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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 09:38

 

 

Fission versus fusion, vous connaissez ?

Je suis tombée sur l’idée de la fission en lisant des fragments d’un bouquin de Claire Reed, après avoir conversé avec la psy-coach que j’ai fréquentée pendant près de dix-huit mois : je cherchais d’abord comment trouver un poste qui me propulserait définitivement hors d’un domaine professionnel premier, puis de fil en aiguille, je me suis mise à chercher comment concilier diverses facettes professionnelles en un vêtement confortable et unique.

La première option était moins intéressante, j’ai fini par m’en rendre compte : c’était à moi de prendre soin de compétences disparates, et de bâtir un univers pareil à l’œil d’une mouche. Il n’y aurait pas de vêtement unique, mais une tenue unique faite de vêtements multiples. J’avais trouvé un temps une ligne de fringues assez géniale, dont les éléments pouvaient se transformer et se combiner au fil de la journée… le concept me bottait bien, dommage qu’il ait disparu.

Comme dit quelqu’un de ma connaissance, « Vivre ses rêves au lieu de rêver sa vie ».

Au passage, je lui parlais, à la psy-coach, de ma vision de l’amour, évoquant la difficulté à être à deux, une fois que l’on revient de l’éblouissement de la rencontre : comment continuer à être soi, puisque le compromis est inévitable si les sentiments veulent survivre aux discours qui peuvent se croiser sans jamais se rencontrer? La littérature psychologisante parle volontiers d’un truc aussi nébuleux que magnifique, qui consisterait à devenir meilleur à travers la relation à deux. Meilleur comment, voilà bien la question, puisqu’elle est propre à chacun ?

Pour ma part, ce serait chercher comment transformer l’hésitant en du ferme, le ferme en du malléable, le malléable en lâcher-prise subtil qui s’accommoderait du fait de la différence, respectant l’autre autant que soi. Voilà pour la théorie… dite comme ça, elle est bien belle.

Le livre de dame Reed mettait le doigt sur un intéressant mécanisme de couple : là-dedans, il y en a toujours un, semble-t-il, qui est plus fusionnel que l’autre, et l‘autre plus fissionnel. Un qui veut être « ensemble », et l’autre, à distance.  Le rapport avec moi ? Déjà, je vivais à l’époque une histoire d’amour qui cherchait ses marques, et se greffait sur l’histoire de boulot où je cherchais les miennes, de marques. Etre un, ou être multiple, comment, pourquoi, etc.

 

Que ce soit en amour, en amitié ou en travail, la multiplicité de l’individu est unique. Ta différence et la mienne, ça fait deux, bien que nous soyons tous les deux différents. Ahem. Relis-bien, lecteur, c’est là que les Athéniens s’atteignirent, tant revendiquer sa différence peut prendre toute la place, et empêcher d’accueillir celle de l’autre.

Je bute sur la difficulté à entendre et faire entendre la différence, simplement, et d’abord à faire un chemin intérieur pour arriver à bien s’écouter d’abord. Savoir de quoi on est fait, ce qui reste un mystère à peine moins épais en fin de parcours qu’au début. Mais est-ce si intéressant que cela, puisque par exemple la nécessité de travailler nous amène forcément à respecter des règles qui nous tiraillent, à chercher le moins pénible des équilibres entre des valeurs d’une corporation qui nous permet de payer nos factures, d’avoir un toit sur la tête et d’être reconnu comme membre d’un groupe ? Donc être différent ne peut juste se résumer à la proclamation de son individualité, du moins pour quelqu’un qui dépend un peu ou beaucoup de son entourage. Toute vérité n’est pas bonne à dire, soit. Mettons qu’en cherchant constamment jusqu’où je ne peux pas aller trop loin avec cet entourage, je me donne indirectement la liberté d’explorer le champ des possibles en la matière.

Deux avantages : celui-là – comprendre ce champ – et repérer les gens qui sont perméables à un autre genre de discours, de collégialité, d’échanges, repérer des partenaires professionnels avec lesquels un projet a de bonnes chances de décoller, d’être créatif. Corollairement, repérer les irréconciliabilités de caractère, de vue, de collaboration.

Un petit exercice sympathique vécu avec les membres de mon premier niveau de formatrice d'adultes m’a ouvert une voie rigoureuse et porteuse de bien-être. Une des filles bossait pour le Géant jaune de chez moi, j’ai nommé la poste.

Nous devions tour-à-tour assurer une mini-leçon de 30’ : la sienne m’a allumé une lampe-tempête dans le cerveau, littéralement.

Elle nous a parlé des perds-temps de chacun.

Première leçon magistrale : tout en parlant du temps perdu, de comment en gagner, elle-même en prenait à son aise, observant des temps de pause, tranquille. C’est court, 30 minutes… et après 25, nous nous demandions toujours où elle voulait en venir… au point de nous mettre dans l‘inconfort, carrément : on se jetait des coups d’œil en nous tortillant dans nos chaises, craignant pour la réussite de son exercice comptant pour validation.

C’est dans les 5 dernières qu’elle nous a renvoyés à nous-mêmes, et avec quel brio : elle nous a distribué une page A4 format paysage, où nous devions en quelques mots-clés inscrire trois guide-ânes en–dessous de trois questions simples.

Voilà ce que cela donnait :

« Mon perd-temps sur lequel je veux gagner du temps : ……………………………..

Quelles peuvent en être les causes : ……………………………..

Quelle mesure je mets en place : ……………………………….. »

 

A la première, j’ai répondu « Eviter le boxon des autres »

A la deuxième, « Mauvais choix de ces autres ».

A la troisième, « Me tenir à un partenaire pro fiable -> chercher, trier, choisir ».

Nous devions ensuite mettre notre papier sous enveloppe et les lui remettre pour qu’elle les pose dans une boîte aux lettres. Nous les recevrions par la Poste quelques jours plus tard.

 

Je l’ai reçu, ouvert, placardé sur mon tableau pense-bête, ça fait deux ans qu’il y est et que je m’y réfère sans cesse. Et c’est ainsi que j’ai repéré mon associée actuelle.

 

En recherche d’authenticité, je suis un peu dans l’excès de rugosité, du coup. Mais qui ne risque rien n’a rien. Et je sais ce que je recherche : des partenaires privés et professionnels capables de quittancer ce que je dis, sans projeter leur vision sur ce que je raconte ni me servir de solutions toutes faites. Je bosse dans un milieu qui forme les gens à l’écoute, la reformulation, l’attention totale tour-à-tour dans les échanges, pour que les personnes affaiblies et prises en charge pour cette raison puissent exercer leur autonomie de jugement. Je cherche ça aussi en amour, en partenariat. En partenariat, il semble que j’aie enfin trouvé quelqu’un qui réunisse ces critères – et de plus, puisse me dire quand il lui semble que je ne l’écoute plus (l’esprit glisse, eh oui, résolution n’est pas atteinte du but…). En amour, ma foi, la solitude ne me pesant guère dans ma quête principale d’authenticité, le drapeau ne flotte pas actuellement, mais il est au mât. L’amour familial, lui, s’est équilibré un peu plus à partir du moment où j’ai rompu le cordon ombilical : mon affection s’est manifestée différemment face aux proches que j’avais un peu laissés de côté, toute occupée à me débattre avec ma relation à mes parents.

 

Un truc me poursuit depuis longtemps : obligée d’entrer dans une corporation professionnelle dont la plupart des valeurs ne me convenaient pas, je me suis débattue les 20 années suivantes dans un conflit de rôle étouffant.

Cheminant avec de nombreux psys pendant ce temps, j’ai mûri un projet de sortie de cette corporation qui n’a pas abouti tant que je ne voulais que « sortir » sans avoir déterminé où je voulais aller.

Parallèlement au conflit de rôle, une notion s’est dégagée avec de plus en plus d’acuité, celle du vrai-self / faux-self. Comment supporter d'être soi, formaté par un environnement difficile...

C’est Donald Woods Winnicott, psychiatre et psychanalyste, qui a posé les bases de cette distinction, fondamentale à mon sens pour la recherche de la différenciation, ou l’individuation.

  • « Le vrai self désigne l'image que le sujet se fait de lui-même et qui correspond effectivement à ce qu'il est et perçoit à travers une réaction adaptée.
  • Le faux self désigne une instance qui s'est constituée pour s'adapter à une situation plus ou moins anormale et contraignante. L'image qui est alors en cause est défensive et fonction de réactions inadaptées de l'environnement et est surtout représentative d'un rôle qu'on lui aurait imposé. » (Wikipedia)

 

De même, il décrit les cinq degrés d'organisation du faux self  (Wikipedia, encore):

 

  1. À l'extrême, c'est le faux self que l'on prend pour la personne, le vrai self inapparent restant dissimulé. Cependant, il manque au faux self « ...quelque chose d'essentiel. ». Socialement la personne est ressentie comme fausse.
  2. Le faux self protège le vrai self qui reste virtuel. C'est « ...l'exemple le plus clair d'une maladie clinique organisée dans un but positif : la préservation de l'individu en dépit des conditions anormales de l'environnement. »
  3. Plus proche de la santé, le faux self prend en charge la recherche des conditions qui permettront au vrai self de « recouvrer son bien ». Son bien: c’est-à-dire son identité propre.
  4. Encore plus proche de la santé, le faux self « ...s'établit sur la base d'identifications... ».
  5. Chez une personne en bonne santé, le faux self est constitué de ce qui organise « ...une attitude sociale polie, de bonnes manières et une certaine réserve. ». C'est cette politesse qui permet la vie en société.

 

Je pense avoir progressivement atteint le dernier stade, me colletant même avec la politesse parfois… avec une importante nuance : tenter de faire la différence entre l’affrontement et la confrontation des idées.

La politesse entre du coup en compétition avec la franchise, qui se heurte à la diplomatie. Tentant la voie de la franchise, je vois bien que des confrontations de ma part sont reçues avec le filtre personnel de chaque interlocuteur, teintant les échanges d’un malentendu basé sur la limite individuelle que chacun pose entre la confrontation et l’affrontement. C’est une question d’assertivité.

L’assertivité (http://fr.wikipedia.org/wiki/Assertivit%C3%A9 ) – ben oui, Wikipedia toujours…

« L'assertivité, ou comportement assertif, est un concept de la première moitié du XXe siècle introduit par le psychologue new-yorkais Andrew Salter désignant la capacité à s’exprimer et à défendre ses droits sans empiéter sur ceux des autres. Il a été développé plus récemment par Joseph Wolpe, psychiatre et professeur de médecine américain, qui le décrivait comme une « expression libre de toutes émotions vis-à-vis d'un tiers, à l'exception de l'anxiété ». Plusieurs ouvrages de vulgarisation ont été publiés dans la seconde moitié du XXe siècle pour faire la promotion de l'assertivité, en particulier dans le cadre du développement personnel. »

 

L’œil de la mouche est un bel exemple de tout ce que je viens de raconter : la mouche voit l’environnement dans toute sa multiplicité, cumulant ses divers filtres de perception, en je ne sais combien de visions différentes ( http://1.bp.blogspot.com/_TdzxJkUpUd0/S7lyw6cOrtI/AAAAAAAAADo/wCTpO4gINHU/s1600/oeil_mouche.JPG )

 

Pour communiquer sur ces bases, vu que chacun a deux yeux de mouche, bonjour la multiplicité des facettes d’un individu, des perceptions, des interprétations de tout individu en face. Moi comprise, hein: je suis colérique, je lutte avec ça.

 

On n’est pas rendus, les gars. Moi j’ai le vertige, et j’essaie de me soigner, au propre comme au figuré.

 

Dur de trouver sa place, hein... en particulier quand des tas de substances (alcool, bouffe, médocs, drogues douces ou dures) ou de comportements d'évitement (sport, clope, travail) nous tendent les bras pour nous éviter de trop y réfléchir - ceci est un clin d'oeil de mouche, en particulier aux baclonautes...

Salut, les Mouches.

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 15:28

 

     Un jour, il m’a pris de devenir formatrice d’adultes. Je me souviens, j’étais dans un bus, je voyais par la fenêtre ma boutique de bijoux préférée… j’ai eu la sensation jubilatoire d’avoir trouvé ma voie.

Ce n’était pas un projet en soi longuement mûri ; plutôt, au détour de la vie, une série de pièces d’un puzzle qui se mettait enfin en place, après une longue période de recherche des morceaux appartenant au cadre, à des zones de même couleur. C’était dans un contexte où mon avenir professionnel se dessinait de plus en plus précisément comme la somme de diverses activités, pour exploiter des compétences apparemment disparates et sans rapport évident entre elles. Je me démenais mentalement, coincée dans des jobs qui ne m’offraient pas tout en même temps. Comme toujours à l’étroit dans des vêtements étriqués, l’un après l’autre. Inconfortable.

 

     Donc, hop, je fais mon premier niveau de formatrice, pensant m’arrêter là. Dans la foulée et avant même d’avoir terminé ce premier volet, je trouve un boulot où j’apprends vraiment ce métier, et en rapport avec des premières compétences que je pensais quitter définitivement.

Deux ans plus tard, dans ce contexte-là, je reprends contact avec ma formatrice du premier niveau. Elle venait évaluer un de mes moments de formatrice devant toute une classe : bilan globalement positif, elle met en évidence que je pratique l’humour en andragogie (la pédagogie pour adultes).

De fil en aiguille, en cernant autour d’une pizza ou d’un « bife de cuadril » nos intérêts communs, ce qui nous manque à chacune et correspond à une compétence chez l’autre, nous décidons de nous associer et de monter notre entreprise de formatrices. Le projet réunit pour moi divers faisceaux qui m’ouvrent des portes vers le plaisir de travailler, d’ici quelques années, non plus pour un patron, mais en indépendante, quand je serai dégagée de toute obligation à cet égard – ben oui, je vais doucement vers la retraite, mine de rien ! C’est pour dans douze ans, je précise. Il paraît qu’il faut préparer ça, j’ai le temps mais rien ne m’empêche d’y aller en douceur…

 

     En y réfléchissant avec elle, mais en filigrane, je prends la décision d’aller plus loin. Il s’agit d’obtenir une carte de visite solide : un brevet fédéral de formatrice d’adultes, avec plusieurs modules à la clé à accomplir. D’abord, le second volet: une semaine en résidentiel avec un groupe de neuf autres personnes, assez prise de tête au demeurant. On y apprend à gérer des communautés d’apprenants de 16 à 18 personnes, la formation de celles-ci, leur vie et leur dissolution.

La troisième étape, très courte, me donnait à conseiller et informer l’adulte en formation : constitution d’un dossier complet sur les possibilités de formation dans mon domaine spécifique, ainsi que la menée et l’analyse d’entretiens-conseil faisant la part belle à l’écoute, la reformulation et à l’autonomie du conseillé. Ledit entretien visant à accoucher la personne de son propre projet, sans y mettre de projection personnelle.

Quatrième et dernier pan : on s’y met dans la peau d’une responsable de formation, avec enquête sur l’environnement socio-économique (cerner le bien-fondé de l’élaboration d’un cours, le budgétiser en argent et en temps), la légalité et la politique ambiantes – comment, en somme, cerner le besoin et la faisabilité issu de la comparaison entre l’offre et la demande, et les possibilités légales, institutionnelles... and so on. Et le bâti de cette formation, son pilotage, ses ajustements divers.

Il s’effectue en groupe de dix, avec deux formateurs et un intervenant pour des demi-journées dites de supervision.

Commencé en septembre dernier et s’étirant jusqu’en mai, il me contraint à me déplacer assez loin. Ce qui ne serait pas un problème si l’ambiance du groupe en question n’était pas lourde d’entrée de jeu, mettant en présence six des personnes du volet modulaire résidentiel. J’étais prévenue à double-titre : nous savions que nous allions nous retrouver six mois plus tard pour ce dernier module, et les personnalités en présence sont fortes, pour le moins. Je m’y mets, hein, soyons clairs. Donc je savais que nous allions devoir louvoyer entre nos écueils respectifs…

Par contre, je n’étais pas préparée à côtoyer une personne jusque-là inconnue, qui sue littéralement son mal-être, et le compense avec des attitudes de recherche de pouvoir, un faux-self incommodant (http://fr.wikipedia.org/wiki/Self_(psychanalyse)#Le_faux_self ), des actions free-lance débordant d’un rôle de coordinateur qui lui a été attribué vers un comportement de chef, intervenant régulièrement au tableau pour démontrer sa science. Je la vois comme une personne qui souffre avant tout…

     Bref, le groupe cautionne, moi pas. J’ai donc annoncé ma décision de quitter une partie du travail à effectuer, soit l’organisation d’une journée prise en charge par tous sans l’intervention des formateurs, et qui cristallisait le désaccord. Ceci fait en m’étant assurée auprès des formateurs que cela était possible.

La situation est devenue explosive quand j’ai annoncé ma décision : d’abord j’ai eu droit à quelques remarques moralisatrices, puis à une ixième manipulation de la part de cette personne qui confond puissance et pouvoir. Tout ce que voulais éviter, c’était de charger le groupe avec un désaccord qui nous regardait avant tout elle et moi, et un tiers intervenant assez influençable avec lequel elle partage la charge floue de coordinateur-leader. Mais elle a écouté avant tout son confort personnel, en amenant une heure plus tard le conflit en séance de « supervision » avec notre demi-groupe - ces séances sont menées par une personne qui psychologise à fond, sans compétences de psychologue pourtant, et cela se sent, induisant des situations qu’il exploite pour faire de la thérapie sauvage assez malvenue – bref, une ombre de plus au tableau pour moi, qui vis régulièrement de vraies séances de supervision et d’intervision.

 

     Et au terme d’une réflexion intense, j’ai fait ce que je fais quand je me trouve dans un dilemme avec un collaborateur dans mon activité d’indépendante, ou comme employée d’un patron : fermer les yeux et me représenter continuant l’aventure avec ce groupe, ou le quitter. En l’occurrence, l’enjeu ne se situait plus sur l’échelle financière (4000 balles irrémédiablement perdus, avec éventuellement la perspective d’en reprendre quelques miettes…), mais de m’écouter vraiment : ai-je besoin de vivre cette ambiance toxique, quand de plus je m’emmerde et subis un « superviseur » à la masse?

La réponse, clairement, a été « Non ». 50 kilos enlevés de mes épaules.

J’attends une semaine encore pour annoncer ma décision, et zou.

 

     A partir de là, j’ai le choix entre reprendre avec un autre groupe bien plus tard dans l’année, déboursant quelques milliers de francs supplémentaires… et tenter la validation d’acquis, qui me botte pour plusieurs raisons : reprendre les rênes du temps (accélérer le processus), et avancer pour moi toute seule (évitant la lourdeur du phénomène "groupe", que je n'ai jamais aimée où que ce soit, et la sensation de devoir absorber du pré-mâché régurgité) ; et le faire à moindres frais, au final.

 

Je suis donc en plein dans la démarche de dépose de dossier préliminaire, et de recherche de formateurs accompagnants.

Ce qui m’attend, ce sont de nombreuses rédactions, mais aussi un investissement d’énergie qui me convient, devant me dépatouiller principalement seule pour extraire d’un grand fouillis les données intéressant la menée du processus.

Le tout étant dans mes cordes, et offrant une première aux organismes de certification divers. Quelle qu’en soit l’issue, je sens que ça va être très stimulant.

 

Oh que je me sens mieux.

 

 

 

 

 

 

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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 07:31

     Ma journée d’hier m’avait laissée comme en suspens mental, ou en digestion difficile : j’ai eu affaire à une candidate à la formation de soignante qui cherchait à mener l'entretien et ramenait encore et encore l'histoire de son stage abandonné à cause d'une équipe qu'elle disait dysfonctionnelle.

Au lieu de présenter la grille d'évaluation que nous donnons aux candidats pour leur stage, elle avait envoyé avec son dossier un certificat de travail très neutre, rédigé par l’institution où elle avait passé trois mois - le genre de papier que l'on fait parce que la loi y oblige, libellé de manière à faire état de ce que les gens ont accompli mais sans aucune appréciation sur l'intégration à l'équipe ou concernant le savoir-être avec les bénéficiaires de soins. Puce à l'oreille, donc téléphone à son lieu de stage.

J'apprends par la personne qui a signé ce certificat que la candidate était en difficulté avec à peu près tout ce qu'il y a à apprendre pour fonctionner dans le milieu des soins – intégration dans une équipe, respect des règles, élaboration de règles personnelles en lieu et place ( j’ai fini ce que j’avais à faire, donc je peux m’en aller), respect des bénéficiaires de soins (et que je  les couvre de bisous, de « ma chérie », and so on), respect du secret professionnel et du secret de fonction : on me priait en même temps d'épargner l'établissement en n'y renvoyant pas cette dame en stage formatif. Sur l’échelle de Richter, une indication formelle sur les dégâts potentiels… Il arrive qu’en stage formatif, un candidat se révèle un boulet pour ceux qui l’encadrent. Ce dont les équipes se souviennent plus facilement que du cas de figure où une personne se révèle un élément intéressant à engager ensuite !  

Donc la prochaine fois qu'il y a anguille sous roche, je réserverai ma décision, qui doit être prise en fin d’entrevue. Car en échangeant avec mes collègues, je me suis aperçue qu'elles avaient pris de leur propre chef la décision de temporiser, donc de biaiser la mention expresse, dans le protocole d'examen de candidature, que le « verdict » devait être clairement notifié à la fin de l'entretien. En somme, en 45' montre en main, risquer l'abus de pouvoir alors que nous sommes juste responsables. La psy-coach, à qui je m’étais ouverte de ma difficulté à me positionner quand un échec quelconque se dessinait, m'avait donné un outil très juste: si vous vous dites que vous ne confieriez pas une personne dépendante ou non-autonome de votre famille à ce candidat, alors vous restez dans la responsabilité.

 

     Le bug, c'était de me trouver entre cette injonction de la décision ferme en fin d'entretien et la remarque assez juste d'une infirmière en psychiatrie de notre équipe: une décision radicale après un entretien merdique ne donne aucune chance à un candidat de s'amender, et il suffit parfois d'un stage supplémentaire pour que la personne redresse d'elle-même son comportement. Une belle note d'espoir certes, mais une source de tension assez curieuse et longtemps indéfinissable pour moi, puisque notre leader d'équipe (qui n'est pas cet infirmier) tient un double discours: il faut une décision nette, mais en cas de doute, il faut gagner du temps. Cherchez l'erreur!

Pour couronner le tout, je me trouvais devant l’obligation morale et éthique de revoir moi-même ce genre de candidats. Morale car un nouvel entretien risquait de faire retomber la responsabilité de la décision sur une collègue ; éthique, car du coup je spécifiais que j’allais la revoir moi-même, risquant de passer pour une persécutrice en cas d’avis négatif. La voie du recours est possible, et nous avons à tenir un cap raisonnable à ce moment-là : solliciter la hiérarchie, pour équilibrer la donne entre une demande légitime et un refus tout aussi légitime.

Et un autre entretien m’avait incitée à réviser cette position de revoir la personne moi-même : un calimero, reparti avec toutes les indications nécessaires et m’assurant qu’elle avait parfaitement compris le motif de mes demandes, avait prétendu ensuite ne pas savoir pourquoi elle devait repartir en stage, arrivant même à activer un infirmier-chef pour qu’il me demande… des comptes pour elle… et pondant une lettre-fleuve de 5 pages adressée à ma responsable. Qui m’avait redonné la patate chaude, avant de faire partir une lettre argumentée allant dans mon sens.

 

Bref, je ressens cette position de décisionnaire avec des hauts et des bas sur la courbe du confort, mais avant tout comme un risque de devenir un bourreau-tyran. J’aime pas. Je dois faire avec, donc au-delà de l’intuition que quelque chose ne tourne pas rond dans une candidature, chercher de quoi poser et argumenter mon choix.

 

     Et quelque part, me retrouver dans un rôle de politicien-président qui va forcément tenir compte de l’intérêt général, sacrifiant le particulier – quoi qu’il fasse, il aura des détracteurs révoltés sur le dos. Mais, une fois de plus, je ne suis pas thérapeute des gens : je suis formatrice avant tout, et bien qu’infirmière, je me retrouve à lutter avec ce vieux démon qui rôde partout dans les soins- ce bon vieux rôle si gratifiant et gratifié de sauveteur.

 

Faut pas se laisser y mettre. Parce que du coup, on intègre le triangle de Karpman, où si l‘on  n’est pas sauveteur, on devient persécuteur… ou victime, allant d’un rôle à l’autre comme dans un carrousel épuisant.

J’ai pas envie d’avoir la nausée, ni même le tournis !

 

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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 10:12

Vous ai-je dit que pour payer mes galons de formatrice d'adultes, je suis en train de me taper un programme amphigourique, qui se pose en processus compliqué à maîtriser, et/ou déraille de la sensibilisation à la supervision à une psychologisation poisseuse... histoire de justifier les 5000 francs suisses qu'il coûte? J'en ai encore à tirer jusqu'en mai,  il est novembre et demi, je m'emmerde à fond et on n'en est qu'au 6ème jour sur 17.

Mais le pire n'est pas là, viendez que je vous raconte, prêtez vos oreilles compatissantes au sentiment de grande fatigue qui m'envahit devant les luttes pour le pouvoir au sein de ma volée.

 

Faut qu'on organise pour fin mars une de nos journées de formation, en faisant venir quelqu'un d'extérieur.

Le groupe de dix que nous sommes peine à trouver ses marques en termes de responsabilités diverses, mais a quand même réussi à poser de bonnes idées, comme le travail à se répartir par compétences.

 

En conséquence, je suis en première ligne avec deux-trois autres, pour fournir du travail de recherche d'une personne qui vienne animer cette journée - mais tout d'abord, poser un doodle pour clarifier en groupe comment on allait manager tout ça était la chose logique à faire, je l'ai faite, avec l'accord des personnes concernées.

Ce que d'aucuns ont interprété comme un désir d'obtenir le leadership, un truc qui ne m'intéresse pas en lui-même, mais qui est formidable quand il peut se répartir sur diverses têtes en fonction, justement, des compétences.

Bref, un âne bâté du groupe, entêté dans ses ressentis qui lui appartiennent, continue de lancer des remarques nulles et projette ses fantasmes de pouvoir. Un brave culturiste qui ferait bien de se mettre un peu d'huile dans la comprenette, ou de changer le pignon d'étage dans la colonne des poids intellectuels à soulever. Ils ne sont pas tous cons, les bodybuilders, et même si je le pensais, je ne le dirais pas comme ça. Non, celui-là aime écrire et a même reçu un prix littéraire une fois; je dirais plutôt qu'il joue au con ... je pressens qu’il a besoin de se poser en petite chose fragile pour contrebalancer sa carte de visite (ses bras et son torse sont tellement développés qu’ils se tiennent écartés les uns des autres, comme sur l'image, vous enlevez les haltères, ça reste en place pareil -> http://www.google.ch/imgres?q=culturiste+bras+%C3%A9cart%C3%A9s&um=1&hl=fr&sa=N&biw=1067&bih=479&tbm=isch&tbnid=1gclps67UKNsuM:&imgrefurl=http://logon.prozis.com/fr/tag/exercices-jambes/&docid=tI6ALouWEB6uKM&imgurl=http://logon.prozis.com/images/trapezes-haussement-epaules.jpg&w=400&h=445&ei=L7SgUP9fgdfRBc6UgLgJ&zoom=1&iact=rc&dur=1849&sig=115312276346079668845&page=2&tbnh=154&tbnw=138&start=10&ndsp=15&ved=1t:429,r:1,s:20,i:137&tx=84&ty=123, .

Et ça le met mal à l'aise, cette image, il l'a dit; résultat, il pompe l'air aux formateurs en voulant absolument comprendre, quand seul le temps pour s'imprégner de quelques concepts pourrait venir à bout de ses angoisses. Le genre de mec qui dit dix fois qu'il va se taire, qu'il devrait apprendre à se taire, qu'il va décidément se taire... mais ne se tait pas. Ce que je n'ai pas manqué de lui faire remarquer lors d'une précédente session, quand nous travaillions sur la formation des groupes d'apprenants et que la psychologue qui nous accompagnait faisait preuve d'une infinie patience. Comme il avait mal pris le fait que je lui tende la main au lieu de la joue au début du séminaire, et me l'avait ressorti en plenum, confondant espace de formation de formateurs et thérapie de groupe, on était déjà malbarre nous deux. Tout le reste du séminaire en question, il m'avait ignorée, au point de démultiplier les gags de cul lorsque nous travaillions en petit groupe de trois avec un militaire de carrière; ma foi, j'avais réussi à lui clore le bec en me montrant tout aussi ferrée que lui sur les bienfaits de la veuve Poignet.

Le boulet, déjà.

Curieuse quand même de savoir si le pouvoir m'intéressait sans que je m'en rende compte, je me suis livrée à l'exercice de quelques tests on-line: résultat édifiant, le pouvoir en soi ne m'attire pas, mais le pouvoir de l'action qui se met au service d'un projet commun, oui. Donc, zéro pour la question, mais je ne peux rien faire pour faire lâcher cette projection à Senhor Musclor, et c'est pas grave. Il peut juste contaminer les personnes les plus impressionnables du groupe en continuant à ventiler ses projections, les autres font d'eux-mêmes le tri.

J’ai fait cette démarche, qui me trottait en tête depuis un moment, quand je me suis trouvée interpellée par le comportement des deux coordinateurs que le groupe entier, moi comprise, a désignés, et qui sont immédiatement sortis du rôle dévolu pour se comporter en patrons. Comme j’aime le principe d’introspection qui constitue à se demander en quoi me parle quelque chose que je n’aime pas chez autrui, voyant leur attitude me chatouiller désagréablement, la logique veut que je m’interroge sur ma propre position : la conclusion, bien étayée par un regard extérieur rémunéré pour être honnête et bienveillant, en a été que les jeux de pouvoir et de manipulation étaient présents dans mon environnement familial, et m’avaient dérangée au point d’en faire tout ce que je peux pour en sortir. Donc, ça irrite un tissu cicatriciel, ouais, on va dire ça.

Je prends quand même la peine de décrire la façon de déraper de ces deux coordinateurs : malgré deux PV désignant les rôles, les tâches et les échéances (plus clairs que ça, tu meurs…), retransmission de données générales avant l’échéance fixée pour collecter l’entier de ces données, donc élimination au départ d’une partie des dossiers pressentis, et qui attendaient, eux, d’être complets et l’échéance temporelle fixée pour être envoyés aux coordinateurs ; pose d’un outil de vote anticipant de presque 15 jours la date fixée pour choisir le formateur ; impossibilité de voter si l'on désire voter blanc ; dépose d’un préavis de vote de la part des coordinateurs. Clairement, donc, glissement de l’idée qu’ils sont décisionnaires au même titre que tout le monde, à décisionnaires prioritaires.

Ce que voyant, je ponds un mail immédiat à tout le groupe, en rappelant les termes des PV, les échéances, etc ; agrémenté des dossiers que je m’apprêtais à envoyer.

Réponse condescendante d’un des deux coordinateurs : la coordination va examiner ma demande et voir ce qu’elle peut en faire… j’ai donc bien fait de relancer tout le groupe, ça force les coordinateurs à prendre position : soit ne pas tenir compte de mon envoi, et le groupe appréciera, soit en tenir compte et le groupe appréciera aussi. Je suis également priée d’éviter à l‘avenir ce genre d’envoi, qui compromet l’équilibre que ce groupe a enfin trouvé, l'on est sûr que je peux comprendre ça.

Réplique de moi : j’ai rappelé la lettre des PV, vu que l‘esprit en est visiblement interprété diversement. Notamment, que leur rôle de coordinateurs prend le pas sur ce qui a été décidé en plénière et reporté sur le PV : le groupe entier est décisionnaire, le comité dont nous faisons partie exécute les tâches qui lui sont déléguées par tout le groupe (une histoire de législatif déléguant à l’exécutif, certains cumulant les casquettes). Le législatif doit donc disposer de toutes les données disponibles, premièrement. Ensuite, pourquoi ce vote anticipé… ce n’est pas ce qui a été décidé en plenum. Ma démarche vise à servir le groupe, qui est loin d'avoir trouvé l'équilibre et le cherche visiblement encore. Je suis quand à moi sûre que la coordination va comprendre mon désir de justesse.

 

De plus, un des dossiers que j’ai envoyé rentre pile-poil dans le créneau de formateur de formateurs, alors que les autres confondent la carte et le territoire, présentant des formateurs en théâtre – l'objectif formulé par les coordinateurs, aux dépens de l'option "pas de développement personnel", c'était clairement demandé, parle de disposer d'outils pour captiver son auditoire; personnellement, je trouve que cet objectif pue du cul, déontologiquement parlant. Car je cherche des outils permettant de se mettre au service des groupes que nous formons, et pas de mettre ces groupes au service de nos egos.

Devant une telle interprétation de la part de la coordination, le tableau entier me met mal à l'aise.

Quant à l’équilibre du groupe, il a été compromis par leur intervention, pas par la mienne, qui cherche à remettre les plateaux à la même hauteur, justement.

  

 Enfin voilà. C'est con, parce que les rôles dévolus sont en train de tourner à une affaire de personnes: les coordinateurs refusent d'intégrer mes propositions et durcissent leur position de décideurs prioritaires..

Je vais donc avoir contact avec une de nos formatrices, et lui exposer mon désir de me retirer de ce projet d'organisation de la journée en question, par respect de tous, le groupe et moi-même. Ce que je ferais en tant qu'indépendante, m'étant clairement déterminée il y a quelques années que si une collaboration ne marchait décidément pas, j'y mettrais un terme. Mon credo personnel est d'éviter les perd-temps de cette sorte, de chercher, trier et choisir un partenariat qui me convienne; j'ai la chance immense d'avoir trouvé une telle collaboration, fructueuse, avec sa part de difficultés, ce qui la rend loyale.

Le tout est de savoir si cette démarche est compatible avec le processus de formation de ce module, et validée par les formateurs qui nous coachent. Si cela devait précariser le co-coaching avec ma jumelle de projet, par exemple, je trouverais un moyen terme, comme assister aux séances d'organisation en auditrice simple.

Et bien, ma démarche est OK, je viens de recevoir cette bonne nouvelle, au milieu de ce merdier relationnel, c'est un arc-en-ciel. Made my day! J'ai finalement décidé de me retirer complètement du projet, en précisant que même si le groupe réajuste le rôle des coordinateurs, je ne réintégrerai pas le projet. Histoire de ne pas exercer de pression, et d'éviter toute suspicion de chantage - mais ça, de toute façon, si ça doit arriver, ça arrivera.

 

Le projet est autant une occasion de se rendre compte des difficultés de mener à bien un projet commun que d'avoir une journée constructive, et ces dérives intestines, c'est la cerise pourrie sur le gâteau moisi.

En plus de m'emmerder, je me sur-emmerde.

  

 Donnez-moi des idées pour la formation d'après, s'il vous plaît!

  

 S'il vous pléééééééééééé.....

 

 

 

 

 

 

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 10:25

 

         Salut tout le monde, je vous remercie d'être là et de me lire. Ce sera peut-être la première et dernière fois, mais je sais que vous venez, pour certains, régulièrement. C'est donc que vous trouvez intéressant ce que je raconte. Parfois, on m'écrit, et je remercie globalement ceux qui le font: même si je ne réponds pas forcément, ce dont vous me faites part est toujours un cadeau, que je dois parfois digérer avant de revenir.

L'objet du jour: confrontée régulièrement à la déception de gens à mon égard, ou à leurs collages d’étiquettes, et n’échappant pas moi-même au mécanisme de défense qu’est la projection, je me suis attelée à un petit extrait et résumé de plusieurs articles de Wikipedia.

A l’origine de l’envie de pondre cet article, quelques épisodes tout frais, et moins frais :

 

-      En formation continue, je me suis vue affublée d’une aura de recherche de pouvoir et de leadership par plusieurs personnes, ou une aura de composite entre mère Teresa et Batman. J’ai bien vu qu’aucune introspection publique - portant sur ce qui était l’utilisation de compétences recherchées par le groupe entier, et dont l’utilisation avait sa place au début d’un travail collectif… explication par ailleurs validée et même pressentie par d’autres personnes de ce même groupe… n’allait changer l’étiquette qui m’était collée. J’ai compris que cette perception appartenait aux personnes, et que rien de ce que je disais n’allait la changer, en voyant que certains se permettaient, sur la base de leur perception, de donner des leçons.

 

-      Sur un forum, l’intervention d’une tierce personne dans un dialogue porteur de changement a conduit à une échange de messages privés avec cette tierce personne, démontrant que l’écoute n’était pas au rendez-vous, mais les projections, si, et au tracto-pelle de chantier. La déception mutuelle est sortie au grand jour…

 

Dans les deux cas, après que ce que je considère comme de l’énergie et du courage de confrontation, de l‘assertivité en somme ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Assertivit%C3%A9 ), ait été systématiquement interprété comme de la colère et de l’affrontement, je me suis retirée des débats avec un sentiment d’impuissance, qui s’est mué les jours suivants en lâcher-prise libérateur.

 

Voyons voir tout ça…

 

           Déception : amertume, chagrin, crève-cœur, dépit, désenchantement, désillusion.

Etre déçu de quelqu’un, c’est quoi ?

La déception est une réponse qu’on se donne à soi-même lorsque le fantasme au sujet d’une personne a pris le pas sur la confrontation avec la réalité. En quoi la déception ressentie à l’égard d’une personne nous protège-elle ?

La protection que représente le blâme exprimé envers la personne qui nous déçoit préserve de la dépression liée au travail psychique de réajustement, qui passe par l’empathie - être capable de ressentir ce que  l’autre éprouve, au contraire de la compassion, qui est de l’ordre de se mettre à souffrir avec la personne.

C’est un mécanisme de défense dont l’autre est exclu en tant que sujet, personne réelle, parce qu’il est utilisé comme objet, support d’un fantasme, d’une ombre chinoise mentale. C’est un stratagème dont se sert le Moi lors de conflit interne. Un processus inconscient, et utilisé pour ajuster sa vision du monde en se tournant vers ses fantasmes plutôt que vers la réalité d’une personne qui se manifeste comme très différente de l'image élaborée à son sujet. Puisque l’image qu’on s’est faite de quelqu’un ne correspond pas à sa réalité, elle se réajuste non pas en le considérant comme sujet, mais en le désignant comme un mauvais objet - un objet de plus, juste un autre.

C’est une adaptation pour survivre émotionnellement, une économie psychique qui réduit et supprime toute modification susceptible de mettre en danger l'intégrité et la constance de l’individu.

 

            Car le Moi se défend surtout contre l'angoisse. En quoi ce mécanisme de défense nous parle-t-il de nous ?  La critique à l’égard de qui nous déçoit a deux pôles : soit se défendre contre l’image qui nous est renvoyée de nous-mêmes, car ce qui nous choque chez autrui est quelque chose qui nous choque en nous, soit une chose que l’on ne s’autorise pas à soi-même, et ce dernier pôle s’apparente à l’envie.

 

L'individu met inconsciemment en place des moyens pour déformer la réalité et rejeter certaines émotions hors de sa conscience. Ainsi, un mécanisme de défense sert souvent à diminuer l'anxiété ou la dépression ressentie ; il soulage donc momentanément.

 

Le mécanisme de défense gère l’angoisse de la confrontation à des représentations inconscientes, en générant le refoulement contre des pulsions cherchant la libération de l’individu. C’est une opération mentale par laquelle le sujet repousse et maintient à distance de la conscience des représentations considérées comme désagréables, et inconciliables avec sa représentation de lui-même. C’est en somme la confrontation entre sa carte de visite et sa maison elle-même. Le refoulement touche donc la représentation, qui se construit par les impressions, les souvenirs, les valeurs.

 

           Le refoulement, entre autres, a pour fonction de maintenir une unité de la personne, de construire ou de maintenir un bloc cohérent: ce qui ne convient pas est inconsciemment renvoyé aux limbes.

 

Il entraîne des mécanismes complexes de désinvestissement et de contre-investissements : se retirer d’une relation, ou la reconstruire dans une autre représentation, tout aussi peu centrée sur le processus de découvrir qui est la personne en face.

 

           Il s’agit de résistance au changement de perception, de représentation, qui suppose une remise en question personnelle : accepter d’abord que nous nous sommes leurrés tout seuls sur quelqu’un, mais aussi que nous nous trompons sur nous-mêmes et sur notre faculté à accepter la réalité de la vraie personne, au contraire de l’image qu’on s’en est faite. C’est de l’ordre de sortir de la pensée magique qui maintient l’interlocuteur dans une alternative restrictive : correspondre à l’image que nous avons de lui, ou lui faire porter la responsabilité de notre déception lorsqu’il exprime, en fait, qu’il n’est pas celui que nous croyons. Un résidu de la construction du monde de notre enfance, quand haïr momentanément qui l'on aime représente un réfexe de survie émotionnelle.

 

Exemple à tiroirs multiples: j’ai eu comme colocataire une personne qui prétendait constamment ne pas avoir dit ce qu’elle avait dit : elle conjurait ainsi le danger d’être confrontée à sa propre réalité. Alors que j’avais momentanément réglé la tension en fixant un délai de six mois pour décider de continuer ce partenariat de location ou le rompre, quand l’échéance arriva et que je lui fis part de ma décision de quitter l’appartement, elle s’effondra, ayant tenu pour acquis que le moratoire n’avait été qu’une période positive de réajustement.

Or cette période n’avait fait que mener à la formation de ce qu’on appelle un « objet bizarre », le résultat d’une impossibilité à accepter l’intégrité d’une relation qui devait s’accommoder de bons et moins bons aspects de cette colocation. Le clivage qui en aurait résulté nous aurait donné la possibilité de séparer ces aspects, et de continuer la colocation, en travaillant sur leur différenciation et leur reconnaissance. C’est le besoin que ce soit génial ou, sinon, à chier, ce besoin d’extrêmes lui-même, qui a amené l’abandon de la vie sous le même toit.

 

           L’ "objet bizarre" est une construction de l’esprit, qui refoule un sentiment qui lui est propre, et en fait porter inconsciemment la responsabilité à un objet de son entourage. L'objet qui est alors perçu n'est plus représentatif de la réalité, mais d'un mélange entre la réalité et ce qui a été projeté dans l'objet. Et, réellement, il est bizarre, tant il est malléable et de nature si plastique qu'il peut être tordu dans tous les sens pour servir à éviter le noeud du problème.

C'est le langage qui va fournir au Moi tous ses mécanismes de défense: les figures de rhétorique, par exemple en insistant sur la forme de ce qui a été dit, ou en prenant une petite partie du litige pour le surgonfler en l'arbre qui cache la forêt, exerce sur le discours provenant de l'inconscient une auto-censure, même sous couvert d’expression.

On peut alors aboutir au fantasme, comme une fixation mentale ou une croyance irraisonnée pouvant, dans certains cas, conduire à des actes excessifs.

            Le fantasme se comprend comme une élaboration dérivée de plusieurs éléments, mettant en jeu différentes pulsions inscrites dans l'histoire de la personne. C’est la formation d’un compromis avec soi-même, en élaborant un discours en partie conscient et en partie inconscient.

Ce discours est une représentation mentale du monde extérieur, qui associe une perception à une idée, une catégorie de faits, une image mentale, un symbole ou un modèle explicatif, bref en construisant ou en confortant un idéal qui se heurtera forcément à la réalité toute crue de l’autre, tant qu'il n'est pas accepté comme sujet indépendant de notre fantasme.

 

En somme, ce serait comme se faire mal en faisant porter le chapeau à l'autre (être déçu et projeter sa déception sur un objet sans rapport avec le sujet réel) pour éviter d’avoir encore plus mal (changer sa vision du sujet, l’accepter comme sujet et par extension changer la vision de soi-même) en chamboulant ses défenses : en bref, faire porter à l’objet le poids de sa déception-à-soi, au contraire de l’accueillir comme il est, en personne pour toujours distincte de ce que nous en imaginons.

 

La seule parade que j’ai trouvée à ce mécanisme dont je ne suis pas exempte, c’est l’écoute ; l‘écoute active, et la reformulation, et leur cortège de validations, de quittances, qui mettent en paix en posant en évidence que chacun est différent, même si nous nous pensons semblables dans nos valeurs et nos croyances.

Je trouve bon et nécessaire de reconnaître ses sentiments au préalable, c'est même indispensable: comment puis-je métaboliser l'énervement que je ressens et le transcender, donc me remettre en selle avec moi-même dans la relation avec la personne, si je n'exprime pas ce ressentiment? Corollairement, d'accepter de ressentir une émotion réputée négative?

 

Bon, je vous laisse, j’ai une brioche au four en train de lever, et ensuite il faudra la cuire, et je voudrais pas arriver trop tard aux 60 ans de mon ex beau-père.

Bon dimanche, tous.

 

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 13:24

 

 

L’autre jour au boulot, à midi je déballe un frichti improvisé suite à un raid au bistrot voisin. Dans mon corbillon :

 

-     un sandwich mou jambon-fromage 

 

-     une viennoiserie salée (un feuilleté avec des petits  morceaux de graisse de porc frits, on appelle ça des greubons chez moi, et ce machin s’appelle d’ailleurs… un taillé aux greubons,  c’est une tuerie http://fr.wikipedia.org/wiki/Taill%C3%A9_aux_greubons , voilà pour votre culture inter-francophonies, faute de dégraisser, je digresse …)

 

-     une tartelette au citron, pon-pon.

 

 

Et un raton-laveur, laissé au vestiaire, j’ai voulu le reprendre en partant, il avait, lui, repris sa liberté au pré-vert.

Brèfle.

  

D'abord, j'emmerde copieusement la diététique.

Ensuite...

Je commence par la tartelette, et là de suite, l‘infirmière en psy nouvelle arrivée me sort le truc habituel « Tu commences par le dessert, toi ? ».

Voui-dà ma belle, je commence par le dessert.

Enchaînement à ma droite par une vieille connaissance plutôt copine avec ma frangine (accessoirement et on s’en fout d’ailleurs), qui sort son bout de culture cuisinesque en parlant des restos chébrans où « c’est-la-mode-de ».

La mode, d'abord: et mon joufflu c'est de la pintade?

Ensuite...

 

Ensuite, feuque, késsapeufoutre ?

Ca, c’est ce que je me dis dans ma Ford intérieure. Mais je garde les apparences et je réponds : « Voui, sinon je ne fais que d’y penser pendant que je mange le reste, dont je ne profite pas, du coup. Alors je me libère la tête. »

Gonflaga, mais où va se nicher le conformisme… car même avec la mention « ah mais j’ai rien contre, hein », je sens me monter le wasabi au baigneur, j’espère bien, hé mignonne, est-ce que je viens te gonfler les bananes avec des remarques aussi nazebroques, moué ?

 

Le conformisme me fait chier, profondément.

Une de ses émanations les plus malsaines, c’est le bizutage, qu’on trouve dans tous les milieux; de l’universitaire avec les confréries jusqu’au posse de banlieue avec les viols initiatiques, les gangs-bangs, en passant par l'armée et les sodomies du bleu au manche à balai. Le but: mettre au pas le nouvel élément qui souhaite être accepté, par ailleurs. Dans la pyramide de Maslow, le besoin d'appartenance à un groupe, assez voisin du besoin d'estime de la part des autres. Au-dessus, il y a le besoin d'estime de soi par soi... http://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins_de_Maslow

Vous vous souvenez de cette histoire arrivée au sein du groupe de gymnastes de l’armée française, cet été je crois ?

 

Reuârque.

La Boétie avait déjà repéré ça au XVIème , un de ces quat’matins je vais m’atteler à la lecture du « Discours de la servitude volontaire ». On en fait même des analyses psycho-sociologiques, tant la massification et l’occultation de l’individualisme sain – la différenciation – cause de dérives totalitaires.

Bernanos : «On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas tout d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure.»

Krishnamurti y voit avec raison une forme de violence.

« Normopathie », tiens, en voilà un néologisme intéressant. Je me le garde au chaud, hein, on sait jamais, ça peut servir.

 

Y’a pas que les artistes qui peuvent se permettre l’anti-conformisme : je déclare fièrement, quitte à me faire décapiter publiquement, que manger une pâtisserie en entrée est un acte hautement révolutionnaire, et toc. Ce sera mon bleu Klein à moi, mon essai sur la beauté de la différence, ma sédition Nikê contemporaine (http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9dition_Nika).

 

Hé, je profite de glisser en passant que les pompes Nike doivent leur nom à cet épisode de l’antiquité. Intéressant oxymore, car s’il est un conformisme bien dilué dans l‘atmosphère, c’est la mode - tiens, la revoilà cette poufiasse. Ca a beau être des godasses de sport au départ, regardez un catalogue pour voir si la marque ne fait que des articles destinés aux athlètes, qu’ils soient pro ou du dimanche.  Champions d’ailleurs hautement sollicités pour inciter le consommateur à se naïquer les pieds, voir se niquer l'unicité de l'être...

 

La différenciation, au contraire, me fait tripper : en somme, comment arriver à retrouver le chemin vers l’autonomie de pensée et d’actes qu’un mouflet manifeste, jusqu’à ce qu’il intègre vers 5 ans ce qui se fait et ne se fait pas en société.

J’dis pas que c’est mal, oh non. Mais j’dis que faut faire la part des choses, et garder du Surmoi le bon côté pour pouvoir cohabiter avec ses semblables dans une paix relative. Passer de la morale, normative, à l'éthique individuelle.

Pour le reste, mais bouffez vos menus dans l‘ordre qu’il vous plaira, baladez-vous en string avec une plume dans le derche si ça vous chante, marchez sur les mains.... Mais soyez juste conscient que le sel de la vie, c’est la transgression, et que la liberté totale, ce serait l’ennui. J'aime les plantes rudérales, les diables de Tasmanie, les survivants âpres à déguster la vie, ça va avec. Survivre avec une différence notoire, c'est beau (à l'extrême, se risquer au cannibalisme pour rester en vie, total respect http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Survivants_(film,_1993).

 

Oser la différence,  c'est magnifique.

Allez, c’est l’heure de déjeuner-dîner ; il est déjà 9.45 du matin, mes spagh’ frémissent, et ma sauce Clémentine (échalotes, bouillon, sugo, madère, ketchup piment et poivre frais moulu) réduit gentiment.

 

S’cusez-moi de vous planter là, mais j’ai un millefeuilles à dégommer avant. Aux framboises, le millefeuilles.

 

 

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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 10:02

Hier, séance de supervision dans le cadre de ma formation de formateur d’adultes. Le concept : réunir un petit groupe dont chaque individu amène une ou des situations qui lui posent problème, et les travailler pour en cerner l’origine, sans amener de solution ; mais mettre la personne sur les pistes de ses propres ressources.

 

Le superviseur, éducateur spécialisé de formation et muni d’outils divers (PNL entre autres, un truc que je trouve périlleux s’il est mal utilisé) tombait dans le piège de la psychologisation, plaquant ses propres représentations sur ma situation. A l’issue d’un petit jeu de rôle consistant à utiliser l’espace, les personnes du groupe et le mobilier, je me suis trouvée assise, à côté du superviseur resté debout. Il s’est alors approché assez près de moi, penché et me fixant du regard, dans l’attente de quelque chose. Son attitude a réveillé en moi un comportement de défense : j’ai bloqué ma respiration, ce qu’il s’est empressé de traduire ensuite par un blocage général de ma part.

 

Or, ce n’était pas la situation de travail que je décrivais qui me sidérait, mais son attitude à lui : on était dans la gestion de ce qu’il avait induit comme comportement archaïque chez moi… c’est-à-dire la mobilisation de mon énergie pour contrer ce que j’ai interprété dans mon cerveau reptilien comme une attaque.

 

 

Donc j’ai le sentiment d’avoir perdu mon temps, pas celui de la supervision, un truc très porteur s’il est bien fait ; mais de m’être mise au service du superviseur et de son besoin d’être aidant, là où il pensait l’être, puisqu’il avait interprété mon attitude plutôt que de l'observer, de formuler une hypothèse et d'attendre validation de ma part.

 

Au lieu de cela, il s’est réconforté en plaquant sa propre représentation, en imposant sa vision et en posant une solution à son propre problème. Et c’est moi qui ai validé son propre besoin !

 

 

Foutue infirmière, va…

 

 

 

Les personnes que je forme comme soignantes ont la plupart du temps un énorme besoin d’aider. Beaucoup sont dans un trip altruiste qui est le symptôme d’une mésestime d’elles-mêmes et utilisent leur position pour se réconforter : quoi de plus valorisant que la position d’aidant ?

 

 

Le travail à leur faire accomplir est de les faire réaliser combien elles risquent de se donner plus à elles-mêmes en tant que personne, que d’offrir la liberté à l’ « aidé » de trouver sa propre solution, en soignant un besoin personnel plus qu’en étant professionnel.

 

La distance qui mène à l’empathie est cruciale, pourtant. Et l’interprétation un piège constant. Car elle débouche sur des solutions à l’emporte-pièce, tellement le besoin d’aider prime sur le rôle d’accoucheur. Ce faisant, le soignant se soigne plus qu’il ne soigne.

 

Avec le corollaire dangereux, si l’aidé contre en paroles, en actes ou les deux la volonté de l’aidant, que celui-ci tienne ensuite un discours frustré comme « Il n’accepte pas d’être aidé », ou « Après tout ce que j’ai fait pour lui, quelle ingratitude ».

 

Ca pue du cul. On se met en position de sauveteur, puis de persécuteur, en inventant une victime, en la créant de toutes pièces d’abord (histoire de pouvoir être sauveteur), puis en se victimisant soi-même, mettant ainsi l’autre en position de nous persécuter en refusant nos solutions, ou de devenir notre sauveur à nous, en les acceptant de guerre lasse.

 

 

 

Ouh là là… qui soigne qui, au final ?

 

 

 

Je rouvre l'article pour rapporter une histoire lue cette nuit.

 

Jésus se balade au crépuscule, sur le bord du chemin il voit une Samaritaine assise. Quand elle l'aperçoit, elle bondit et commence à lui tourner autour, comme un mite soûle: elle l'époussète, veut lui laver les pieds, et ainsi de suite.

 

Jésus, agacé, lui dit sévèrement: "Tu es sur un bien mauvais chemin, ma fille".

 

Elle s'arrête, met une main sur la hanche, l'autre au front et rétorque: "Ah m'en parle pas, à part toi je n'ai vu personne depuis ce matin!"

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 08:27

Le beau mois: les vignes vierges de mon avenue flamboient, revoilà la courge aux étals, il fait doux, que si.

 

Des projets professionnels plein la tête, une santé qui ne peut que s'améliorer, vu qu'un truc qui me pourrissait la vie a été débusqué cet été: je suis sous traitement, ma qualité de vie est en montée et c'est pas fini.

 

L'agrume est dodu de nature, de famille, en lutte avec la nourriture depuis toujours. Mais l'agrume a maintenant les vêtements trop larges, pourquoi mais pourquoi les fringues qu'on aime ne rétrécissent-elles pas en même temps que le tour de taille?

 

Ah là là, petite pilule miraculeuse, grands effets, petites misères au fond gratifiantes...

 

A ceux de mes lecteurs dont le combat constant pour manger, ou ne pas manger - deux pôles épuisants! les met au tapis, je dis: allez voir du côté du baclofène, une vieille molécule utilisée pour libérer des spasmes musculaires, et aux effets supprimant les pulsions inconnus il y a quelques années: ça marche pour se libérer de la bibine, des troubles compulsifs alimentaires, de tout ce qui représente une addiction.

 

Ca se passe ici: www.baclofene.fr  et www.baclofene.com

 

J'avais commencé par être, comme je dis, consultante infirmière sur ces forums dédiés au soutien de ceux qui entament le traitement. Un pote alcoolique m'avait mise sur la piste, je lui dois éternelle reconnaissance, merci Frédéric!

 

Et un beau jour, je me suis dit "Pourquoi pas moi?" Après tout, rien à perdre. Ah si: des kilos qui me font mal aux hanches, aux genoux, qui me collent des oedèmes aux jambes, me condamnent à l'immobilité en soirée, surtout l'été, pour que mes pattes dégonflent.

 

Je revis, là, carrément.

 

Bon, coup de chance, j'avais sans le vouloir expressément, préparé le terrain en allant au bout de mes envies, accomplissant une formation de documentaliste qui m'a ouvert bien des portes - j'en ai affreusement bavé sur le moment, notoire pomme en informatique que j'étais à l'époque. Mon paysage d'infirmière qui se faisait prodigieusement chier, erreur de casting avérée! s'agrémente désormais d'un travail riche et varié dans la formation d'adultes, d'une officine d'écrivain public, et d'un cheminement prenant et passionnant (facile au demeurant), vers un brevet fédéral de formatrice d'adultes. Je ne fais plus de soins, grand bonheur, je ne porte plus la blouse, youpi, je ne travaille plus dans un système rigide et calqué sur les ordres militaires: j'ai gagné à l'euromillion  de la jubilation.

 

Je m'amuse, et je prépare ma retraite, jour béni où je ne bosserai plus que pour mon plaisir: désormais associée avec une de mes formatrices du niveau de base avec laquelle on se complète bien, on prépare nos dossiers pour les proposer à diverses institutions. Ca baigne comme de la bonne viande qu'on met mariner, on n'a pas d'urgence, on se fait plaisir.

 

Comme dit quelqu'un qui m'est virtuellement cher sur un des deux forums que je fréquente: "Vivre ses rêves au lieu de rêver sa vie".

 

Je n'avais pas prévu ce tableau, les choses se sont imbriquées en douceur comme un puzzle géant, il a fallu du lâcher-prise, apprendre à aimer se faire surprendre; et puis virer un calcul gros comme un oeuf de pigeon et demi, empoigner mon arthrose de la hanche pour en faire façon. Bref, virer des cristallisations directement psycho-somatisées, affronter ma tendance à la colère, une rigidité qui me mettait parfois en situation difficile.

 

Dans la foulée, regarder en face une évidence qui ne me crevait pas les yeux: je suis HP, personnalité à haut potentiel, fallait que je m'en rende compte, et que je pleure toutes les larmes de mon corps en réalisant que la plupart de mes emmerdes, je les devais à un décalage qui met la personne soit en situation plaisante, soit en grande difficulté sociale.

 

Je vais bien, là, vraiment. J'ai demandé de l'aide, j'en ai reçu, décidant que ça suffisait comme ça de me bâtir mon petit enfer personnel.

 

Pourvu que ça dure.

 

Mais dans le fond, ça ne tient qu'à moi!

 

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 14:08

      Septembre, le mot qui fout un peu le bourdon, qui sonne le glas de cette période de l’année où, même si l’on travaille, on se sent un peu en vacances. Ce n’est plus la canicule, merci tout plein. Mais à température égale, on préférerait le printemps, qui porte en lui la promesse de quelques mois à venir où s’habiller se fait en quelques secondes.

 

Compensation : cheminer vers un automne qui parle d’abondance, de riches soupes à la courge, de restaurants de chasse, de tout ce que la terre restitue : les citrouilles, les châtaignes, les légumes de saison à mettre en conserve pour l’hiver.

 

      Tiens, en parlant de châtaignes, j’ai failli me prendre un marron sur la tête l’autre jour : sous un bel arbre, le temps de réaliser que le sol était jonché de bogues éclatées, de fruits luisants, comme cirés… paf, devant mon nez puis à mes pieds, visite-surprise. Je sais que ça fait mal, j’en ai déjà reçu sur la tête. Je l’ai ramassé, et offert à une de mes compagnes du jour – on était en vadrouille du côté du Haut-Doubs avec une partie de ma volée d'infirmières.

Moi j’avais déjà le mien, le premier marron que je croise je le garde, et je le mets dans mon sac comme passeport pour le virage en douceur vers les vestes de demi-saison qu’il va bien falloir ressortir. Un talisman, quoi : je conjure ainsi l’idée d’aller inexorablement vers les frimas, les lancées électriques de plus en plus fréquentes dans la hanche, le sentiment d’être encombrée d’une grosse veste, d’une grosse écharpe, d’une grosse chapka, de bottes, de semelles mouillées…

Avant ça, quand même, il y a ce moment où l‘avenue et la pelouse devant chez moi commencent à rougeoyer : vignes vierges, érables du Japon, ça flamboie, ça dore, ça orangise, c’est un régal pour les yeux. Même mon âme y trouve une sorte de fervente prière pour célébrer ce moment de frénésie qui précède le long sommeil hivernal.

Et puis tout ce qui est jalon pour aller vers les fêtes, que je n’aime pas, c’est comme des échelons pour repartir de plus belle. Le solstice a lieu juste avant la fête à Jésus, c’est réconfortant de se dire que les jours vont se mettre à rallonger alors que l‘année n’est pas finie, c’est comme une petite revanche. J’ai même mon anniversaire qui trouve moyen de se placer opportunément sur la route, comme une étape supplémentaire vers Compostelle, alors que demande le peuple !

      Septembre. Le balcon est de moins en moins accueillant pour le café-clopes du matin, un frisson et une jaquette, alors qu’il y a deux semaines j’étais en paréo pour y lire le journal. Le soleil se lève plus tard, même si la température restait agréable, c’est bientôt à la lampe de poche qu’il me faudrait déchiffrer mon quotidien avant de partir au taf – donc sous peu je battrai en retraite dans ma cuisine, quel dommage de ne plus démarrer mes journées par ce sentiment vacancier, dans mon petit écrin de verdure…

      Par bonheur, voici deux ans j’ai trouvé un job qui me fait démarrer la plupart de mes journées à 9 00, après de longues années de service dansles starting-blocks à 7 heures pétantes, bottée-casquée au rapport. Je ne finis pas tard pour autant, je peux ventiler mon pourcentage sur un jour de plus, et éviter ainsi de rentrer dans mes pénates alors qu’il fait nuit : la déprime totale ! Quand j’ai débuté comme diplômée à l’hôpital, le lever et la route dans le matin étaient noirs d’encre, et comme mon chef semblait considérer comme une fatalité de faire des heures supp’, je n’avais souvent même pas ce minimum d’une demi-heure de marche dans la lumière en fin de journée. On ne parlait pas encore de luminothérapie, la dépression hivernale n’était pas alors un diagnostic à proprement parler. J’avais tant de choses  à découvrir sur la santé, même en y travaillant. Je savais comment on soigne, mais pas comment on se tient en bonne santé ; je l‘avais, pourquoi y travailler autrement ?

Pourtant, je me disais que ce n’était pas possible, de pareilles conditions de travail, une chape de plomb me tombait dessus, faite d’un uniforme aux plis rigides, tout comme la discipline bien-pensiste des cornettes que nous restions, quelque part. J’entendais ma collègue Sabine râler en disant qu’elle avait une vie privée, et je la jalousais d’être aussi franche et spontanée,  lorsque l’équipe faisait pression subtilement pour que l’on reste finir un travail dont la charge était d’ailleurs souvent imaginaire, et imaginée par un chef dépressif, salutiste, qui nous imposait une sorte de chemin de croix.

Sa vision du boulot, c’était d’arriver à 6 00 du matin pour faire la commande de pharmacie et de partir 12 heures plus tard, puisqu’il n’arrivait pas à faire son propre travail ; évidemment, à force de venir nous surveiller en chambre, ou de proposer une aide qui allait nous compliquer la tâche, en fait ! Il avait l’art en effet de mettre trois fois plus de temps que nous pour installer un hémiplégique au lit : une fois les 10 coussins en place, et 20 minutes écoulées, ce crétin allait susurrer dans l’oreille du patient « Vous auriez préféré être sur l‘autre côté ? », quêtant le moindre battement de cil pour tout recommencer. Un aide qui le côtoyait depuis longtemps avait quand même osé lui jeter le chiffon à désinfection, un jour d’enfer où tous galopaient encore plus que d’habitude ; par un réflexe de christ-en-croix, il avait décidé d’exiger des nettoyages supplémentaires, inutiles et déplacés… Nando lui avait dit, joignant la parole au lancer : « Vas-y toi-même ». L‘autre n’avait pas insisté, mais l’épisode était carrément... indécent.

 

      Voilà ce qu’a été ma première année de jeune infirmière, et qui m’a confortée dans l’idée de chercher toutes les voies possibles de sortie: que penser d'un endroit où une semaine supplémentaire de vacances par année vous était agendée, d'entrée de jeu, pour compenser les heures supplémentaires inévitables? 

Alors vous pensez si à présent, un quart de siècle plus tard, je bois du petit-lait à me lever tranquille, quand le soleil pointe son nez ; à commencer ma journée par de longues ablutions comme mise en forme, avec lumière tamisée et radio en sourdine, aux petits soins pour ma peau. A continuer en laissant monter le kawa cardamome et cannelle, à aller chercher le journal quelques escaliers plus bas pour le lire en sirotant mon petit élixir coup-de-fouet, puis à partir gentiment à mon job qui n’est qu’à 20’ maximum en transports publics, tout en évitant la cohue des écoliers criards et chiot-fous, qui plus est.

Quel confort… Et puis mon boulot de formatrice d’adultes me plaît, l’équilibre est certain. Il y a la part qui fait bouillir la marmite, et la part de pur plaisir à monter divers cours avec mon associée pour les proposer à des institutions, ce qui me donne le le temps de m’offrir une formation continue, en plus de tenir boutique d’écrivain public.

La vie prépare de belles surprises, surtout quand il apparaît que certains événements réjouissants sont la suite logique, quoiqu'inattendues, de ce qu’on a mis en place en prévision de toutes autres retombées. Car ce qui est conquis de haute lutte n’est pas forcément du bonheur ensuite; j’ai le sentiment que les bonnes choses (ma situation actuelle, cet éventail d'activités) sont survenues après que j’aie lâché prise sur le « vouloir » (être documentaliste en milieu culturel), même si j’ai parfois bossé dans des zones où la volonté requise pour aboutir (un bachelor à 45 ans) devenait presque surhumaine.

Laisser les rubans flotter, même lorsque l’on n’est pas en vacances, c’est tout un art. On apprend! Je ne savais pas que la vie pouvait être aussi simple.

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2 août 2012 4 02 /08 /août /2012 17:07

Il y a quelques jours, en tant que consultante infirmière je pondais un long truc qui me tenait à coeur, sur un forum de gens qui ont des soucis avec l'alcool et se soignent avec du baclofène - une vieille molécule prescrite pour relaxer les muscles, mais utilisée de manière neuve, pour éradiquer la pulsion envers l'alcool - et je vous jure que ça marche, ça peut être ardu, mais ça marche, je vois nombre de témoignages de gens libérés de leurs pulsions. Le tout, c'est de ne pas compter dessus pour opérer un miracle, le médoc ne fait que réparer un pont neurochimique niqué dans le cerveau, ça a à voir avc le circuit de récompense. Tout le reste n'est que thérapie pour se reconstruire.

 

J'ai posé mon texte en réponse à quelqu'un qui se tâtait pour entrer sur le forum, et me gonflait un petit peu à coup de messages publics et privés, lettrés et sybillins. Du genre "je vous annonce que je vous quitte pour le moment", mais en relançant de manière répétée et ambiguë, référençant Rimbaud et Hugo, le paradoxe et le transfert en analyse, se prenant les arpions dans la descente de lit. Bref, j'avais envie de petits matins tranquilles, pas de me péter la gueule en me levant... Je consulte, hein, je ne suis pas un gourou.

 

En quelques mots, je lui aurais dit ça: "Chie ou lève-toi du pot".

 

Et il est sorti ça (en-dessous et entre guillemets), c'est plus soft; et surtout, j'ai été largement encouragée à conserver cette "homélie", comme dit un de mes supporters - rien à voir avec celui qui nous faisait son strip-tease d'oie blanche.

(Mon supporter, que je supporte aussi, par ailleurs, c'est un type avec qui on a eu des mots, puis grâce aux mots on s'est rabibochés, on a respect mutuel, on se fait souvent écho. Y dit qu'il me comprend pas toujours, c'est drôle, je le comprends pas non plus la plupart du temps, mais il a belle faconde, et humour parallèle au mien. On se ressemble tellement qu'on ne peut que s'entendre ou se blesser. On a fait les deux, j'espère qu'on ne fera plus que s'entendre. Je profite de le saluer au passage, une fois ou l'autre il passera par ici.)

 

Voilà le texte en question, ce que j'ai répondu au gars qui ne savait pas ce qu'il se voulait, question forum:

 

"Tu te demandais quoi demander… Je pense que c’est à toi de trier ce qui est servi sur un plateau ; ici c’est un peu table ouverte, on vient l’un avec une quiche, l’autre avec une salade composée, ou une tarte aux fruits de saison, une tatin aux échalotes, de la charcutaille, des gommes, du brignol… Il y a des jours où il n’y a que des pâtes, tout le monde est peu inspiré. Il y a d’autres jours où il n’y a que des trucs sucrés, qui pedzent aux doigts ; on préfère aller se laver les mains que de se les lécher.
Ce qu’il y a de bien, c’est qu’on peut ne pas manger de tout. On regarde ce qui nous botte, on se fait son assiette ; le reste, on le laisse.


On t’a demandé de quoi tu avais besoin ; ce n’est pas tellement pour avoir, nous, une réponse... mais pour que tu cernes, toi, ce que tu veux demander. A cette table d’hôte, on peut aussi arriver avec deux trois ingrédients, demander accès à la cuisine et se lancer en demandant ici et là « Tu caches où ton ail ? Tes petits couteaux ? T’as du piment d’Espelette, par hasard ? ».

C’est clair que c’est dur de demander quand on s’est démerdé seul plus de trente ans durant. On peut préférer mettre les tiroirs en l’air, aussi. Ça peut ressembler à « Je te suis, tu me fuis, tu me suis, je te fuis », comme en ce moment, en message public comme en message privé.

Bah, tu sais, nous on s’en tamponne dans le fond, tu reviens quand tu veux, la table est toujours servie. Si tu sais ce que tu veux, tu demanderas. Bon parfois, faut goûter quitte à recracher, je vois pas comment se renseigner autrement sur le menu.

Le plus important, c’est de repérer les plats qui nous bottent, et d’éviter les autres. On peut dire « Nan, merci » et passer le plat, personne va demander pourquoi. Oh, le serveur pourrait bien insister un peu, mais si tu dis

 « Nan, merci », en tenant bon le cap et le flot pour ne pas justifier ton refus, il va arrêter d’appuyer. Et ma foi sinon, c’est peut-être qu'il a aussi besoin, dans son apprentissage des relations de la table, d'être initié à l'art de se la coincer : ça, c’est le principe du réseau, de la table d’hôte. On n’est pas là que pour manger du baclo en tartine ou en purée, mais souvent pour réorganiser d’autres choses de la vie, ensemble.

Possible que le serveur ou toi-même – ou les deux - partiez ensuite vous pinter, séparément ou ensemble.

Si c'est séparément, on se dit qu’on est un sale con, qu’on a recommencé à faire sa grosse tache sur la nappe.

Si c'est ensemble, on va se dire mutuellement, aidé par la désinhibition de la bibine, « t’es un chouette sale con, et moi aussi à la réflexion ». Un jour, on a pas bien capté pourquoi, on se bibine plus pour s’expliquer, on fait juste face. C’est zarbi comme moment : le verre servi reste plein aux 3/4, et il finit dans l’évier.

Youp, fins dieux, fucking mârde, je vais mettre quoi à la place ? Souvent, du chemin en thérapie ; s’il a déjà été fait, yapuka mettre en pratique. Ou une autre addiction, socialement plus gratifiante: la salle de gym tous les soirs, par exemple. Ca reste une addiction.

Mais bon, selon par exemple le menu servi par la vie, la famille, on cesse d’être le symptôme ; traduisez, le mouton noir qui tient ensemble à d'autres tables tout un tas de relations sub-pétam - oh c'te con a encore abusé, féchié il va encore falloir s'occuper de lui (variante: de son vomi, de le coucher, de le border, de faire comme si de rien n'était le jour suivant) / le clown qui détourne l’attention générale de l’explosion imminente - coucou, c'est Guignol, merci Polichinelle de nous avoir sauvé la mise en famille. On lui doit beaucoup, pas de raison de pousser vraiment pour que ça change, d'ailleurs il va vous répondre que, pitingue, c'est sa vie, et qu'il en fait ce qu'il veut. Il a raison: ça relève du libre-arbitre de jouer les verrous; et sans lui, qu'est-ce que les autres se mangeraient en pleine face... sauveteur à la con, va. Mais qui apparemment persécute les autres, en se victimisant. Salut Karpman, y'avait longtemps!
On peut aussi reporter sur « cette saloperie d’alcool » la faute d’avoir tout bousillé, relations, santé, travail. Faire du symptôme la cause, en somme.

Remarque qu'à part ça, ça aurait pu être une autre substance, ben non, il se trouve que c’est celle-là- ça aurait pu être ce qu’on mange, le travail, la baise, le sport, de la poudre blanche et autres. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse (Musset - je suis déçue, c'est même pas Rimbaud... cherchez pas, les gens, c'est un gag à usage interne entre ****** et moi).

La substance, c’est que la partie émergée de l’île flottante. Dessous, il y a les autres 9/10 de la caque existentielle où on s’est pris les pieds – rien à faire, le ménage s’impose, après la convivialité du repas. Bon, on a tendance à rester ensemble, aussi pour cette partie de la soirée. C'est moins chiant.

Mais on force personne : le principe de la table ouverte, c’est de ne pas se fermer. On peut aller tirer son clope et revenir. Se tirer tout court, aussi. C’est pas mal. De pouvoir revenir, je veux dire. Bon, quand on met trop le boxon, on peut se faire lourder, mais c'est rare, vraiment.

Pouvoir revenir librement, on appelle ça l’inconditionnalité. Perso, je trouve très cool, parce que par exemple, personne ne m’a jamais tenu rigueur de ne pas être alcoolique ; y’en a qui ont essayé, yzon-u des problèmes. Je m’attarde pas, hein, on en recausera à l’occasion.



On en était où ? Ah oui, au menu que tu épluches, sur le pas de porte du resto. J’entre, j’entre pas ?

Ben c’est vite vu, y’en a pas, de menu. On sait jamais ce qu’il y aura sur la table.

Je vous la joue biblique: du moment où surviendra l’indifférence, "Vous ne savez ni le jour ni l’heure". Et pour les àquoibonistes, « A quoi bon tout ce labeur sous le soleil, vanitas vanitatum » … ben c’est à chacun de le découvrir pour lui-même. Au cul l’Ecclésiaste.

Pour se la jouer Ancien Testament: du pain, des poissons, multiplié par 40 ; mais une fois rassasié, on arrête, la gourmandise n'a pas cours quand la bouffe est peu variée.
Ce qui met en évidence autre chose : on peut avoir besoin, ou ne pouvoir se payer qu’un sangouiche rapido sur le coin du comptoir (le sangouiche, c’est le sandouiche aux angoisses). Et alors, ranafout, on reviendra une autre fois.

A un de ces quatre, à jamais, « C’est vous qui voyez ». Mais faudrait hésiter dehors, là c'est portnawak, y'a l'air qui rentre, et nous on a mis la clim' parce que c'est le mois d'août. Ou le chauffage parce que demain c'est Allo-Win, ou Nouhêl, ou la Chandeuleure, et que dedans on pédale pour chauffer. C'est un peu dur à faire pendant qu'on se passe les plats, et nous, on aimerait grailler ce qu'on a apporté: y fait faim."

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