a systématiquement été bouffée par la hiérarchie en 2013
  • Je ne travaille avec aucun des partenaires avec lesquels ça a été le sac-de-nœuds perpétuel depuis janvier…

 

Ca, c’est pour éliminer les trucs négatifs.

 

Je me réjouis donc de pouvoir consacrer du temps à mes projets personnels, et accueillir pleinement la bonne surprise faite par un pote en me sollicitant pour monter un cours en tandem, destiné à des étudiants HES. Intervention payée royalement… quoi qu’en pense le dit-pote, qui plafonne son salaire au quadruple du mien, et trouve que c’est un minimum. Tu doutes de rien, va. 

L’autre projet personnel, j’y travaille depuis plus d’un an avec mon associée, en montant des formations continues pour formateurs d’adultes, mais pas que. Parties pour mettre en ligne un simple site de présentations de nos activités, voilà que nous développons peu à peu cet espace en blog de ressources, jeux, ouvrages, vidéos, articles où nous pouvons mettre nos cœurs et nos tripes, en toute liberté.

Ca le fait, tout ça.

Un temps pour nettoyer la merde, un temps pour décorer…

 

Je soigne mes trapèzes en leur offrant des massages dont j’avais oublié la nécessité, et un repos que je meuble à ma guise, sans oublier des riens qui faisaient avant le sel du quotidien, et abandonnés faute de jus : reteindre des vêtements, en customiser d’autres. Aller voir à la Bonne Combine si mon natel serait réparable, va savoir. Faut pas douter, je le redis. 

 

Bref, se laisser vivre tranquille. Et au passage, emmerder copieusement Blocher qui trouve que Mandela est bien trop honoré! 

 

Je vous en souhaite autant pour le futur. Et de ne pas oublier que la priorité dans la vie, c’est que pour prendre bien soin des autres, faut bien prendre soin de soi-même d’abord, et toc. 

     

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29 novembre 2013 5 29 /11 /novembre /2013 08:38

 

Delon est-il allé trop loin, se demande-t-on dans les medias.

 

Ben dis donc… on n’a même plus le droit d’être un vieux schnock, c’est grave.

 

Si on lui reproche de ne pas aimer les homos et les personnes de couleur et de le dire, on fait pas mieux en lui reprochant de penser ce qu’il pense…

 

Qu’est-ce qu’on en a à taper, après tout ?

 

On lui reproche quoi ? Qu’on continue malgré tout à l’aimer dans ses films et tant qu’il sert l’aura internationale de son pays, non ? C’est terrible, ça… comme si on reprochait à Miss Monde de faire caca. On s’en doute, hein. Mais faut pas en parler.

Le Roi nu, en somme…

 

Je réclame le droit, le droit absolu à dire des conneries, ou des choses qui font du sens pour soi-même et représentent des conneries pour le voisin.

Le droit à être maladroit, à faire le clown pour dévier en corner un conflit.

Tiens, j’ai même du Mitterrand, du François pour être précise, pour le dire autrement :

« La démocratie, c'est aussi le droit institutionnel de dire des bêtises.  »

 

Ca devrait même être constitutionnel, comme droit, tiens.

 

Je propose des cours d’empathie dès l’école primaire, dès le jardin d’enfant : on écoute, on ne moralise pas. Et si un discours ne nous convient pas, pourquoi l’écouter davantage, pourquoi continuer de lire…

 

Il a 78 ans, plus rien à prouver, et peut sûrement se permettre de dire ce qu’il pense, n'étant plus dépendant de son aura, ou d’un patron.

Qui de nous n’en rêve pas…

 

Tiens, plus ça va, plus je cultive une certaine tendresse pour les Carmen Crû. Etre odieux, c’est un luxe, quelque part.

Avoir d’autres idées que la majorité bien-pensante, ça m’étonnerait bien que personne n’en ait.

 

Valà. Rien de plus à dire ce matin.

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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 09:20

 

Dans la famille, on a quelques personnes dites HP (Haut Potentiel), ce qui désigne les gens anciennement appelés surdoués.

La douance se manifeste selon le type d'intelligence, voilà pourquoi demander à un surdoué de fonctionner comme une calculette n'a aucun sens, pas plus que se moquer du résultat ne constitue aucune preuve de quoi que ce soit, si les maths ne sont pas sa bosse.

 

Chez nous, ça va de la septuagénaire consciente de ses aptitudes, en suicide social et pas loin de se foutre en l’air si jamais elle arrêtait ses antidépresseurs, au quasi-trentenaire bien dans ses baskets, réalisant un projet associatif valant le million de francs suisses. Et qui n’en a rien à taper, de sa douance.

Quand j’ai compris de quoi il retournait il y a cinq ans, je me suis intéressée au phénomène, cherchant à le cerner de plus près. Comment des personnes aussi favorisées pouvaient-elles, l’une souffrir comme une damnée, et l’autre aller si bien ?

 

L’intelligence, c’est comme le fric, c’est pas de l’avoir qui garantit le bonheur, mais plutôt ce qu’on en fait. Avide de comprendre mes proches, je me suis inscrite sur quelques forums accueillant toute personne intéressée, non HP ou elle-même HP ou parent de HP ou encore enfant de HP.

Le presque-trentenaire a été un gosse valorisé, la septuagénaire, une enfant maltraitée. C'est grosso-modo comme ça que je mets la choucroute et les saucisses ensemble, du moins. La vieille dame, constamment rabaissée par sa brave mère, a une estime de soi au niveau du bitume, et en même temps un ego surdimensionné. Le jeunot, lui, ayant toujours pu exploiter son potentiel, trouve normal de réussir son projet et ne se pose aucune question. La première est imbuvable d'orgueil blessé, le deuxième va tranquille sous le soleil, la pluie et la neige. O bienheureux...

A part ça, sur ces forums - mais aussi sur bien d'autres, rendons à César ce qui appartient à César - j’ai vite constaté que l’intelligence mesurée en QI ne reflète pas l’intelligence émotionnelle… cette dernière notion s’avérant floue : s’agit-il d’être capable de ressentir les émotions, de les gérer… ou de la capacité à se maîtriser, voire à ne pas y avoir accès, je n’en sais encore rien.

Les modérateurs avaient du boulot pour calmer les esprits, y compris le leur.

De fil en aiguille, j’ai accepté de monter un forum avec une partenaire. Ca ne m’a pris que quelques mois pour me rendre compte que la place d’administratrice m’encombrait, car cumulée avec une position, intenable, de modératrice. Et ça m’a fait chier, en vérité je vous le dis, de sorte que j’ai rapidement rendu les clés du royaume, après que la modération ait été partagée, et que le relais ait été mis en place.

 

Je nous appelais les dragons : d’abord j’aimais bien l’image du défenseur de la caverne… crachant le feu parfois, mais rarement consumant ses adversaires – jamais les preux chevaliers venant délivrer la princesse ou le trésor volé au royaume, mais les affreux malveillants, toujours ; dans les mythes, contes et légendes, fables éducatives, c’est normal, remarquez. Et puis, comme nous étions « co-modératrices », « co-modos », j’ai trouvé que ça tombait bien. Dragons de co-modos…

 

Ah que c’est dur, la modération : être administratrice et modératrice, c’est un piège. Les pleins pouvoirs, quelle merde à gérer… Et l’embêtant, c’est qu’il ne peut y avoir qu’un administrateur, c’est-à-dire la personne qui ouvre le forum.

La modération exercée par un administrateur est pleine de pièges d’humeurs et de partialité. Chacun voit midi à sa porte en termes de propos respectueux ou discréditants, et l’on tient un rôle où les membres peuvent vous reprocher toute prise de position ou son contraire, ainsi que le silence qui consent. Plus grave, appuyer des propos inadéquats… signe de dérapage ultime.

Mais ce pouvoir de jarter quelqu’un d'un clic, ça brûle les doigts.

 

Perplexe, j’avais alors exploré les possibilités d’exercer cette fonction avec de bonnes sécurités : quelques outils intéressants étaient ressortis, comme la possibilité de mettre des posts douteux au « frigo à bla-bla », histoire de se donner le temps de se concerter entre modos, ou de donner la possibilité, par mp au posteur indélicat, de remanier son message. Ce qui suppose de ne pas rester seul au poste de modérateur… première précaution. Et puis, de dédoubler ses interventions, en donnant des avertissements clairs, distanciés, sous la casquette « administrateur » - donc avoir un pseudo différent comme membre, qui permette les coups de gueule en tant que membre. Le bannissement provisoire constitue une autre mesure intéressante pour prévenir sur le long terme, avec sanction immédiate et mesurée dans le temps - un frigo à troll, ou un truc du genre. Encore que chacun puisse jouer au troll ici et là... 

 

Toujours est-il que même ainsi, il faut des capacités hors du commun  pour tenir cette position schizoïde : c’est bien simple, j’attends encore de trouver sur un forum quelqu’un qui puisse le faire…

Ah si j’étais riche, Ivan, j’engagerais un psychologue pour tenir ce rôle, mais ce serait la caque quand même, car je pourrais le licencier !

 

Autre solution : déléguer l’ouverture du forum, donc les pleins pouvoirs, à un administrateur extérieur, qui se bornerait à exercer les fonctions d’organisation et d’exclusion. Celle-ci prononcée seulement après un certain temps, et des avertissements donnant chance de rémission ; et après concertation de groupe, des co-modérateurs…

 

Et, autre précaution de base, une charte définissant que n’y ont pas leur place les propos diffamatoires, calomnieux, insultants, discréditants, les lynchages publics, les cabales et tout ce qui y ressemble - la messagerie privée constituant le petit salon idéal pour s’envoyer fions et déjections mentales. Ca paraît incontournable, mais à ma grande surprise, j’ai constaté cette brillante absence de garde-fou encore récemment sur un forum destiné à aborder des graves crises existentielles. Faut le faire… Même laisser dire sous couvert de liberté d’expression, ce n’est pas OK, ça pue l'assentiment discret.

 

 

Bref. Détestant le pouvoir encore plus depuis que je suis obligée de le manipuler professionnellement, il est clair que je ne souhaite plus m’engager dans pareille entreprise… internet n’est pas une zone de non-droit, mais laisse place à toutes les dérives ne tombant pas sous le coup de la loi.

C't'embêtant. Au moins.

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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 11:56

Il fait bien beau aujourd’hui, et grand vent, ça nettoie.

 

Stromae passe à la radio, je ne me lasse pas de l’entendre, et surtout son discours en interviews : modeste, rendant justice à toute l’équipe qui travaille avec lui, conscient qu’il est lui sur le devant de la scène, exposant tout le boulot de ceux qui l’accompagnent.

Un gentleman, qui rit de ses obsessions et de ses côtés maniaques.

 

Bilan de l’année en demi-teinte, de mon côté. Ni réellement parmi les pires, ni parmi les meilleures. Pleine d’enseignements sur la capacité de chacun à se cultiver soi-même, à continuer d’avancer vers ses valeurs tout en larguant les scories, et les divers visages qu’elles prenaient dans leurs manifestations extérieures. Grande joie de voir des malades se prendre en main, réaliser leurs potentiels et trouver un nouvel équilibre. Grande joie aussi de voir que l’on m’envoie paître, signe d’autonomie. Le truc par excellence qui signifie que l’on sort d’un rapport que je trouve chiant, quand les effusions et les remerciements se transforment en discours plus distancié… voire carrément insultant.

 

Des cadeaux fous, des hasards posés parfois il y a longtemps, des rencontres de réseau qui se lient en amitiés – quoique je me méfie des virtuelles, des bisoutages et des grandes déclarations qui virent à l’aigre. Celles qui se consolident ne tiennent même pas forcément au fait qu’on se rencontre en vrai…mais ça aide. Et puis les mandats gratifiants, quand une personne, au-delà de payer son dû, veut faire de la pub’ autour d’elle au sujet des services rendus – encore récemment, lire que j’ai bien fait mon boulot de sage-femme de la mémoire, que l’on peut désormais voir la cohérence là où il y avait une pensée chaotique et diffuse, que l’on peut se reposer sur quelque chose de plus concret pour aller plus loin, c’est du bonheur.

Les années qui étaient pleines de jolis plaisirs, ou juste calmes et fluides, elles restent comme un petit trésor.

 

Pour le reste, ma foi, il est question de garder la foi justement.  J’ai la chance de ne devoir abandonner aucun de mes rêves, juste de voir que certains, mis en sommeil, germent enfin.

 

Que, généralement, je n’ai plus trop à lutter pour asseoir ce que je souhaite faire respecter : là où le lien doit mourir faute d’être mieux nourri, il meurt en douceur, sans trop d’éclats sinon le regret que manifeste l’interlocuteur de voir que des choix ont changé.

Qui ne change pas au prix de larguer avec pertes et fracas des amours, des amitiés aussi…

 

Bon, j’ai mal au dos, mais je vais bien m’en occuper, là, de ce symptôme, après tout je le connais assez bien, depuis le temps qu’il se pose en carte de visite !

Je continue de me débattre avec un désir profond de justice, qui se manifeste ici et là avec violence dans ses résurgences, devenues en même temps plus rares.

En recherche de justesse, plutôt. C’est un peu râpeux de franchise, exposant le ventre tendre, mais je travaille  mes abdominaux mentaux. En bonne compagnie, celle d’une psy que je fais rire, en plus… d’une sœur avec laquelle on est passées de la compétition à une promenade très agréable… d’une vision du monde plus nuancée… de relations qui se dirigent vers une philosophie du « partager le bon en laissant le moins bon de côté ».

 

De prises de risque payantes en récolte de dividendes humains, je chemine vers une décroissance sur plusieurs plans – moins de matériau, mais du matériau plus riche, concentré, efficient - je quitte la peur du qu’en dira-t-on, sans trop batailler, en restant ferme sur ce qui me tient à cœur. L’étonnant du processus, c’est que sans avoir besoin de proclamer et de dresser le poing, en en restant à l’absence de justification, les liens forts persistent. Pas de mise à l’épreuve : je travaille et travaillerai pour la vie à quitter un système mental familial de comptabilités acides suivies de réconciliations éclatantes sur la simple foi d’un acte d’allégeance mental, ou qui peut être interprété comme tel, en ayant soin de me tenir le plus possible à l’écart d’un triangle bourreau-victime-sauveur ou de discours qui sortent de la relation d’adulte à adulte  – mais on ne se refait pas, je me surprends à être tentée par mes résidus d’envie de justice !

 

Il est aussi question de sortir d’une équation des relations à la mathématique de syllogisme : aucune preuve d’amour n’est universelle, et si je contente quelqu’un, j’accepte que ce soit par accident, le contraire étant également vrai.

 

Je ne fais que passer dans la vie des autres – en réalisant ça, je boucle des colonnes de crédits et débits ouvertes par malentendu, surtout quand je suis prise pour quelqu'un d'autre, ça arrive... . Je ne dis pas que c’est facile, et encore moins jouissif, c’est comme de passer sous le gant au hammam, ça dégomme particulièrement en famille, le lieu de toutes les dettes. La peau est plus nette, mais il faut y retourner régulièrement pour virer les cellules mortes.

Pas oublier que l’acquis peut se ternir, que ça s’entretient.

 

Et découvrir avec surprise l’éclat tranquille de relations qu’on pensait n’avoir pas choisies, mais que l’on rechoisit en toute conscience. La cousinette Sarah, tiens, pour ne citer qu’elle. Et son raymond de Roland, une jolie crème de mec.

 

Une bonne année, en somme, même si je l‘ai rotée.

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 10:15

Drôle de mood, ce matin.

 

Comme… démobilisée.

Des projets en attente, en suspens. J’attends la réponse d’une cliente qui m’a sollicitée pour remanier son travail de validation d’acquis, entre autres. Un véritable accouchement aux forceps, à commencer par la démarche de lui faire écrire des choses assez personnelles, qu’on lui réclame à juste titre ; elle devait sortir des grandes généralités pour donner des exemples concrets de ce qu’elle avait appris et appliqué lors de ses innombrables formations continues.

Une fois décidée, après quelques embûches de son côté, du genre bronchite puis panne d’ordinateur,  j’ai reçu en plusieurs mails des romans-fleuves… à replacer aux bons endroits, déjà ça, c’était pas de la tarte ! Et ensuite, réduire son texte des deux-tiers, en regroupant certains thèmes de formation, en élaguant dans ses ressentis pour en extraire le fil conducteur, je dirais que c’est la cerise sur le gâteau. A très gros noyau, la cerise. 

Je sentais poindre l’agacement, tant ses messages me prenaient pour ce que j’évite d’être le plus possible, vu qu’on confond souvent mes demandes d’éclaircissement avec une attention particulière et amicale… et que je lisais de plus en plus de confidences sur des événements comparables à un ongle cassé qui croche sur toutes les surfaces. Le tout agrémenté de smileys et de petites fleurs ridicules.

Et bien sûr, "J'ai pas trop de sous en ce moment », donc plan de paiement à partir de janvier seulement.

Le genre de personne constamment dans le flou ; qui veut un truc mais pas ses conséquences, faut que ça soit fait assez rapidement vu que comme bien des clients, elle a laissé les choses se déliter pour les reprendre à la dernière minute. Mais se lance dans l’entreprise sans du tout se préoccuper du coût de l’opération… et commence le premier entretien par 45’ d’atermoiements, puisqu‘entretemps elle aurait appris que l’an prochain, il est très probable qu’elle n’ait pas à faire cette démarche pour obtenir son papier et une revalorisation salariale. Ha bon... pourquoi se rencontrer, alors. 

Je l’avais laissée marner ses valses-hésitations, sans faire de discours-clientèle marketing poussant au contrat; me doutant qu’ensuite je devrais trouver comment ne pas brader mon honoraires et mon devis. J’avais trouvé une solution en lui demandant de travailler seule de son côté, et ça s’est révélé de bon calcul, vu qu’elle s’était enfin décidée à se fouiller l’esprit pour produire les fameux exemples que je ne pouvais inventer pour elle.

 

J’en ai d’autres, des anecdotes du genre fatigant : la cliente qui pour faire avancer la gestion d’un héritage, veut une lettre ambiguë pour ses frères et sœurs - une missive à la fois factuelle et à la limite des insultes, ce qu’en aucun cas je n’accepterais de produire. Elle voulait que ce soit plus incisif, donneur de leçons...  heuh, vazy toi-même, hé.

 

Heureusement que je poursuis en parallèle un mandat sur le long terme, avec plusieurs personnes parlant du même thème, qui ne rechignent pas à payer ce que vaut mon travail- encore que tout-à-coup des libertés soient prises sur le mode de règlement, et sans m’en avertir…

 

De menus soucis, en somme : je ne dépends pas financièrement de ces mandats, je les accomplis parce qu’ils m’apportent des satisfactions personnelles. Et puis ça me donne l’occasion d’échanger avec mon mentor en écriture publique, une personne très marrante, qui outre de me donner de belles occasions en me déléguant ces travaux, est une mine d’enseignements sur le sujet. On se voit pour un café en ville ici et là, on échange sur le boulot, « Tiens, comment t’as fait pour mener ce bateau-là à bon port », et puis je trouve en elle l’écho de ma propre recherche identitaire : un discours franc, un peu politiquement incorrect comme je les aime, dégagé d’un paquet de valeurs de société qui chlinguent doucement de dessous les bras… Très consciente que le bluff bien tempéré est un atout, qu’il faut parfois broder dans des textes exsangues, et qu’une belle phrase bien tournée fait parfois la rue Michel lorsque le contenu est aux frontières de l’indigence. Une belle personne, qui m’a couverte de compliments dans une lettre de recommandation, une précieuse présence, sporadique mais qui me regonfle et m’amuse à chaque fois que je la rencontre en vrai ou au téléphone.

 

J’aime faire, de textes diffus, confus et en vrac, des écrits cohérents et précis. Et cet autre mandat qui se profile, avec un très bon pote enseignant en milieu HES, est en ligne directe avec ce que j’ai affûté comme compétences dans ce domaine : nous préparons un mémo pour son doyen, histoire de mettre en place des interventions ponctuelles auprès de ses étudiants, axées sur la transformation de leurs travaux parfois à la limite de la lisibilité – récemment, il a restitué un travail de diplôme sans avoir pu le déchiffrer, et l’étudiant a reçu ensuite la seule note possible en cas de remédiation, c’est-à-dire la moyenne, ni plus ni moins… alors que son boulot lui aurait valu un bon 5, 5 sur 6 s’il avait été présenté ainsi en première instance.

Donc, des ateliers à mettre sur pied et à dispenser en tandem avec mon pote, à des étudiants de 2ème et 3ème année, sur la base de leurs travaux précédents. Le pompon, pour moi, c’est que ces ateliers seraient couplés avec des formations sur la recherche web, vu que leurs bibliographies sont souvent minimalistes, et olé-olé sur la présentation – y’a des règles de citation à respecter, et l’immense majorité de ces futurs ingénieurs s’asseyent dessus avec entrain !

Ils perdent des points, se fondent dans la masse des demandeurs d’emploi ensuite, ils ne servent pas la communauté de recherche, bref… il est question de faire ce qu’il faut pour leur ouvrir les yeux sur ce que représente un travail de diplôme de qualité, histoire qu’ils sortent de leur simple quête d’un papier. Au-delà d’entrer sur le marché du travail, on va leur causer de participer à l’esprit de réseau des hautes études d’une part, et d'autre part, de peaufiner une carte de visite susceptible d’attirer l’attention d’un employeur sur eux, parmi plusieurs candidatures au même poste. Et de respecter leurs lecteurs, tiens, ce sera pas du luxe ! 

 

Tout ça me donne de quoi me passionner, on a tous besoin d’un minimum de moteurs pour avancer. En fait, j’en voudrais plus, de ces défis, de ces pistes d’innovation. C’est comme si à chaque fois, je devais résoudre une panne différente avec juste ma caisse à outils - qui vaut son pesant de cahouètes, quand même. Et c’est heureusement ce que je fais aussi à mon boulot de base, lorsqu’un apprenant nage en pleine confusion, ou simplement a de la peine à ne pas laisser ses points faibles lui occulter l’horizon : l’être humain semble ainsi fait qu’il a de la peine à se valoriser, et donne bien plus d’importance à ses difficultés qu’à ses facilités. Surtout avec cette population dont la bonne moitié est au chômedu, et en formation-réinsertion... j'vous dis pas l'estime de soi dans les socquettes... 

 

Fichtre, je mesure encore une fois, a posteriori, combien la vie m’aurait laissé de frustrations si je n’avais pas obliqué vers une seconde formation, même avec tout ce qu’elle m’a coûté humainement : stress, retombées sur la santé, et même pertes amicales vu qu’à cerner de mieux en mieux ce que je voulais et ne voulais pas, un certain nombre de relations me sont devenues pesantes.

Un vide dans le carnet d’adresses, qui a laissé la place à d’autres liens ; en moindre nombre, mais me correspondant mieux. Une histoire d’apprivoiser la solitude, comme une sorte d’ermitage, de méditation avec des moments d’hiver mental comme en ce moment précis. L’isolement n’a rien à voir avec ça, pourtant – j’ai le privilège, comme chacun, de pouvoir en sortir quand ça me chante.

En période de septentrion psychique, de Pôle Nord de l’existence, quelque chose dort pour mieux se réveiller - peut-être. Quoi exactement, je ne sais pas, je ne peux pas le prévoir : je l‘ai bien vu et à plusieurs reprises, ce qui surgit ensuite prend des visages curieux, voire inédits.

 

Faut faire confiance, on n'a pas le choix quelque part. Je fais confiance à l’univers, car je fais confiance à tout ce que j’ai mis en place dans les sillons du champ de la vie : la graine germe quand les conditions de son réveil sont réunies. Il ne tient qu’à moi de la bichonner ensuite, ou de la laisser grandir seule, tout en considérant qu'elle n'attend rien - c'est à moi d'espérer... Et pour celles qui ne se réveilleront jamais, elles restent là avec leur potentiel, au service de quelqu'un d'autre, je pense.  Ou pas du tout; qu'est-ce que ça peut fiche, l'univers a ses raisons, que la raison, étssétéra.

 

Une histoire de diversités des espèces : bien des projets se sont récemment présentés ainsi à moi, sans que j’aie recherché autrement à les cultiver – tout-à-coup, l’on m’appelle pour voir si je pourrais… si j’étais disposée à…

Je joue à la balle, quelque part. Comme ça, pour rien, pour le pur plaisir de jouer. Et soudain, des compagnons de jeu surgissent, certains pour une bonne partie jamais vraiment finie; d’autres ... à éclipses. Ou disparaissant définitivement, et c'est bien ainsi.

 

Ça ne m’empêche pas de me demander ce que je fous là, ce qu’on fout tous là, avec ces changements de plus en plus brutaux d’atmosphère, à tous points de vue. Je ne sais pas si j’ai envie de revenir sur Terre une fois que j’en aurai terminé avec cette vie-ci. Franchement.

 

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 15:06

Saison aussi bizarre que les autres de cette année : après le printemps pourri, l’été caniculaire et prolongé, voilà l’automne, quand même.

Pas de pluie triste, ou si peu. Pas de descente progressive des températures… pas de feuillages rougeoyants là où on les attendait, à peine un jaunissement chez certaines espèces.

On perd une dizaine de degrés d’un jour à l’autre, et les érables du Japon sous mes fenêtres se décident timidement à flamber en pleine Toussaint … je redoutais de devoir me passer cette année de ce moment de pure beauté, quand sur mon balcon au rez supérieur je nage en plein bourgogne profond, avant que les branches se dénudent à toute vitesse.

Mais quelque part, ça me convient bien, en-dehors du rab' de soleil et de chaleur. Car c’est aussi le moment de fêter le Jour des Morts comme au Mexique, avec plein de victuailles, de couleurs, de fleurs, de décorations clinquantes, avec des bougies et des guirlandes pour accueillir l’esprit des défunts. Et là-bas, en ce moment, il fait doux. On s'y croirait...

Ha, dis! Qu'est-ce que ça nous changerait agréablement des gueules d'empeigne coinçagua, dans les pubs pour pompes funèbres qu'on voit de plus en plus à la télé: dans le registre émotionnel facial, plus figé que ça, tu meurs de constipation. Pleurer ce serait politiquement pas correct, sourire non plus, alors on se la joue Joconde, et ça sonne faux, à mort.

Comme l‘an passé, j’ai monté l’autel des morts à mon travail, avec une collègue qui a vécu là-bas et dont l’époux est mexicain. Nous avons même fait ensemble le pain des morts, une sorte de brioche parfumée à l’orange et à l’anis, le viatique de ceux qui veillent leurs défunts au cimetière, histoire de tenir toute la nuit. On chante, on danse et on mange, là-bas… j’aimerais participer au rituel, même rien qu’une fois.

J’ai mangé ma brioche pile au moment où j’en avais besoin, en revenant d’une matinée de travail dense, avec déplacement lointain, et lever bien trop tôt, dans la noirceur et le froid.

Elle était très réussie, délicatement aromatisée, ni trop ni trop peu - un délice avec un café.

 

Je regarde un documentaire sur les métiers rares : j’aurais voulu être souffleuse de verre, moi aussi, à un certain moment… Et je n’aurais pas rechigné à apprendre le métier de maréchale-ferrante, si cela s’était trouvé.

J’ai appris un métier tout sauf créatif – c’est moi qui ai remodelé mon bagage pour pouvoir injecter dans mon environnement de quoi explorer cette dimension… ça reste précaire, mais jouable au fil des 5 volées que j’encadre annuellement. Et puis j’ai d’autres créneaux d’expression : l’écriture, la transmission du bagage accumulé, humainement et dans mes domaines d’intérêt.

Une collègue m’a dit que j’avais un don pour créer du lien avec les gens ; je ne m’en étais pas rendue compte jusque-là, et plus j’y pense, plus je me dis que, oui, c’est vrai, je dégage des ondes d’accueil – mais je suis capable, quand je suis fatiguée, de fermer ce robinet-là. Ce qui n’est pas plus mal, dans la mesure où connaître ses limites est vital.

 

Quel curieux métier, celui d’infirmière, quand même ; un bric-à-brac de rôle maternel, de compétences techniques pointues, de réflexivité, de trucs totalement dégueulasses à faire – nettoyer la merde, gratter des ulcères - et pour le coup, faire mal, aussi ; montrez-moi des trucs plus ignobles, plus confrontants ou les deux, ça m’étonnera…

 

D’un autre côté, sans ce job exerçable à temps partiel, sept jours sur sept et 24 heures sur 24, jamais je n’aurais pu réaliser le reste de mes aspirations, ni construire le bel éventail de compétences, de produits et de clientèle que j’ai aujourd’hui.

Ce florilège ne porte qu’un nom : joie de vivre, même si en ce moment c’est plus difficile d’exulter, immense fatigue accumulée oblige. Je me remets en douceur, grâce au millepertuis, qui fait un bout, mais pas tout. On re-jubilera à partir de janvier, enfin… j’y compte bien.

 

Je dors presque trop, trop tôt, mais sans limite sinon un chat qui manque de compagnie et se révèle complètement addict de saloperies genre ragoût gluant de croquettes industrielles. Ca vient me miauler aux oreilles dès potron-minet, ça me grimpe sur la hanche, ça me fouette le visage de sa queue.  Je l‘aime très fort ce guignol, mais qu’est-ce qu’il peut me gonfler dans ces moments-là !

 

Voilà, c’était pour dire que je vais mieux qu’en septembre. Et bien moins, j’espère, que demain.

Pas de grandes envolées philosophiques, de dissertation sur la volonté…

 

Un petit bulletin de santé. Qui dit quand même que je renaîs de mes cendres, ça tombe bien pour rappeler les morts au banquet de la vie.

 

Ah oui, j’allais oublier… j’aime l’automne.

 

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