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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 08:28

Quelqu’un peut m’expliquer pourquoi les chats, quand ils dégueulent, choisissent  systématiquement de le faire sur la surface la plus difficile à nettoyer, de préférence ?

Hein ? Siouplaît ?

J’ai appris de mes parents à bondir lorsque le hoquet du chat annonçait un déballage imminent, des fois qu’on arrive assez tôt pour cornaquer minou en direction du carrelage plutôt que du tapis, les deux à équidistance… les catelles au lieu du persan, toujours ça de gagné !

Zorro choisit aussi la descente de lit, à l’occasion, alors que le tissé jaune or repose sur un parquet vitrifié nettoyable en un coup d’éponge.

L'autre jour c'était sur mon livre de recettes, celui que j'ai commencé à 18 ans. La table était encombrée... mais le sol est en lino façon lamelles de bois. Et vlan, en plein sur ma recette de sauce à salade vietnamienne... Pourquoi, mais pourquoi?

 

Va, mais vazy comprendre.

Je me dirais bien que ce serait juste le hasard, si un coup sur deux les katz allaient gerber sur le carrelage. Mais non. Les statistiques de Clémentine sont  formelles, le tropisme est net, clair et sans appel: le tapis.

Parenthèse : je suis dans le train pour Bienne, je vais voir une pote, celle à qui je voulais cuisiner quelques plats, c'est pour ça que j'avais feuilleté mon livre de recettes. Ben je viens de me faire taxer d’une amende de 70 CHF parce que j’ai pris un direct au lieu d’un régional, croyant naïvement que mon abonnement local me dispensait de payer quelques trois francs valant le trajet entre mon lieu de départ et la limite de l’abonnement ! Vengeance ! Je ne sais pas encore comment… mais vengeance. Ces CFF sont déjà en déshérence de popularité, ils ne font rien pour soigner leur bristol, crécochon.

J’ai trouvé ma revanche : je vais gerber sur leur moquette. Pas dans les WC, nooooon…  Merci le chat pour la bonne idée. Justement, je redoute toujours un peu ce trajet, juste avant Neuchâtel, le train se met à pendoliner… cette fois-ci je pourrais bien ne pas résister à la gerbouille. Ca m’embête juste pour la personne qui va devoir nettoyer… Je vais y réfléchir.

J’en étais où… Ah oui, ma pote. Elle vient d’accoucher de son deuxième ; bien que potes depuis pas mal de temps, je n’avais vraiment fait la connaissance de sa fille aînée, 5 ans, qu’il y a quelques mois… elle était déjà enceinte, mais ne m’en avait rien dit. Mais c’est comme ça qu’elle est, ma pote. Une sorte de détachement qui me plaît bien au demeurant, on se comprend bien sur nos visions respectives de la maternité.

J’ai beau être sage-femme, la mamaïte me gonfle. J’appelle comme ça la maladie d’être mère, celle qui se traduit, au choix ou au cumulé, par une espèce d’attitude sacrificielle de pièta, de mièvrerie de ton tout en tenant informé tout un bus que l’on a une sérieuse conversation avec son bambin. L’ostentation, quoi. Tout comme de donner le sein en public, j’entends par là en représentation. Ma pote, elle le fait discrètement.

Houlà, il est temps qu’on arrive à Bienne, j’ai une furieuse envie de dégueuler. En sueur depuis 30 minutes, luttant en respirant à fond et en pressant avec la foi du désespoir sur le point de shiatsu de ma main – j’en viens à me demander si le but n’est pas d’avoir tellement mal en un point précis et autre que l’on en oublie le spasme de l’estomac. J’envisage diverses stratégies, d’abord arriver à viser entre les diverses personnes du compartiment de train… sortir un petit sac plastique pour y canaliser la révolte – ce serait pas plus glamour, mais je n’ai jamais vu personne vomiter avec distinction.

Cherchant des yeux une échappatoire, je regarde imprudemment par la fenêtre d’en face, et à ce moment précis la ligne d’horizon bascule, je voyais le lac et ses berges, je ne le vois plus – bref, tout ce qu’il faut pour me mettre l’estocade. Ooooooooooh… je me meurtris la main, je vais avoir un bleu. Miracle, rien de plus ne se passe.

Car sauvée par le gong. La voix impersonnelle annonce l’arrivée à destination. Je file doux le long du quai, ma pote est là, on progresse gentiment vers un verre de Coca salvateur sur une terrasse le long du lac.

En fait, c’est curieux, mais si j’avais été plus près d’un endroit discret, si j’avais été chez moi, je n’aurais pas autant lutté, et à égales quantité et qualité de symptômes, je me serais laissée aller.

 

Mais pour avoir tenu la cuvette à nombre de patients en délicatesse avec leur estomac, je sais ce que vaut l‘aune du spectacle… Voir souffrir quelqu’un qui s’est cogné, ou endure un malaise quelconque, nous met dans une position d’impuissance. Mais les manifestations du système digestif, par n’importe quel bout que ça se passe, on dirait que c’est le tabou ultime. Je trouverais logique qu’un tabou se forme autour d’un comportement délibéré, mais s’il y a quelque chose qu’on ne contrôle pas, c’est bien sa tuyauterie.  J’imagine que tout ça renvoie à un moment de la vie, vulnérable entre tous : bébé à nourrir, à faire roter, qui rejette le trop-plein, ne contrôle pas ses sphincters. En fait on atteint là le reproche de manque de sang-froid, du niveau de contrôle de soi que l'adulte est censé atteindre, quelque part.

 

Bref, une construction de l‘esprit aussi idiote que ce dont nous discutons par hasard avec ma pote : le code d’honneur asiatique, qui fait que si votre interlocuteur est plus âgé que vous et qu’il ne comprend pas ce que vous lui expliquez, c’est votre faute à vous…  Et le tiraillement impossible à résoudre entre deux mondes et deux logiques qui s’affrontent, quand un collaborateur fait tampon entre la culture de ses origines et celle dans laquelle il se trouve transplanté.

Les normes à la con, quoi. Aaaah, je me sens pas d'humeur à rembrayer là-dessus, ça me fait chier.

  

Oh, "chier"... encore le digestif. En francophonie, on jure beaucoup en-dessous de la ceinture, devant et derrière. Ce qui ne touche pas du tout nos cousins de la Belle Province - je trouve leurs "calice", "ciboire-hostie", et autres "tabernacle" assez mélodieux, mais jamais je n'ai réussi à en aligner trois de suite sans que les québécois présents ne me fassent les gros yeux, fussent-ils les derniers des rebelles... 

 

Bon. Finalement, ma journée s’est terminée devant un magret au pamplemousse et des patates rôties, après un apéro prolongé, campari-orange et prosecco.

 

On oublie vite, ma bonne dame, on oublie vite.

 

 

 

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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 09:27

 

 

Zorro vers 5 heures du mataguin débarque, le poil humide, le miaulement bref et unique.

Késsaco ?

Une nouvelle victime ?  Pas de bruit, de furetage éperdu ni de course-poursuite, ni d’appels répétés… ce n’est pas ça.

Un nouveau trophée ? Pas en évidence, en tous cas. Bon d’accord je suis si miro que c’est à en pleurer, mais rien à l’horizon, aux endroits habituels… pas de souriceau, de moineau, de chauve-souris.

 

Je me rendors d’ailleurs, après un bref câlin à mon poteau velu.

 

Ce n’est que bien plus tard, après le café et le journal que je m’aperçois que Zorro a ramené dix centimètres de saucisson sec, mordillé de partout, qui a dû résister à ses assauts. Ce butin récalcitrant est abandonné au voisinage de ses diverses gamelles, Zorro pionce allégrement sur un de ses improbables nichoirs, en l’occurrence un sac en coton renforcé qui doit aller chez le cordonnier se faire recoudre.

Il a comme ça des endroits préférentiels ; un tas de linge propre dans la corbeille à lessive, ma valise qui reste ouverte, vide et à disposition depuis trois mois dans un petit coin du hall d’entrée. Je pensais que les chats aimaient les perchoirs, ou les couvertures moelleuses… rien de ce que je lui prépare ne lui convient vraiment. Mettons que mon petit guignol préfère les endroits où il peut se sentir un peu comprimé, cadré, sécurisé. Et ne dédaigne pas, à l’occasion de journées plus chaudes, d’élire domicile dans le lavabo en faïence.

Mais plus que tout, lorsqu’il a envie d’être à mon voisinage, de venir se carrer contre ma cuisse ou mon genou, sur le lit-divan, mais toujours sur le duvet. Il n’a pas fini de me surprendre : l’autre jour, j’avais deux duvets de couleurs différentes, il donnait de prudents coups de pattes sur celui des deux qui le déroutait, pour tester la réactivité de ce potentiel ennemi je pense… Bref, pas moyen de le faire se coucher avant d’avoir réarrangé l’endroit de manière monochrome.

On se livre les deux à une sorte de course-poursuite lente, reptatoire, moi m’ingéniant à retrouver un peu de mobilité en me retournant et en m’éloignant, lui en s’étalant et en recherchant le contact… je me retrouve de guingois, acculée vers le mur. Alors j’empoigne le duvet pour le faire glisser vers la place disponible, ce qui la plupart du temps le fait se lever et s’éloigner avec ce que je suppose être une indignation offensée ; pour revenir en suite s’étaler à nouveau contre moi. Il tâte d’ailleurs le duvet à la recherche d’une partie de ma jambe qui lui convienne, s’appuie lourdement dessus pour se laisser tomber ensuite comme un sac de patates. Et c’est reparti pour la gloire, après un bout de toilette ou pas, c’est selon.

Parfois son arrivée s’accompagne d’un rituel qu’il ne pourra satisfaire que si je suis allongée à la Récamier : monter sur ma hanche, pour être câliné et étrillé. Parfois il y élit domicile, jusqu’à ce qu’il se mette en quelque sorte à en dégouliner, les pattes, le postérieur ou de la tête glissant doucement vers le lit de part et d’autre.

 

Le soleil se couche, ciel jaune et nuages plombés. Atmosphère un peu soufrée, diabolique.

Fin du monde prévue pour dans 5 mois. Ce que j’en dis ? Hi hi, pas besoin de bosser jusqu’à la retraite…

 

 

 

 

 

 

 

 

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 10:39

 

 

Il y a quelques jours, je trouve sur mon répondeur un message d’un de mes clients – au fait vous ai-je déjà dit que je tenais boutique d’écrivain public ? Voilà, c’est fait, si non.

Le livre que nous concoctons depuis plus d’une année va être publié, le contrat est signé ; aucune correction sur le tapuscrit, et  c’est tant mieux, j’avais eu tant de peine à juguler ma propre expression pour laisser place au discours d’un autre que je sens mon effort récompensé au maximum.

Et puis le sujet, l’abus de pouvoir, ça me tenait à cœur. Un besoin éperdu de justice me met à l’affût de tout ce qui ne respecte pas un cadre qui m’est donné comme aux autres,; paradoxalement, j’irais jusqu’à dire que si l’on veut tricher, il faut être assez sûr de son coup pour ne pas se faire prendre.

Comme dit la psy, cherchez la justesse plutôt que la justice, car si vous attendez réparation, vous pouvez toujours courir. Et en effet, je m’épuise un peu, dans ma quête d’authenticité,  à souhaiter qu’il en soit de même tout le temps et partout.

 

C’était aussi une belle leçon d’œcuménisme : le monsieur est pasteur, et si nous n’avons pas les mêmes croyances, je me suis aperçue que nous nous comprenions parfaitement concernant beaucoup de nos valeurs respectives.

Il est facile d’écrire pour soi, mais prêter sa plume pour écrire un mot, c’est une gymnastique de l’esprit assez prenante : comment faire pour ne pas trahir la pensée, comment éviter de détourner le fond en pensant seulement remanier la forme ?

L’exercice de la biographie est très différent de l’écriture d’un courrier ponctuel à une administration ou une gérance, car en ce cas il s’agit d’un langage assez codifié, et le travail se résume à enfiler comme des perles logiques des phrases presque construites, mais dans le bon ordre ; et à épurer au maximum pour aller droit au but, tant les personnes qui font appel à un écrivain public sont parfois simplement débordées par leur désir de s’épancher ou même leur colère – avec le manque d'exercice en la matière, l'autre majeure raison pour laquelle ils ne peuvent mener à bien eux-mêmes le travail d'écriture.

L’autre versant indispensable de ma tâche est de conseiller sur la manière de faire, d'informer sur le déroulement probable des événements et des réponses, le ré-aiguillage sur diverses instances juridiques – juge informateur, tribunal des baux, prud’hommes, consultation sociale municipale. Il m’est arrivé de mettre fin prématurément à une consultation en disant mon impuissance à écrire une quelconque lettre, tout en donnant les coordonnées d’un service mieux adapté à la situation, et sans rien faire payer devant la détresse évidente de la personne.

J’ai récemment rencontré un quinquagénaire miné par des nuits d’insomnies, à la droiture de toujours et 40 ans de conduite sans accident aucun, malmenées par un rapport de police tendancieux : en pensant obtenir justice, le voilà qui se retrouve avec une amende cossue, et tirant au final de l’épisode la cuisante leçon d’apprendre à se taire et à filer sans demander son reste même si l’on est dans son bon droit. Lors d’une manœuvre de dépassement  plus que hasardeuse, un camionneur l’avait indirectement envoyé dans le fossé : un réflexe de conducteur aguerri avait évité le contact entre véhicules donc l’accident, et son geste salvateur était transformé par la magie policière en une perte de maîtrise du véhicule… Avant d’obtenir de quoi poser parfois 20 lignes pas plus, il y a eu un gros travail d’écoute et de quittance, pour en extraire les formules susceptibles de déclencher chez le préfet l’indulgence qui évitera le retrait de permis. En épluchant le document de la maréchaussée, je voyais la trace des heures que mon client avait consacrées à surligner au stabiloboss les incohérences du texte, me mâchant le travail à accomplir pour informer son avocate des points à défendre. Il était clair qu’à la fin de notre entrevue, il allait simplement pouvoir poser un fardeau qui lui minait le moral depuis des mois. Rien que ça, j'aime assez.

 

Parenthèse : alors que j’écris tranquillement sur mon balcon – mon petit délice de début de journée, qui me donne à la belle saison l’impression d’être un peu en vacances même quand je n’y suis pas - j’entends que nous avons à nouveau la visite du joueur d’orgue de Barbarie des beaux jours, avec son singe en peluche ganguillé sur l’instrument.

« La Paloma adieueueueueueue », « E viiiiivaaaaaa Espanaaaaaa », quelques petits tours et puis s’en va, non sans avoir déclenché le coup de klaxon d’un conducteur de grosse berline au parcage hasardeux.

 

Je disais donc… ah oui, l’écrivain public.  J’entends des histoires dramatiques, dont le début me sidère : comment un gosse burkinabé jeté à la rue chez lui à 12 ans et sans un kopeck, bouffant racines et poisson pêché par ses soins, se retrouve, par ses propres moyens et sa bonne étoile, établi et marié en Suisse trente ans plus tard. Il pourrait encore être au bord d’une route poussiéreuse avec trois outils de fortune, réparant des bicyclettes ici et là.

Je ne vais pas vous jouer le couplet à la mode, genre « Ah dis donc qu’est-ce qu’on a de la chance d’être citoyen d’un des pays les plus riches et les mieux équipés du monde… ». Faut pas croire que c’est forcément Pays de Cocagne, le Quart-Monde commence à quelques quartiers de chez moi - et je n’ai même pas envie d’entrer dans un débat à la con dont je connais trop bien les prémisses…  Ici, on a peut-être et surtout juste la chance de pouvoir entrer dans des moments d’échanges privilégiés avec nos gosses, sans passer par la case « Mange ta soupe, elle ferait trois repas à un biafrais ».

 

C’est en somme avec ce rôle d’écrivain public que je peux étancher ma soif de justesse, justement. J’aide à solder des comptes, moraux la plupart du temps… et ça me fait du bien. J’avais pas prévu du tout ce pan de ma vie, ça s’est enchaîné, ça a mûri dans l’ombre.

Ça me botte, oh oui.

  

 

 

 

 

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 10:53

 

 

Hier soir je regarde un documentaire sur le Siècle des Lumières, on y cause entre autres de Newton et de la loi de la gravitation universelle.

Universelle, nom d’un chien. Sensation d’uppercut, en voyant en même temps une classe de mômes reproduire le système planétaire qui est le nôtre, les uns orbitant en tournant sur eux-mêmes, alors que la fillette qui figure le soleil tourne sur elle-même… Nom d’un chien, nom de nom : le soleil est en rotation ?

 

Ben oui  ma fille, è pur si muove, lui aussi.

Et en 27 jours environ.

En plus, il se déplace sur son orbite… à 217 km par seconde… autour de quoi, de quel ensemble, je cherche encore à bien comprendre ça, mais en « tombant »  vers la constellation de la Vierge, ça, j’ai capté.

Vingt Diou, je découvre ça seulement maintenant…  Enfin, je le redécouvre, car ça tombait sous le sens. Mais pour une obscure raison, ce qui est sous notre nez, c’est comme s’il n’y avait pas à en discuter. Une espèce d’acte de foi ?

Ca me fait penser à ces quelques moments vécus avec mes neveux, nés pour ainsi dire avec une souris dans la main, et qui me regardaient comme une brave idiote quand je percutais sur ce qui leur paraît des évidences en informatique. De fil en aiguille, je repense à mes profs d’informatique dont le regard trahissait la pensée : Clémentine vient de découvrir l’œuf de Colomb… lorsque par exemple je réalisais enfin comment marchait la technologie RSS. Ils avaient l’art de me faire sentir comme une crétine, à force de me dire que si je ne savais pas comment faire ceci ou cela sous Word ou Excel, je n’avais qu’à demander à l’ordinateur, en cliquant sur le point d’interrogation de la barre des tâches. Et là, la moutarde de Meaux me montait au nez, car, MM. les informaticiens, cela revenait à me dire de poser une question dans une langue que je ne connaissais pas : un système de ressources créé pour que seuls les initiés s’y retrouvent, c’est quand même un peu space…

 

Voilà voilà, fin de la digression.

 

Je disais donc.

Le soleil, la seule étoile que nous ne puissions observer la nuit. Ça, ça m’en mastique une fissure, tiens.

 

En toute logique, l’univers tournoie sur lui-même… et autour d’autre chose.

 

Quoi ?

 

Vous je sais pas, mais moi ça me met un agréable vertige, j’en deviendrais presque croyante, en quoi, je ne sais pas non plus.

 

Disons que je sens comme un respect silencieux m’envahir, devant quelque chose de si vaste, d’incroyable mais vrai, que je ne peux que l’accepter.

 

Dans une prochaine vie, je voudrais être intelligente en maths, et faire des études d’astrophysique, bosser au CERN et préparer des mois durant une expérience dans l’anneau, pour m’extasier sur la presque preuve de l’existence de particules infimes qui ne changeraient rien directement à mes soucis de vésicule biliaire fantôme, mais m’en distrairaient. Au moins.

Je voudrais bosser avec Hubert Reeves… ou quelqu’un de cet acabit.

 

Pour le moment, je profite des 10 jours de repos que mon programme m’accorde. Il ne fait pas trop chaud, comme samedi (le ventilateur a tourné toute la nuit à faible régime), je vais pouvoir m’occuper de mon chez-moi ; du désordre, de la poussière, d’évacuer tout ce que Zorro me ramène sous ses pattes de ses vadrouilles nocturnes : graviers, terre fine, plumes des oiseaux qu’il trucide régulièrement et vient déposer à mes pieds avec force petits cris fiers… Quand l’orage a pété ce week-end, par deux fois il est venu se coller dos à dos avec moi, ça me réveillait en sursaut de sentir son poil froid et mouillé contre ma peau.

 

Bon.  Je vais arrêter, parce que je sens que je vais partir dans des tirades à l’Ecclésiaste, vanitas vanitatum, et qu’est-ce que je fous sur cette terre.

 

En attendant de ne pas recevoir de réponse à cette question, je file faire la vaisselle, déjà.

 

 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 10:47

Chez moi, on a récemment voté sur le fait d'admettre ou pas EXIT dans les murs des établissements médico-sociaux, pour que les résidents puissent bénéficier de ce service de l'aide au suicide.

Gros tollé dans la presse, entre autres, ces dernières semaines.

 

On évoque et fustige un esprit démissionnaire, on y glorifie les soins palliatifs. Bref, on oublie juste de reconsidérer le tabou de base : le suicide.

 

Une valeur de la société où nous vivons, ni plus ni moins. Un interdit social, plus fort que l’idée de l‘attentat contre Dieu… On enferme les suicidaires en invoquant qu’ils sont dangereux pour eux-mêmes ; mais je crois que l’on ne fait que limiter la toute-puissance que chacun a, naturellement, sur sa propre existence. Pourquoi ? Par jalousie peut-être… par égoïsme, en pensant à la souffrance que ce geste nous causerait.

De quoi je me mêle, d’abord…

 

Bref. L’interdit du meurtre est déjà si prégnant que je peux comprendre, si je puis dire, l’incompréhension devant la volonté de se supprimer. Et je ne parle pas du tentamen, cet appel à l’aide déguisé en suicide.

 

Un tabou est par définition ce dont on ne parle pas. Si l’on n’en parle pas, comment évoluer et avancer… c’est peut-être justement ça, le problème : imposer silence sur un sujet semble le meilleur moyen de faire du sur-place.

 

Parlons-en.

 

De quel droit quiconque aurait-il la mainmise sur les décisions intimes et personnelles d’autrui ? Quand une soirée a battu son plein, que l’ambiance s’éteint, vous et moi sommes libres, absolument, de partir. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour le fait de quitter la vie ? Et comment se fait-il que certains d’entre nous se retrouvent comme garants que le problème ne soit même pas abordé ?

 

 

Je veux parler de la toute-puissance larvée du soignant.

 

Après un parcours d’infirmière, parcours multiforme et de plus de trente ans, largement imprégné de soins palliatifs et d’une réflexion obligée sur le projet de vie des bénéficiaires de soins pouvant inclure un projet de mort, voilà ce que m’inspirent certains argumentaires lus dans la presse, sur la votation prochaine.

Sous des apparences honorables et bien considérées en société, présentant la façade inattaquable de l’altruisme, tout soignant risque de se retrouver en position d’abuser d’un pouvoir sur la trajectoire d’autrui, pouvoir qui lui est accidentellement échu. Insoupçonnable blouse blanche…

 

Le soignant côtoyant au quotidien la souffrance sous toutes ses formes peut confusément souhaiter voler au-secours de sa propre part d’ombre et de douleur intime, risquant ainsi de mettre ses propres intérêts en concurrence avec ceux des personnes qu’il prend en charge.

 

Partout où j’ai travaillé, entre nous, nous nous demandions « Qui soigne qui ? ». Et entre formatrices, nous évoquons souvent l’angélisme rencontré lors des entretiens de candidature à la formation de soignant, quand les personnes semblent avoir du monde des soins une représentation bisounoursienne.

 

Je me dis alors que le travail majeur à mener pour l’individu accepté en formation va être de redescendre sur terre, simplement ; et de prendre conscience qu’un travail d’écoute – la tarte à la crème de la corporation ! – est avant tout un énorme effort pour ne pas plaquer ses propres représentations et ses valeurs sur les confidences des bénéficiaires de soins.

 

Surtout quand je vois combien le simple travail de validation et de quittance de ce qui nous est dit est difficile, ardu et laborieux ! La bonne volonté et la gentillesse ne font pas nécessairement de quelqu’un une personne apte à mettre ses propres douleurs de côté. C’est pourtant bien là que se situe l’os à ronger.

 

Que dire alors quand le prétexte de l’attachement aux résidents est mis en avant pour fermer la port à la simple possibilité de tolérer dans les murs des établissements médico-sociaux l’intervention d’une équipe, réclamée par un bénéficiaire de soins auquel manquent simplement les moyens de s’en aller… au propre comme au figuré ?

 

C’est une question d’éthique, et de ne pas confondre son univers professionnel  avec son univers privé.

 

Les soignants sont potentiellement les gardiens d’une prison si subtile qu’elle en devient irréprochable… mais une prison  quand même.

 

 

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 19:34

 

 

Hier soir, souper de départ d’une collègue.

Entrée fine et folle : crevettes au gril et fonds d’artichauts tendres, sur salade variée salée-sucrée. Suivie d’un risotto onctueux avec légumes croquants et de scaloppine au citron. Un petit vin de Sicile par-dessus…

Le tout m’a permis d’apprécier une soirée en l’absence de mes collègues préférées, retenues, c’est selon, par un agenda débordant, une migraine tenace – ou les deux.

 

Il me restait celles que je trouve les plus politiquement correctes, celles qui m’offrent une attitude  condescendante de tolérance lorsque je m’esclaffe à de l'humour léger et situé sous la ceinture ... comme devant la vidéo d’un pseudo-strip-tease mettant en scène un beau métis brésilien, effeuillant l’emballage-cadeau autour de son bas-ventre, découvrant un slip de Noël de marque, rouge à liséré de fourrure blanche.

Celles qui ne relèvent pas, la mine neutre, quand je dis que « ça chie dans la colle », pour exprimer mon ras-le-bol devant le sixième entretien de candidature en dix jours avec une ou un candidat envoyé par le chômedu malgré un niveau de français qui à l’évidence lui interdit l’entrée en formation… alors que je rame pour qu’une bécasse de presque-certifiée qui s’est mise dans la merde en trichant bêtement sur ses présences en stage ait une occasion de se racheter… and so on.

Bref, il m’a manqué la complicité de celles avec lesquelles je partage volontiers des moments de loisirs, en particulier une miss qui sous des dehors très policés et discrets, peut s’écrouler de rire quand je me lâche.

 

L’alcool aidant, j’ai pourtant raconté mes histoires et anecdotes préférées : celles qui se situent en-dessous du nombril, devant et derrière; celles qui aident à endurer les pires situations. Vous nettoyez de la merde ? Parlez-en, forcez le trait : en rire ne l’élimine pas mais permet de la supporter.

Longtemps je suis restée un peu honteuse par rapport à ce type d’humour scato-touche-pipi, et puis une jour une amie m’a mis dans les mains le livre de Clarissa Pinkola Estés, « Femmes qui courent avec les loups ».

Encensé par une certaine critique féministe à sa parution, son aura de bible-à-religion-du caractère-sacré-de-la-femme m’a gênée aux entournures. Je l’utilise pour ma part quand je sens que je bute dans mon évolution sur quelque chose que je dois comprendre, en lien avec le fait que je suis de genre XX, élevée et considérée comme telle. Les différents chapitres parlent des étapes successives de la vie d’une femme, règles, fécondité, projection et re-projection de la petite fille/adulte dans le futur qu’on lui dessine, etc.

 

Je ne l’ai pas encore fini, du coup ! même si je l’ai depuis 20 ans.

Pourtant, je reviens régulièrement au chapitre où il est question de Baubô, la déesse des rires obscènes ; celle qui parle avec son cul, car sa tête se trouve à la place.

 

C’est elle qui réussit enfin à dérider Déméter, déesse des moissons, alors que celle-ci errait désespérée après que sa fille Perséphone ait été enlevée par Hadès, dieu des Enfers. Déméter parcourait la terre depuis neuf jours en hurlant son chagrin, sous la forme d’une vieille femme, à la recherche d’une faille qui lui permettrait de tirer sa fille des entrailles de la terre. Elle négligeait les récoltes pourtant cruciales pour la survie des hommes, et les dieux à bout de ressources finirent par lui envoyer Baubô, divinité inférieure, grotesque, trimballant ses rondeurs sautillantes. Elle montra son sexe à Déméter, pour que celle-ci puisse voir et entendre ce que sa bouche d’en-bas proférait comme joyeuses insanités. Elle le faisait avec tant de vie et de joie que la mère accablée finit par rire elle aussi, réveillant de la sorte espoir et fertilité, redonnant aux hommes l’allant pour glaner les fruits du sol.

 

Aucune tristesse ne peut résister à l’élan de cet humour pourtant si souvent décrié, alors qu’il n’est que lâchage des barrières, source des fous-rires les plus puissants que je connaisse.

 

Humour gras, mon salvateur. 

 

 

 

 

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 15:36

Lourson vient d’avoir 40 ans, Lourson se pose des questions…  et il me demande ça :

« Quel est le chemin de ta vie ? Cela de ta naissance, jusqu'à aujourd'hui et encore jusqu'à la fin de ta vie. »

 

Ah là là Lourson, tu m’en poses, des questions !

 

Mon chemin de vie. Mmmh.

Ben comme ça, brut de décoffrage, cette fois-ci je pense que je suis là pour apprendre la différenciation, sortir de la fusion… quitte à ce que le prix à en payer soit la solitude. Qui finit d’ailleurs par me devenir nécessaire - peut-être même que j’ai toujours été comme ça, mais que je ne voulais pas qu’il soit dit, pour rester en paix avec mon entourage.

Tiens, justement, je sors d'une semaine de séminaire sur la gestion des conflits et la formation des groupes... et je me suis ingéniée à manifester de suite mon individualité, suite à l'entrée en matière quasi-immédiate d'un lourdaud qui voulait absolument me faire la bise d'entrée de jeu, puis m'a asticotée sur mon refus droit direct au premier debriefing... j'ai été récompensée au 4ème jour par la quittance des deux accompagnateurs: la différenciation, c'est ce qui fait la richesse des échanges.

Terrible semaine: je vis mes contacts avec mes frères humains de manière si intense que me calfeutrer chez moi trois jours par semaine devient une nécessité - comme formatrice, je me décrirais en Grand Guignol, face de shamallow, je gesticule, je me déplace pour appuyer mon propos… je sors du cours en nage, et hilare, très souvent. Ca me nourrit, ça me fait du bien. Et j’ai besoin ensuite d’être seule, physiquement parlant : pendant ces jours-là, je démultiplie les contacts sur internet, par contre.

 

Je dirais que mon chemin de vie, c’est aussi de sortir du rôle dévolu aux femmes, enfin je veux dire, qui semblait normal à suivre pour une femme lorsque j’étais adolescente - et pour lequel on m’a quand même préparée. Quoi que je dise, quoi que je fasse, c’est comme une ritournelle qui revenait encore et encore : en quoi ce que je projetais de faire allait m’être utile pour être épouse, mère, et caetera.

Et c’était perceptible comme message principal même si l’on acceptait quelques incongruités dans le paysage : la cuisine ne m’intéressait pas, j’étais avide de sensations fortes, j’aimais bricoler… ce qu’on me tolérait car j’étais arrivée à la place du garçon attendu – mon père, je crois, était fier d’avoir une fille aventureuse, dans le fonds, qui se fichait pas mal d’avoir quelques bleus, les cheveux en bataille et un look androgyne.

Ma mère avait pu reprendre ses études quand nous étions entrées à l’école ma sœur et moi, passer son bac du soir et aller assez loin dans ses études de droit ; mais mon père lui avait dit que c’était à condition que la vie de famille n’en souffre pas – c’était pas gagné de suivre sa propre voie sans être au service des autres, pour une femme de sa génération. Alors que ses copines de fac n’avaient que dix ans de moins, et recevaient, elles, campo pour vivre leur vie, pour la plupart.

Bref, j’ai eu à finir de faire la trace de la liberté malgré mon sexe. Et comme je suis de nature un peu âpre, le ton a suivi, et je peux dire que cela a été au prix de passer pour une chieuse. Alors que la même liberté de ton chez un garçon et un homme, c’est « savoir ce qu’on veut », une fille qui refuse de s’adapter aux besoins de son entourage - surtout masculin – reçoit le message de ne pas s’étonner si elle ne trouve pas de compagnon… Comme une sorte de chantage social, et je ne saurais pas l’expliquer mieux, en tous cas pour le moment.

 

Un autre aspect de ce même chemin de vie est en rapport avec ma profession première. Je ne l’ai pas choisie parce qu’elle m’attirait, mais parce qu’elle représentait un ticket de survie et d’indépendance face à une famille explosée et devenue peu accueillante. Alors que mon projet d'études initial devenait un poids plus qu’autre chose, la perspective d’être rémunérée pendant trois ans passés à devenir infirmière a été le déclic majeur de ma décision.

Alors que ce boulot déchaîne les remarques sur la vocation et autres conneries d’images d’Epinal, je me suis fait un devoir de détromper quiconque cherchait à venir me pomper l‘air avec ses propres problèmes. Je tirais aussi une certaine fierté d’avoir une vie privée pleine de personnes et d’endroits marginaux notoires, contrastant avec la blouse blanche et le badge d’élève-soignante.

 

Voilà, Lourson, je ne sais pas si j’ai répondu à ta question, tu comprendras pourtant certainement pourquoi j’ai mis tant d’énergie à vouloir te détromper sur la personne que tu semblais imaginer dans tes propos, lorsque notre histoire se bâtissait.

 

Maintenant, tu es le bienvenu si d’aventure tu me prenais pour témoin de ce qui est en devenir chez toi, de ce que tu pressens toi-même pour la suite – car ta question de départ, je sais qu’elle s’adresse autant à toi qu’à moi.  

 

Raconte...  tiens-moi au courant, c'est un moment pour baisser les voiles, le temps de décider de la direction qu'on souhaite prendre, après s'être laissé porter par les événements. Un moment pour reprendre son sextant, son compas, et ouvrir les possibilités de tailler d'autres routes.

 

Et vogue, sur la belle mer salée, quitte à se prendre encore quelques embruns en gueule - ça réveille!

 

Et... bon anniversaire encore une fois, ma peluche.

 

 

 

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 00:41

     Les perce-neiges se dessèchent, alors que le lilas bourgeonne; l'arbre à tulipes commence à fleurir (le magnolia derrière chez moi), et les vraies tulipes du fleuriste sentent le poivre léger.

 

 

Je suis un peu morose, là… Mickey a fini par s’épuiser des jeux de Zorro, il était toujours dans l’appartement, alors que je le pensais échappé. Probablement affamé, il a dû sortir le bout du nez en quête de nourriture : je l’ai retrouvé parce que Zorro était visiblement en traque, et que le riquiqui restait immobile à terre.

 

Oh, j’ai bien essayé de l’installer dans un douillet petit cocon d’ouate, avec de quoi se refaire des forces, des graines et de l’eau ; hors de portée du chat, bien sûr.

Il était visiblement choqué, tremblotant. Il s’endormait parfois, sursautant quand je le touchais doucement pour voir où il en était, un peu plus réactif, se défendant après quelques heures… Après une demi-journée et une soirée où il semblait repiquer, et une nuit tranquille, je le voyais bien capable de repartir comme en quarante au matin. Las: il a piqué une crise de panique, a sauté au-dehors de son nid, atterri sur le bord  froid de la baignoire, couché sur la catelle. Je l’ai remis dans l’ouate, allongé sur le côté ; et je l’ai retrouvé dans la même position en rentrant du travail.

Voilà Mickey, t’as mis les voiles, j’aurais essayé. Que tu étais trognon, la petite boule douce, avec tes grandes oreilles rondes et tes petits yeux en amande, perché sur mes affaires, furetant de tes moustaches minuscules. Que tu m’as fait rire, apparaissant tout d’un coup sous mon nez, perché sur l’ordinateur… faisant fi de mon grand couillon de katz!

 

Il me reste d’avoir eu ces moments privilégiés, à rire sous cape du spectacle offert par le hasard : faut profiter de ces moments-là, c’est rare. Je les cultive le plus possible...

 

      Je suis allée ce matin faire passer un examen sur le terrain dans un home : moment privilégié avec un des chats de la maison, tigré gris et miel…

Cet après-midi, passage chez la manucure ; son boxer nain noir comme l’enfer, Nell, une vraie tronche de cake, m’adopte enfin (6ème séance) en s’asseyant sur mes pieds pour mieux profiter de mes gratouilles. Il paraît que c’est rare, je me sens choisie.

 

      Quand j’étais môme, je passais mes vacances d’été dans un chalet de montagne, à côté d’une chèvrerie. Ah les biquettes pas farouches, leurs beaux yeux aux pupilles rectangulaires, leurs léchouilles nerveuses… Je m’asseyais sur le muret de pierres sèches devant le jardin : elles montaient se ganguiller là-dessus, et se trouvaient alors à hauteur de mon visage. J’avais chaud, elles aimaient la sueur salée, je me marrais tout bas sous leur coups de langue, pensant à un film avec Fernandel au temps de François 1er ; ah, son rire homérique toutes chagnottes dehors, torturé par une chèvre qui lui chatouillait ainsi les orteils enduits de gros sel!

 

     Avec les perroquets aussi, j’ai une histoire de séduction. Le premier, un ara en pension chez des amis ; trois jours pour apprivoiser le bel emplumé, jusqu’à me promener avec lui sur mon épaule. En voyage au Mexique, je croise un cacatoès et un gris du Gabon en cage – une heure de patience avant de pouvoir leur prodiguer des câlins sur le cou, la tête renversée de côté et les yeux mi-clos, la huppe ou les plumes redressées. Comme une faveur qu’ils m’accordaient, après m’avoir accueillie à coups de bec sur les doigts ; et forte de cette expérience, arriver plus vite à mettre en confiance un autre gris du Gabon croisé chez une cliente.

 

Quel que soit l’animal, les paroles comme des mélodies de mots en cascade, pour établir le contact. Offrir les mains pour voir si mon odeur leur convient, guetter ce qui leur botte comme caresses, pour en proposer plus encore.

 

Mon rêve : les singes, les éléphants. Dauphins, pourquoi pas ? Mais pas en priorité.

 

Les hommes, aussi, peut-être, une fois…

 

 


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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 13:54

 

Je fuis la cohabitation avec les humains.

 

Un temps, j’ai vécu la colocation, dans le sens qu’il me suffisait de savoir que dans les autres chambres de la maison vivaient des personnes que je pouvais croiser le temps d’une soirée si le cœur m’en disait. A présent, j’apprécie trop ma solitude, de pouvoir larguer mes vêtements passée la porte de mon appart’, de marmonner comme une sorcière et de ne vivre qu’à mon rythme.

 

Là, je fatigue de devoir rappeler à ma voisine du dessus que le fait d’estimer qu’elle fait ce qu’elle veut chez elle jusqu’à 22 00 ne la dispense pas de penser en termes de bon voisinage, lorsqu’elle veut écouter de la musique en-dessus d’un certain nombre de décibels.  J’ai pris mon parti de vivre en-dessous de ce jeune éléphant, qui doit larguer ses chaussures de deux mètres de haut en rentrant de boîte vers les minuits en semaine, vers les deux heures le week-end…

Ce qui me gonfle dans mon voisinage également : la poussette qui voyage le long des boîtes aux lettres, une autre voisine qui descend les escaliers à 6 30 le matin en talons sonnants, les lessives qui passent sur essorage après 22 00 (toute la maison en tremble, mon lit avance tout seul vers le milieu de la pièce…), enfin bref, tout ce qui fait que je laisse des billets à la concierge pour qu’elle fasse respecter ce qu’elle est censée faire respecter; ou sur la porte d’entrée de l’immeuble avant de lui écrire, de guerre lasse…

 

La vie avec un chat me convient bien, par contre.

 

 

Toute môme, j’ai vu arriver le tigré qui vécut 20 ans avec nous : j’ai appris de mon père la sieste avec une boule de poils pelotonnée contre soi, ou un peu plus loin, ou avec la main posée sur elle. L’apaisement que cela procure est difficile à décrire : pour peu que le chat se mette à ronronner, on a droit à une berceuse très efficace.

 

Zorro ronronne assez discrètement. Zorro aime ma compagnie, j’aime la sienne, on est paisibles… Nous avons développé une communication particulière : je lui parle, je lui roucoule des choses, il m’imite dans ses miaulements, et même ses mimiques quand il ouvre la gueule sans qu’un son en sorte. Nous avons des codes silencieux, des complicités, différentes sortes de câlins : de tête quand nous sommes à la même altitude, de mains et de pieds quand je le croise au milieu de la nuit – il vient presque se jucher sur mes arpions, collant son flanc contre ma jambe, appréciant le pétrissage que je lui prodigue. Ou alors il débarque trempé comme une soupe, pour se faire étriller au papier de ménage qu’il adore. La véto m’a dit l’autre jour qu’il avait un poil superbe, je pense que c’est autant de vivre en câlins que la bouffe que je lui prodigue : si l’ordinaire est fait de croquettes, il a souvent un petit bout de ce que je mange, jambon et Cie, bien sûr, mais aussi des choses plus inattendues, comme le fromage frais et fait, les plats épicés, la glace. le pain. Sa curiosité alimentaire me met en joie.

 

J’aime aussi nous retrouver, quand chacun a eu sa dose de distance ; nos salutations brèves, pour retourner chacun à nos occupations. Le chat est un être qui oscille sans arrêt entre le fusionnel et le fissionnel : s’il ne veut pas venir à vous, vous pouvez toujours vous brosser. Il se respecte, et j‘aime les êtres qui sont à l’écoute d’eux-mêmes. Il choisit ma compagnie par envie, pas par besoin.

 

Avec chaque chat qui a partagé mon quotidien, la relation était aussi différente  qu’avec les différents hommes que j’ai côtoyés ; mais vivre sous le même toit avec  un homme qui veut quelque chose de la relation, plus que cette cohabitation tranquille, ça m’angoisse. A mon âge, ce serait de préparer la retraite… puisque ce ne serait plus pour me faire un enfant. Mais je le dis tout net: chacun ses chaussettes sales.

 

Bref, vivre avec un chat, c’est mon quotidien depuis toujours, même s’il y a eu des périodes « sans ». Chaque chat qui a habité sous mon toit, j’ai pu l’accueillir parce que pour celui-ci, celui-ci et celui-ci, j‘acceptais, au nom de la relation qu’on avait, de remplir des devoirs qui n’en étaient pas, au final : lui implanter une puce, le faire vacciner, le protéger contre les vers et les tiques, bref, lui assurer l’aisance de pouvoir aller et venir, et même de me quitter si l’envie lui en prenait. Avec parfois l’inquiétude et le pincement au cœur quand la bête ne réapparaissait pas pendant quelque temps, et tout le déchirement de me rendre à l’évidence qu’il avait dû mourir entretemps, quand il ne vivait pas ses derniers instants dans mes bras.

 

J’ai plus l’habitude des chats que des gens, voilà tout. Et puis… les chats sont moins compliqués, moins stressés, moins angoissés.

 

Là, juste un truc : Zorro copine avec un mulot qui a pris ses quartiers à la maison. Mieux que ça : ses aises ! Je le regarde aller et venir dans les petites bouffes que je lui laisse ici et là, faire son gymkhana entre l’emballage du beurre, trois miettes de pain et un bout de pomme…  Zorro le suit pas à pas, franquème ou razmoquette, mais l’observant plus que le chassant. Pourquoi, je ne sais pas, d’habitude, les souris ne font pas de vieux os ici. Le mulot est plus volumineux, peut-être qu'il se défend mieux? En tous cas, il est sacrément culotté, s’approche des moustaches du katz, grignote tranquillement devant son nez. Parfois détale quand il réalise que le chat est vraiment au-dessus de ses oreilles.  Au moment où Zorro fait mine de lui sauter dessus et que je me dis « cette fois, Mickey, t’es cuit», il casse son mouvement à mi-course : c’était juste pour le faire bouger… En terminant ces lignes, j'assiste même à une scène qui me fait hurler de rire: Mousli s'aventure sous le flanc de Zorro accroupi, qui fait un bond de surprise en arrière!  Je reprends cet article 20' plus tard: voilà le riquiqui qui s'est aventuré là où je suis étendue à regarder la téloche, mon PC ouvert à proximité: le mulot est juché sur la souris, tranquillou... Zorro qui sommeille juste à côté se réveille en sursaut, nez à nez avec Machinet, et les deux battent en retraite! Tom et Jerry, en somme.

 

A suivre… 


Mais au fait je voulais vous dire : les perce-neiges sont enfin dehors. Vieux motard que j’aimais !

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 20:59

 

 

     Semaine drue, pour le moins… et c’est pas fini : ce week-end est plus chargé que je ne l’aurais souhaité, heureusement que je n’ai à faire que des choses plaisantes : avancer dans la confection de mon étagère-bibliothèque en carton, et cuisiner.

Le neveu de 20 ans a en effet réclamé pour son anniversaire le menu que j’avais déjà concocté il y a deux ans pour la petite famille de six que nous formons. Me rappelais plus…

 

Il a donc fallu qu’il me décrive le menu dont il se souvenait : poulet ? Crevettes ?  Heu… tous les deux, mon capitaine, Merde, je suis pas plus avancée. Riz ? Nouilles ? Nouilles. Aaaah, voilà, d’accord : pad thaï. Bien vu, c’est le plat le plus compliqué et le plus délicieux de ma panoplie. Assorti d’un potage lait de coco et citron vert, là c’est plus facile de retrouver de quoi il s’agit.

 

     Donc, aujourd’hui, après trois heures de découpe au cutter et de rabotage à la lime de charpentier, dans des poses acrobatiques, je pars en marchant en crabe à l’épicerie sous-gare pour dévaliser ses frigos : cébettes, coriandre, limes, feuilles de citronnier, bulbes de galanga, piments rouges… nouilles de riz, cahouètes à griller, et quelques fruits exotiques pour faire un dessert frais.

Fruit du dragon - tout droit issu d’un manga, ce truc : enveloppe rose pétard à feuilles pointues verdies, chair blanche à points noirs qui se déloge comme d’un moule. Une mangue. Une goyave. Trois mini-bananes. Et un raton-laveur. Heuh non, pas de raton, mais une barquette de quatre étranges choses rondes et violet-brun de la taille d’une mandarine, présentant une collerette à la façon d’un kaki. Téki, toua ?

L’épicière vietnamienne me dit « Thâ, thê man-gous’-tan ». Ha, bon, mais dedans c’est comment ?

Ni une ni deux, elle en attrape un derrière son comptoir, qu’elle se réservait pour son quatre heures ; lui met un circulaire tour de couteau à l’équateur, le dévisse comme mon pot de crème de jour, dégageant d’une gangue luisante et prune ce qui ressemble au cul d’une tête d’ail. Fouchtra, qu’est-ce que ça peut bien goûter, ce truc ?

Elle pousse délicatement à l’équerre une des gousses blanches, je m’écrie " Oh on dirait un litchi ", elle me répond du tac au tac " Non-non, pas litchiiii ". C’est frais, indéfinissable, très agréable.

Mangoustan. Bon, OK, j’embarque ça avec moi. Attention les taches violettes, hein, terrible à enlever après, je suis prévenue.


Avant de partir on aura eu le temps d’échanger sur la chaleur (« Non-non, thê bou’ffées de thâleur, j’ai ménopauthe… »  et son absence de maquillage pour cause de traitement d’une allergie.

 

     Méson. Bonheur. Mettre les courses à l’abri. Un bain chaud huilé, et un anti-inflammatoire plus tard, regarder « Mot de passe »  sur la 2. Régaler le Zorro avec un chouya de jambon, le chahuter : 6 kilos 700 de raminagrobis, ça donne envie de lui masser les poignées d’amour et les jambonneaux arrières – à propos de chat, visez ça : http://www.youtube.com/watch?v=EHwu-H_KtfU&feature=player_embedded , non, c’est pas le mien, Zorro est noir avec bavette, bedon et chaussettes blanches…

Lire sur son blog que Siestacorta a enfin envie d’écrire, après des mois de silence inquiétant… il va, j’ose pas dire bien, mais il va.

 

     Demain, rebelote : meuble en carton, encore... mais pic-niquer à l’atelier car il fera moins beau. Rentrer, faire ma mise en place – car bien sûr, le souper se déroulera chez quelqu’un d’autre, donc préparer tout ce  qui est préparable, mettre en boîtes plastiques et déménager les victuailles et le wok, heureusement que l’on vient me chercher !

 

Je sais qu’ils vont à nouveau pleurer tellement c’est fin, la cuisine thaï… mais aussi parce que les amuse-gueules au wasabi, ça vaut un ramonage.

 

Et lundi, c’est reparti : remplacer au pied-levé une collègue qui s’est fracassé le plancher orbital lors d’une chute à ski… mardi congé, reposer le dos, aaaah, le pied….

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